Bonjour et désolé du retard, je n'avais pas de connexion internet pendant quelques semaines.
Vous remarquerez avant tout que je ne suis pas venu donner mon avis sur la question de savoir si la perruque est permise ou non, cette dame voulait de toute façon une perruque.
Je ne parlais que du pseudo-problème de Avoda zara qui était le sujet de sa question (une sorte de culte identique à celui que les phéniciennes rendaient à Vénus aux fêtes d'Adonis).
Mais puisque vous posez une nouvelle question (="pourquoi la permettre"), même si je n'ai pas écrit dans ce sens, je vais tenter de vous répondre.
Vous écrivez que le port de la perruque est défendu "pour les sfaradim bien entendu", "ainsi que d'après un bon nombre de décisionnaires ashkenazim".
Puis vous concluez avec beaucoup d'assurance: "Si la perruque est interdite chez une majorité des décisionnaires, pourquoi la permettre ?".
Aussi je me demandais qui vous a raconté de telles choses?
Vous n'êtes pas le premier que j'entends dire que " les rabanim dans leur grande majorité" interdisent strictement la perruque, mais permettez moi d'en douter quelque peu.
Ainsi , selon vous, la grande majorité des femmes de rabanim (ainsi que les rabaniot) –qui portent la perruque, je pense que vous le savez- seraient dans l'erreur sur ce point.
Vous n'auriez tout de même pas l'audace d'insulter ces grands rabanim en disant qu'ils étaient contre la perruque, qu'ils pensaient que c'est un interdit min athora, mais qu'ils (n'arrivaient pas à imposer leur vues dans leur ville et) n'osaient pas le dire ou l'écrire ?
Je n'ose pas vous soupçonner d'avoir pensé une telle chose, qui est absurde puisqu'on voit bien que les rabanim qui pensaient vraiment que la perruque est à proscrire ne se sont pas gênés de le dire ni de l'écrire (et généralement ça a été respecté par le peuple).
Mais même si un rav n'avait pas réussi à se faire entendre (par manque de popularité), il serait impensable qu'il ait eu peur de l'écrire dans son livre! Il y aurait donc des traces de sa désapprobation.
Je suis tout à fait d'accord avec vous que le port d'une perruque embellissant celle qui la porte (=plus qu'avec ses propres cheveux ) parait contradictoire avec le but même de la démarche, et que les perruques très longues sont considérées comme moins tsnouot,
mais il existe perruque et perruque.
Alors que vous stigmatisez sans distinction "la perruque est interdite". J'aurais tendance à nuancer mes propos en disant qu'il est ridicule de porter une perruque plus belle que ses propres cheveux, mais INTERDIRE toutes les perruques, c'est fort.
Quant à interdire la perruque tsnoua de peur d'en arriver (par habitude et négligence) à mettre une perruque non-tsnoua, à ce compte là, vous devriez aussi interdire de manger de la viande kasher de peur d'en arriver (par habitude et négligence) à en manger de la non-kasher!
Mais sachez que de nos jours nous ne sommes pas en mesure de créer de nouvelles gzeirot.
Je sais qu'il y a QUELQUES rabanim qui l'interdisent catégoriquement (comme vous semblez croire que c'est l'opinion majoritaire aujourd'hui, mais en fait ils ne sont vraisemblablement pas plus d'une trentaine sur les 2-3 derniers siècles –en comptant les rabanim fort peu connus- ce qui est pas mal, mais loin de la majorité! Comprenez que tout rav qui vivait dans un endroit où l'on portait la perruque et n'a rien dit/écrit contre, n'y voyait vraisemblablement pas un drame), le plus connu est le Gaon Rabbi Ovadia Yossef (shlita ad méa veesrim bebriout goufa) et suivit en cela par plusieurs rabanim sfarades.
La raison en est très simple: dans les contrées sfarades [celles qui sont représentées aujourd'hui par des rabanim] (Maroc, Tunisie, Irak, Iran, Syrie, etc…) , jamais –jusqu'au début du XXème siècle- les femmes juives n'ont porté de perruque, les non-juives aussi se couvraient les cheveux (voire bien plus), et porter une perruque aurait été de très mauvais goût.
Forcément les rabanim originaires ou formés dans ces pays voient cette" invention" comme un outrage à la pudeur.
D'ailleurs aujourd'hui encore, posez la question à un NON-JUIF en Iran, il vous dira que c'est vraiment impudique ou même scandaleux. Donc il ne faut pas s'attendre de la part de ces rabanim qu'ils voient la perruque d'un bon œil –MEME SI ELLE N'EMBELLIT PAS particulièrement celle qui la porte.
Tandis que dans des pays sfarades mais non arabe –comme l'Italie- les rabanim parlent de l'habitude de porter la perruque sans vociférer. Voir par exempleRabbi Yehouda Arié de Modènedans sonCérémonies et coutumes(seconde édition Paris 1681, §V,5, page 12).
Et pourtant nous trouvons chez des rabanim authentiquement sfarades et maghrébins -et pas des moindres- des psakim permettant la perruque sans équivoque ni ambiguïté, comme le fameux Rabbi Shalom Messas dans Shemesh Oumaguen (III, §47, 2) pour qui c'est permis –même pour les sfaradim- "beéter gamour lelo pikpouk".
Alors c'est vrai qu'à l'époque de Moshé Rabeinou ou de David Amele'h, des tanaïm ou des amoraïm, une femme en perruque aurait été considérée comme une "proutsa",
mais sachez que la femme de n'importe quel grand rav d'aujourd'hui est habillée de manière moins tsnoua que la plus légère des femmes de l'époque des tanaïm !
Le simple fait de se mettre une jupe et un chemisier ou un tailleur "méga-tsniout" aurait été un outrage aux habitudes de pudeur de ces époques.
Les femmes juives (comme non-juives d'ailleurs) s'emmitouflaient de la tête aux pieds, et à certaines époques dans certaines villes le simple dévoilement du visage était considéré non-tsanoua!
(voyez Shabbat 80a que le visage était couvert en laissant apparaître seulement UN œil).
Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'il n'y a pas de définitions ala'hiques en centimètres transmises au Sinaï sur la tsniout, ce qui fait que la définition de ce qui est tsanoua ou non peut être amené à évoluer en fonction des pays et des époques.
Ainsi, si mesdames Yossef et Elyashiv étaient 100% tsnouot et en foulard, à l'époque de la mishna elles auraient été considérées comme des proutsot vêtues comme elles l'étaient! Ce qui fait qu'une femme en France au XXIème siècle peut être tsnoua avec une perruque même si c'était inenvisageable il y a un siècle en Irak ou au Maghreb, là où les non-juives se couvraient la tête.
En ce qui concerne les rabanim ashkenazes, vous noterez que c'est essentiellement les "Yerushalmers" (familles ashkenazes installées en Israel depuis 2 voire 3 siecles, résidant généralement dans des quartiers comme Méa Shearim) qui partagent cet avis.
Le Rav Elyashiv étant le plus connu. Le Rav Shternbuch aussi voit en la perruque une "pritsout" terrible.
Mais la grande majorité des rabanim d'aujourd'hui n'interdit pas la perruque comme vous l'écriviez.
Certains rabanim –même parmi les ashkenazim- interdisaient la perruque à une époque et un endroit où tout le monde se serait accordé à l'interdire; les héritiers spirituels de ces rabanim , en fonction des changements de pays / d'époque / etc… , ont permis la perruque.
Il y a encore quelques rabanim qui interdisent, mais ils sont minoritaires.
Je respecte tout à fait l'opinion de ces rabanim (qui interdisent) mais étant nettement minoritaires, je ne pense pas qu'il convienne d'imposer cette très lourde loi sur le Klal –surtout en Europe où ces femmes auraient beaucoup plus de mal à aller au travail en foulard, ou à ne pas se disputer avec la famille, ou à supporter les moqueries etc… et qui sait combien de femmes aujourd'hui en France se couvrent les cheveux grâce au fait que la perruque soit permise.
Bien sûr, une femme qui trouve ridicule de se couvrir avec une perruque et qui par sincérité et souci d'authenticité souhaite porter le foulard est –selon moi- plus que louable, c'est une grande Tsadeket, si c'est avec l'accord de son mari.
Mais l'imposer –en France- à toutes les femmes comme étant le seul moyen légal de se couvrir les cheveux m'apparait cruel et me paraît dangereux.
De nombreuses femmes ne se couvriront peut-être plus du tout les cheveux à cause d'un tel psak (qui est très difficile à appliquer en France).
Ainsi, au XIXème siècle, dans de nombreux pays d'Europe, la perruque était portée par les femmes des plus grands rabanim, même si certains (qui étaient nettement minoritaires) y voyaient une dérive.
Je dispose d'une photo de mes ancêtres au XIXème siècle en Pologne, la femme en perruque et son mari avait le titre de "Moreinou" –la plus haute "distinction rabbinique" de l'époque.
(de nos jours, c'est généreusement et arbitrairement distribué à toute personne qui aurait lu un perek de gmara !)
Il n'était pas seulement érudit mais très pieux aussi.
Ce que m'en a raconté mon grand père dépassait mon imagination, et pourtant sa femme était en perruque.
Il y a 2 ou 3 ans il y avait quelques feuilles qui circulaient à Paris qu'on m'avait donné à "vérifier".
Le texte (en français), inspiré d'écrits deRav Ovadia Yossef-je crois- et d'autres textes, était supposé démontrer que la perruque est strictement interdite par pratiquement tous les rabanim.
En survolant rapidement, j'ai pu constater que les arguments laissaient supposer une malhonnêteté intellectuelle, une grande ignorance, et que certaines sources étaient tronquées. Sans parler des arguments dont le ridicule de la logique –parfois- ne pouvait échapper qu'à l'inculte.
Je me souviens par exemple qu'il y était dit que l'obligation de se couvrir les cheveux fait partie des 248 mitsvot positives.
C'est vraiment vexant pour le francophone de constater qu'on le considère comme un stupide illettré au point de pouvoir diffuser dans ces feuilles de tels mensonges en pensant qu'on n'y verra que du feu ! Chacun sait que cette mitsva -qui est pourtant min athora- ne fait PAS partie du décompte des 613 mitsvot (oui, il y a plus que 613 mitsvot "min athora"), même celui qui ne lit pas l'hébreu le sait grâce aux traductions en anglais ou en français dulivre des commandements (sefer amitsvot) !
C'est vraiment se moquer du monde !
Je crois qu'il y était aussi dit que c'est le Cohen Gadol qui devait découvrir la tête de la Sota.
Là aussi,zil karé bei rav! Cette tâche n'était pas réservée au cohen gadol.
De mémoire, je crois que dans ces feuilles "anti-perruque" on argumentait qu'il y a eu aussi certains rabanim qui ont interdit la perruque pour cause de Marit Aayin (~le "qu'en dira-t-on"; les gens penseront qu'elle ne respecte pas la loi de se couvrir les cheveux).
Cependant je trouve ça malhonnête car il est évident que de nos jours cet interdit n'a aucun sens puisque tout le monde sait qu'on fait des perruques qui imitent assez bien les cheveux et que tout le monde a les moyens de s'en procurer une, donc on ne la soupçonnera pas de se promener nu-tête.
Et je penseau contraire, que ces rabanim sont à "additionner" au total des rabanim qui n'interdisentPASla perruque, puisque tout ce qu'ils ont trouvé de négatif à la perruque c'est le problème de Marit Aayin, et non le fait de transgresser la mitsva de se couvrir les cheveux!
Donc d'après eux, de nos jours où il n'y a plus de Marit Aayin (sur la perruque), c'est permis.
Les rabanim Yossef et Elyashiv sont assurément des sommités en matière de ala'ha. N'allez pas imaginer que j'aie l'audace ou la prétention de me comparer à leur ombre, je ne conteste en rien leur psak, je dis juste que l'imposer en France me parait inadéquat.
Ce qui ne veut pas dire non plus que je pense qu'il faille l'imposer en Israël –même si là-bas c'est nettement plus facile de vivre en foulard- car de très nombreux rabanim permettent la perruque même en Israël, et ils ont avec eux –outre leur grand nombre- le minhag aolam! Et ce depuis bien longtemps.
En effet, dans les contrées ashkenazes, les femmes portaient la perruque depuis plusieurs siècles, et les rabanim n'y trouvaient pas à redire.
Si les sources talmudiques qui parlent de la perruque (Sanhedrin 112a en bas –même les femmes tsadkaniot! , Nazir 28b, Er'hin 7b) ne sont pas particulièrement convaincantes car on peut imaginer que ces perruques étaient portées sous un foulard, et ne servaient qu'à la maison (en cas de calvitie), nous avons de très nombreux et très anciens témoignages écrits sur le port de la perruque des femmes juives en Europe –même en dehors de la maison.
En russe, il y a par exemple les mémoires du général Anton Denikin, il y raconte que les juifs étaient vêtus de longues vestes et les juives coiffées de perruques difformes (bien sûr , on y remarque que les perruques d'antan n'étaient pas particulièrement "embellissantes", du moins pas autant que celles du XXème siècle).
Je ne crois pas qu'il existe de traduction de ce livre en français, il y en a peut-être en anglais, je ne suis sûr que de l'existence de la version originale en russe dont un ami russe m'a parlé.
Il y a aussi en anglais plusieurs anciens livres (fin XIXème - début XXème) où l'on fait état des perruques des juives, c'est donc qu'il était facile de remarquer qu'il s'agissait de perruques. (Voyez par exemple "The polish jew" de Baskerville qui parle de perruques hideuses).
Cependant vous savez certainement que l'on confectionnait d'assez belles perruques déjà au XVIIIème siècle, nettement améliorées par Dufour en 1810 et 1821, même si elles sont incomparables à celles réalisées au XXème siècle.
Pour l'anecdote, en Turquie vers la fin du XVIIème siècle (dans les années 1680 ou 90), le grand vizir voulant tirer un ami (un français je crois) d'un faux pas (un investissement stupide, il avait acheté et exporté énormément de perruques, ou un truc du genre, je ne sais plus) imposa aux juifs de Constantinople de porter des perruques !
(cf The history of the jews in Great Britain de Moses Margolies. Le livre date du milieu du XIXème siècle, imprimé en Angleterre –je ne l'ai pas sous la main en ce moment.
Cette anecdote est aussi contée, en français, dans "Le Magasin pittoresque", 13ème année, Paris 1845, page 338 –où c'est bien d'un français dont il s'agît, nommé La Rose, ainsi que dans Bonaparte et les Grecs, Paris 1826, note 22 page 381).
En français, en dehors de ce que l'on trouve dans les ouvrages des historiens classiques du judaïsme comme Simon Doubnov (dans l'Histoire moderne, pas dans le Précis) ou Cecil Roth,
il y a un livre qui s'intitule "Histoire des perruques", qui date de 1690 et a été écrit par un curé nommé Thiers.
Dès le 1er chapitre il mentionne que dans l'Antiquité on portait déjà des perruques et parle –entre autres- des femmes et filles juives.
[L'ajout des filles (non-mariées) fait penser à l'opinion de certains Rishonim (notamment le Rambam) qui imposent aux jeunes filles aussi de se couvrir les cheveux. Mais je ne suis pas vraiment convaincu de la solidité de chaque détail de ce qu'il (Thiers) avance, donc il n'y a pas de quoi trop s'y attarder].
De Guerle dans ses notes sur Pétrone cite un rabbin et grand commentateur qui dans sa glose sur le Livre des Rois ferait remonter l'invention de la perruque à Mi'hal il y a 3000 ans.
(Je ne sais pas de quel commentateur il s'agît.
Et je doute donc de la qualité de rabbin qui lui est attribuée.
Je sais que cette idée se retrouve sous la plume d'Auguste Imbert –avec des détails qui semblent indiquer que c'est lui le pseudo-rabbin commentateur dont on nous parle ! - dans ses notes sur "Les Loisirs d'un banni" de Arnault, Paris 1823 page 221.
Il faudrait chercher dans les commentateurs de sefer Mela'him… mais de mémoire, je ne vois pas.
Cette théorie est encore mentionnée par J.L.Aubert dans son Journal des beaux arts d'août 1773 page 516, et par d'autres dans Le Spectateur du Nord, Hambourg Janvier 1798, page 64, aussi dans "Correspondance secrète politique et littéraire" tome III, Londres 1787, page 406 en haut, et dans plusieurs autres livres anciens, mais ça n'a rien d'un commentaire rabbinique tout ça! ).
Il n'approuve pas vraiment cette glose mais cite tout de même St Paulin (donc vers l'an 400 !) qui mentionne les perruques des juives (Œuvres complètes de Pétrone, Le Satyricon, Paris 1862, note page 338).
Par contre j'ai lu dans le Nouveau dictionnaire historique et critique de Jaques George de Chauffepié, page 59, remarque M note 32, que "les rabbins et quelques autres écrivains" expliquent que les 200 sicles de la chevelure d'Avshalom, ne correspondent pas à la masse des cheveux mais à leur prix, auquel lui ou ses serviteurs vendaient ces cheveux aux femmes de Jérusalem "pour en faire des perruques"…
Plane, dans sa Physiologie (p.269), écrit en 1797 que les juives ont adopté la perruque grâce à laquelle elle restent élégantes.
Vous pourrez lire aussi dans les écrits des frères Tharaud (Jérome et Jean) qui sont une source non-négligeable (mais pourtant négligée!) de renseignements sur les coutumes et la vie juives à la fin du XIXème siècle, même si ces livres sont truffés d'erreurs et comportent aussi quelques fautes de frappe et d'orthographe , ce qui est décevant pour des académiciens de renom, mais est rattrapé par le style très agréable et la richesse des détails dont nous font part ces voyageurs.
Ils parlent des perruques des juives dans un de leurs livres, probablement dans celui intitulé "L'ombre de la croix" (ou bien dans "Un royaume de D…" ? ou dans "L'an prochain à Jérusalem"? je ne sais plus, ça fait longtemps que je les ai lus, mais je suis presque sûr que ça se trouve dans un de ces trois titres –et peut-être aussi dans La rose de Saron.
Je sais qu'il y a des moyens de rechercher des mots clé (ici: perruques/ l'ombre de la croix) dans des livres sur internet, mais je ne sais pas le faire).
En matière de grands rabanim vous trouverez non seulement une liste gigantesque de rabanim qui autorisent la perruque, mais vous en trouverez aussi qui lui donnent la préférence par rapport au foulard !
C'est d'ailleurs la coutume répandue dans plusieurs milieux orthodoxes, notamment chez les Loubavitsh dont les rabanim estiment que le port du foulard n'étant pratiquement jamais conforme à la ala'ha (selon eux; Ils se basent sur les opinions interdisant de laisser entrevoir le moindre cheveux, comme le 'Hatam Sofer –qui lui-même, soit dit au passage, interdisait la perruque [voir Lev Aïvri p.129] et préconisait le foulard qui ne laisse rien dépasser, d'où certaines femmes qui se rasent), il valait mieux opter pour la perruque.
C'est aussi l'opinion du Rav Shternbuch qui n'aime pourtant pas la perruque, mais la préfère au foulard qui laisse dépasser quelques cheveux.
Encore une fois, je ne viens pas "trancher" la ala'ha, mais ne me dites pas que tous les rabanim de Loubavitsh ne représentent rien à vos yeux, surtout lorsqu'ils partagent l'opinion de milliers d'autres rabanim !
Alors c'est vrai qu'il y a de nombreux rabanim qui interdisent (le plus connu parmi les "anciens" est certainement le Beer Sheva (daf 93) ), mais il y en a aussi de (beaucoup plus) nombreux qui permettent, donc une femme qui sent qu'elle pourra se tenir à ce niveau, tavo aléa bra'ha, mais de là à l'interdire à tout le monde en méprisant les très nombreux rabanim qui permettent, ça non.
Le fameux Rav Moshe Feinstein dans Igrot Moshé (even aezer II, §12) ne se contente pas seulement de permettre la perruque -comme l'opinion de la majorité des décisionnaires (comme il l'écrit, hé oui!) -mais il va jusqu'à interdire de l'interdire ! et ce, même au mari "concerné"!
Selon Rav Feinstein, un mari qui souhaite interdire à sa femme de mettre une perruque (tsnoua) n'en a pas le droit ala'hiquement.
Ce psak est répété dans Igrot Moshe (even aezer IV, §32, 10).
J'ai entendu de nombreuses personnes affirmer péremptoirement que "TOUS les grands rabanim sfarades –sans exception- interdisent" .
C'est un affreux mensonge!
Le psak du Rav Messas (cité plus haut) suffit à prouver que celui qui prétend de telles aberrations n'est pas motivé à 100% leshem shamayim, mais essaie d'imposer son opinion par des moyens peu louables.
Il y a suffisamment de rabanim opposés à la perruque pour ne pas avoir recours à ce genre de mensonges. Le fait qu'il y ait plus de rabanim permettant la perruque (que l'interdisant) n'est pas un secret et ce n'est pas en affirmant le contraire que ça changera.
De plus , je tiens à faire remarquer que le niveau de tsniout des femmes juives en France laisse tellement souvent à désirer (au niveau vestimentaire comme comportemental) que je trouve cette croisade anti-perruque quelque peu déplacée.
Que ceux qui suivent Rav Ovadia Yossef systématiquement le suivent ici, mais l'imposer à tout le monde, non.
Maintenant si vous voulez des rabanim sfarades qui permettent la perruque, en voici quelques uns:
-Rabbi Shalom Messas cité plus haut (Shemesh oumaguen III, §47, 2 et aussi II,§15-17 et encore Tevouot shemesh even aezer §137) .
-Le Ben Ish 'Haï (shana shnia Parshat Vayakel §13).
-Rav Bentsion Aba Shaoul (Or Letsion I, §11).
-Le Kaf A'haïm (o"h §75, SK.19).
-Rabbi Ovadia Adaya (Yaskil Avdi VII, even aezer §16).
-Rabbi Yaacov Shimshon Shabtaï (Shabbat Shel Mi sur Shabbat 64b d"h Matnitin).
-Rabbi 'Haim Pallagi (dans Roua'h 'Haim even aezer §21, 3) écrit que les femmes qui viennent de France en Turquie se doivent de se plier aux coutumes locales et se couvrir les cheveux avec un foulard et non une perruque. Il est donc bien en train de dire qu'en France (/dans les pays) où les femmes portent la perruque, c'est permis.
Et je ne parle pas du Shiltei Aguiborim (Shabbat 29b) et de très nombreux autres.
Et ce n'est qu'une partie des rabanim – sfaradim – connus - qui ont écrit clairement - que la perruque est permise… Imaginez ce que ça donne avec les ashkenazim, et ceux qui sont moins connus du public, et ceux qui n'ont pas trouvé nécessaire d'écrire clairement que c'est permis mais qui n'en pensaient pas moins…
Bon, je ne pensais pas être si long en commençant à écrire, et croyez moi, je me suis retenu d'en écrire trop pour justement ne pas être trop long!