Votre question date d'il y a bien longtemps, à l'époque je ne faisais pas partie du staff répondant et depuis que j'en fais partie, c'est la première fois que je tombe sur votre question, veuillez donc excuser le retard.
1) Pour la première question, la coutume des 3 heures (ou une heure) n'est pas acceptée chez les sfaradim (ni chez la majeure partie des ashkenazim).
Il conviendrait a priori d'attendre 6 heures.
2) Pour l'entrée du Shabbat, l'heure du calendrier est fixée à 18 minutes avant la shkia qui est l'heure officielle du shabbat.
Donc une femme comme un homme peut "mordre" sur ces 18 minutes.
On fera toutefois attention de laisser au moins une minute -en dehors du problème des montres pas exactement à l'heure, car il y a une mitsva de faire entrer le shabbat un peu avant l'heure (Tosséfet Shabbat).
Bien entendu, une femme comme un homme doit s'organiser pour pouvoir commencer son shabbat à l'heure du calendrier, à savoir 18 minutes avant la shkia et ne pas mordre sur le temps additionnel, mais en cas de besoin, c'est parfaitement licite, même pour une femme.
La différence qu'il peut y avoir entre hommes et femmes, c'est dans le cas où la femme a DÉJÀ allumé les Nérot de shabbat, dans ce cas, elle ne dispose plus des 18 minutes, car l'allumage vaut "acceptation" (Kabalat shabbat).
Donc concrètement, elle peut utiliser les 18 minutes (enfin les 17 minutes) tant qu'elle n'a pas allumé et fera très attention d'allumer nettement AVANT l'heure de la shkia.
3) De manière plus générale, les questions de cet ordre ne doivent pas empoisonner la vie de couple.
Lorsqu'une personne constate que le respect de la halakha est très fluctuant chez son conjoint , il est plutôt recommandé de susciter chez ce dernier l'envie de bien faire les choses, et non de l'y contraindre.
Et il ne fait aucun doute qu'un mari qui se montre désagréable et dur avec son épouse parce qu'elle n'attend -selon son habitude- "que" 3h après la viande, commet un péché plus grave qu'elle.
Chacun doit faire son chemin pour se rapprocher de D.ieu et tant que les failles halakhiques de la femme ne portent pas à conséquence pour le respect de la halakha du mari (c-à-d qu'elle respecte Nida et Shabbat pour ce qui le concerne, comme la cuisson -car l'aliment cuit à shabbat n'est pas kasher), il n'a pas à s'énerver contre elle.
Sa relation avec D.ieu ne vous regarde pas systématiquement, de la même manière qu'elle n'a pas à vous en vouloir si jamais un jour vous faites un birkat hamazon sans kavana (elle peut vous faire une gentille To'hakha, uniquement pour votre bien, mais n'a pas à vous en vouloir car ça ne la regarde pas), pareil vous n'avez pas à lui en vouloir si elle n'attend que 3h après la viande car c'est la minhag auquel elle a été habituée auparavant (même si elle y a été habituée à tort car Sfarade etc.).
D.ieu préfère le Shalom dans le couple que l'attente scrupuleuse des 6 heures, si on peut avoir les deux, hiné ma tov, mais s'il fallait choisir, sans aucun doute le Shalom est préférable aux 6h.
Vous savez certainement que la Torah préconise même d'effacer un texte de la Torah comportant le nom de D.ieu (ce qui est en principe strictement prohibé et gravissime) afin de préserver le Shalom dans un couple.
Voir Souka (53b), Shabbat (116a), Makot (11a), Nedarim (66b).
Voyez aussi ce qu'écrit le Shout Binyamin Zev (fin de §163) au nom du Agouda (Brakhot §VI) qu'il ne convient de se disputer pour aucune Mitsva (ואין להתקוטט בעבור שום מצוה).
Il est aussi cité par le Rama dans Darkei Moshé (O"H fin de §53),
par le Maguen Avraham (O"H §53, sk.26),
le Mishna Broura (O"H §53, sk.65),
le Baer Heitev (O"H §53, sk.27),
le Kaf Ha'haim (O"H §134 sk.31) et (O"H §153, sk.178) [Remarque: le Kaf Ha'haim dans ces DEUX endroits indique le Binyamin Zev en §164, or c'est le §163].
Globalement, le message à retenir est que le Shalom est une Mitsva plus importante que l'attente des 6 heures complètes.
Et bien qu'un laisser-aller n'est jamais souhaitable car il pourrait -à la longue- vous concerner indirectement en cela qu'il créerait chez vos enfants trop de souplesse vis-à-vis de la halakha, il faut comprendre que les dégâts des disputes et tensions entre les parents seront mille fois supérieurs sur leur éducation et leur progression spirituelle.