Non, je ne le pense pas, si ce n’est chez des personnes qui se trompaient et refusaient d’écouter les rabbanim, comme ça a été le cas parfois.
Le Rav Tsion Duran, s’est étonné d’un minhag étrange qu’il a trouvé en Algérie, dans une banlieue de Constantine : aux Yamim Noraïm (Rosh Hashana et Yom Kippour), la Amida était récitée à voix haute, puis le ‘hazan la reprenait une seconde fois en tant que ‘hazara.
Le Rav Duran adressa une lettre à Rabbi Yossef Messas, qui lui répondit (en Tishri 5706, 1945) que ce n’est pas que dans sa ville, mais dans tout le pays (=l’Algérie) que ce Minhag étrange est répandu.
Et que lorsqu’il était venu lui-même pour prendre ses fonctions de rabbin à Tlemcen, il trouva ce Minhag étrange et questionna les personnes âgées de la communauté pour savoir de quand date cette habitude.
Ces dernières n’ont pas su le lui dire, mais ont précisé que le précédent rabbin (Rav ‘Haim Blia’h) s’y était opposé -sans succès.
Pourtant, une fois que la Amida a été récitée à voix haute une première fois, la seconde constitue de pures bénédictions en vain (Brakha Levatala).
Rav Messas a essayé de parler gentiment et calmement aux « meneurs » qu’il avait identifiés comme étant ceux qui pourraient s’opposer à son opposition au Minhag, mais rien n’y fit.
Comprenant qu’il risquait une ma’hloket, il abandonna la guerre et se donnant bonne conscience « j’ai fait ce que je pouvais faire ».
Il recommande la même attitude au rav Duran car il faut surtout éviter la ma’hloket.
Cette lettre du rav Messas est imprimée dans son Otsar Hamikhtavim (III, §1421).
L’ouvrage ne comportant pas une partie « épilogue », je ne sais pas si ce Rav Duran a réussi à annuler ce Minhag, ou si c’est un successeur qui s’en est chargé, ou encore, si ce Minhag a perduré jusqu’à la « fin du judaïsme en Algérie ».