Citation:
C’est très intéressant mais ça n’est pas ma question,
Je veux savoir si le mérite est bien donné au defunt ou bien dupliqué (a l’image de la flamme d’une bougie) ? Par ce que comment on peut recevoir du mérite sans souffrance/effort
Je crois qu’une michna dit : le mérite est fonction de l’effort
Et pour moi c’est un principe fondamental
Alors si c’est un don de mérite j’accepte ça me va, on me donne au défunt et il nous est retiré je trouve ça logique
Mais sinon ça contredit (pour moi) la michna
Bien, je pensais que ça pouvait se comprendre en lisant un peu entre les lignes du post vers lequel je vous ai envoyé, mais ça ne doit pas être assez explicite, je vais donc essayer d’être plus clair ici.
Il n’y a pas, il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais de « sakhar » sans qu’il n’y ait eu de Mitsva
(ou ce qui peut s'y apparenter).
Vous êtes dérangé d’imaginer qu’une même mitsva
(produite par le même effort) puisse être créditée à deux personnes, mais vous admettez le don
(=transfert) de mérite, pour ma part j’ai du mal avec le don de mérite aussi !
Le Sakhar d’une Mitsva n’est pas comme une prime, une récompense ou un bonbon que l’on donne pour gratifier celui qui a fait des efforts, le Sakhar d’une Mitsva est le résultat de la Mitsva
(comme le Onesh d’une Aveira est le résultat direct de la Aveira).
C-à-d que la Mitsva
(en l’occurrence l’effort d’avoir la volonté de bien se comporter) génère le Sakhar et dans cette optique, il est difficile de concevoir un don de mérite, une transmission de la récompense.
Alors que signifie « faire une Mitsva Leïouly Nishmat un défunt » ?
Comment un mort peut-il être crédité d’une Mitsva puisqu’il est mort et ne peut plus rien faire ?
Voici ma lecture
(qui n’engage que moi -et ceux qui y adhère) :
Lorsqu’on fait une Mitsva Leïouly Nishmat un défunt, c’est parce qu’on l’appréciait
(ou parce que l’on apprécie son fils, son élève, son ami, qui nous demande/propose d’accomplir une Mitsva Leïlouy Nishmato) et ceci n’est pas vain.
Cela signifie que ce défunt, de son vivant, a accompli une bonne action, un ‘hessed, ou a été sympathique, ou s’est bien comporté (/etc.), de telle sorte que nous nous sommes attachés à lui
(du moins suffisamment pour daigner faire une mitsva Leïouly Nishmato) et souhaitons faire une Mitsva "pour lui", ou parce que son fils/ami/élève nous le demande etc.
Ainsi, le défunt lui-même a une part dans l’accomplissement de cette Mitsva qui est accomplie aujourd’hui (après sa mort) par une personne qui souhaite
(pour une raison ou pour une autre) lui faire une Tova.
Car si ce défunt n’avait pas fait telle ou telle chose de son vivant, si le défunt n’avait pas été telle ou telle personne de son vivant, s’il n’avait pas travaillé son caractère, s’il n’avait pas aidé cette personne, etc., cette Mitsva n’aurait pas été accomplie aujourd’hui.
Prenons un exemple.
Boniface est décédé. Il était ce qu’il était, mais avait
(au moins) comme tout le monde un bon côté, pour l’occasion, parlons d’une bonne
facette, disons qu’il était honnête.
Son ami Clément qui l’appréciait
(pour ses bonnes facettes, comme son honnêteté) souhaite accomplir une Mitsva Leïlouy Nishmato, il s’apprêtait à donner une pièce de 10 centimes à un pauvre lui tendant la main et il décide -Leïlouy Nishmat Boniface- de donner au pauvre 10€.
Concrètement, la Mitsva de tsedaka a été accomplie par Clément et il en aura tout le Sakhar lié à son action
(en fonction de la bonté et de l’effort de son geste), mais Boniface a ici un rôle de
Meassé, c’est-à-dire qu’il a le statut de celui qui encourage d’autres à faire une Mitsva, et il s’agit-là d’un « effort » que Boniface a accompli
de son vivant.
Car en réalité, c’est en travaillant sa personne/son caractère/son honnêteté (de son vivant) que Boniface a ENTRAÎNÉ qu’aujourd’hui,
après sa mort, Clément ait décidé de donner 10€ à ce pauvre.
Donc sans les efforts de Boniface il y a 30 ans, ce pauvre n’aurait eu que 10 centimes pour manger aujourd’hui.
Merci qui ? merci Boniface.
Mais merci aussi Clément, sans qui le ventre du pauvre serait aussi resté vide.
Bref, comme dans tout
Meassé Mitsva, c’est grâce à deux personnes que la Mitsva a été accomplie, voilà pourquoi ils ont chacun une part dans cette mitsva
(chacun selon son niveau d’effort, d’intérêt, de bonté et de volonté).
Donc il n’y a aucun transfert de mérite, chacun est récompensé par ses efforts, son investissement ou sa bonté et aucun des deux n’en sort les mains vides.
Voilà pourquoi j’écrivais dans ce post qui ne vous a pas apporté réponse que lorsque la Mitsva aurait de toute façon été accomplie, c’est sur la Kavana que ça va se jouer
(car cette partie n’aurait pas forcément été accomplie de toute façon).
Par exemple, cas classique en France : le matin à la synagogue ou au Beit Hamidrash, quelqu’un offre des viennoiseries Leïlouy Nishmat son grand-père.
Où est la Mitsva ?
Si c’est au Beit Hamidrash on peut parfois imaginer que le consommateur va pouvoir étudier avec plus de concentration en ayant le ventre plein, mais dans le cas où l’étudiant en question a l’habitude de toute façon d’acheter son pain au chocolat tous les matins, qu’est-ce que ça change ici ? Une économie, ok, mais comme ce n’est pas un pauvre ni un Talmid ‘Hakham, on ne peut pas parler de Tsedaka, alors où est la Mitsva ? Mitsva d'avoir fait grossir quelques étudiants?
Quel mérite va avoir le grand-père défunt ?
Eh bien, peut-être rien du tout !
c’est pourquoi j’indiquais que dans ce cas, il faut au moins mettre de la Kavana dans les Brakhot
(Mezonot puis Al Hame’hiya), afin que cet ajout de Kavana soit crédité au défunt, car s’il n’avait pas fait telle ou telle chose de son vivant, s’il n’avait pas été le gentil grand-père qu’il a été, son petit-fils ne se serait pas cassé la tête à offrir un petit-déjeuner pour son Yohrzeit et ces Brakhot n’auraient pas été prononcées avec autant de Kavana/ferveur
(ou un étudiant pauvre n’aurait pas mangé et donc moins bien étudié , etc.).
Ainsi, celui qui a fait ses Brakhot Bekavana garde tout son mérite et le grand-père défunt a une part dans la Mitsva au titre de Meassé
(=celui qui encourage/permet à d’autres d’accomplir une Mitsva).
Aussi vous comprendrez de tout cela qu’il n’est pas « Meakev » de dire la phrase «
Leïlouy Nishmat untel » avant de faire la Mitsva ou la Brakha, mais que l’essentiel est la réalité : si on fait une Mitsva grâce au Niftar, il a forcément une part dans cette mitsva, qu’on ait prononcé la formule magique ou non.
A tel point que le
Shout Mahariaz Enzel (Rav Yekoutiel Asher Zalman) (§97 -daf 87d) s’étonne des gens qui tiennent à prononcer cette formule avec ferveur, alors que ça ne regarde pas les autres, c’est entre lui et D.ieu et D.ieu sait parfaitement quelles sont ses intentions.
Il s’étonne aussi de cette habitude d’écrire sur l’objet offert qu’il l’a été Leïlouy Nishmat quelqu’un.
Mais il y trouve un Limoud Zkhout, rassurez-vous.
Pour ma part, le positif que j’y vois est que ceux qui ouvriront le Sefer marqué « Leïlouy Nishmat… » pourront penser à s’en inspirer et offrir eux aussi des Sfarim
(-qui servent, pas des sfarim de peu d’intérêt dans un beit Hamidrash où ils ne serviront qu’à remplir les étagères).
[Aussi, ils pourront prier pour le Niftar « grâce » à qui ils ont ce sefer en main].
Conclusion : le système du « Leïlouy Nishmat » n’est pas magique, mais logique.
Et il n’est pas nécessaire de prononcer la phrase « Leïlouy Nishmat… », mais elle peut être bénéfique pour les raisons expliquées au sujet du livre dans lequel on a inscrit «
Leïlouy Nishmat untel » et elle peut aussi s’avérer nécessaire pour stimuler la Kavana dont nous parlions plus haut.
Dans le
Shout Shevet Hakehati (IV, fin §323), il trouve nécessaire (en se basant sur le
Soukat Shalom, klal 2, daf 31b) de prononcer la phrase, à l’instar de ce que l’on précise le nom du malade pour qui l’on prie
(en son absence), bien que D.ieu sache de qui l’on parle.
Il n’explique pas plus, mais à mon sens, dans les deux cas, c’est un déclencheur (et orienteur) de Kavana.
Je m’arrête-là en espérant avoir été plus explicite cette fois, mais dites-moi si ce n’est pas encore clair.
PS: je ne peux pas prendre le temps de me relire maintenant, j'espère qu'il n'y a pas trop de fautes, sorry.