Je précise avant de vous répondre qu'il est INDISPENSABLE de lire tous les messages que j'ai postés sur ce sujet afin de bien comprendre ce dont il s'agit. Il y en a sur plusieurs pages et il est fort probable – voire quasi certain - que des incompréhensions ou des reproches que certains lecteurs s'apprêtent à m'envoyer se verraient répondus s'ils s'étaient donné la peine de lire tout dans l'ordre.
Je remercie donc tout lecteur de ces lignes de ne pas réagir sans aller d'abord voir la totalité de ce que j'ai écrit ici:
http://www.techouvot.com/liste_douvrages_pour_debuter_dans_letude_de_la_thora-vt13145.html
sur CINQ pages du site.
Je vous cite:
Citation:
est-il permis de parler sur des ecrits de gedolim ou de critiquer des ouvrages dans le but d aider des jeunes etudiant ou meme des erudi en employent des termes comme ''bacler''
Si telle est la question, vous n'auriez pas dû inclure ce que j'ai écrit sur le
Pa'had Its'hak. En effet, en disant que le rédacteur n'est pas le rav mais sa fille, je ne crois pas que vous souhaitiez toujours demander s'il n'y a pas là critique trop virulente des écrits de «
gdolim », à moins que vous ne considériez sa fille comme un «
gadol ».
(Je rappelle que la critique ne portait pas sur le contenu mais seulement sur la forme.)
Quant aux écrits de
rav Yossef, si vous lisez, vous verrez que mes critiques sont non seulement avérées mais parfois même reconnues par l'auteur. Donc il faudrait présenter votre question comme ceci:
Faut-il cacher la vérité si jamais il y a une erreur qui s'est glissée dans le sefer d'un « gadol », ou bien peut-on leavouer/la dévoiler afin d'éviter que les lecteurs ne commettent des erreurs ?
Et je vous répondrais que dans la mesure où vous considéreriez
rav Its'hak Yossef comme un «
gadol », acceptez donc sa vision qui consiste à reconnaitre son erreur et ne pas tenter de la justifier.
Et il a bien raison; s'il tentait de se justifier, il validerait une source d'erreurs ala'hiques interminable. Il vaut mieux reconnaître les faits.
Ce qui indique que son but n'est pas "d'avoir raison", mais de faire progresser la Thora.
En soulignant son erreur, je n'ai rien fait de plus que ce qu'il a fait lui-même.
Il n'y a donc AUCUN problème à critiquer l'ouvrage d'un «
gadol » s'il y a une erreur indiscutable, surtout si elle pourrait entrainer des erreurs et des péchés sans fin.
Au contraire, le problème résiderait alors plutôt dans le fait de ne PAS dévoiler l'inexactitude aux yeux de tous et de laisser le peuple dans le contresens.
Si l'erreur ne porte pas du tout à conséquence au niveau de la pratique ou de la ashkafa, il sera moins « obligatoire » de la souligner. Néanmoins il ne sera pas prohibé de le faire.
Il est bien d'aimer le Rav, mais plus important d'aimer la vérité.
Et encore une fois, le Rav lui-même préfère que l'on dise la vérité. Il ne faut pas imaginer
rav Yossef (ou d'autres) comme des gamins qui ne recherchent que leur propre gloire ou intérêt, 'has veshalom, ra'hmana litslan meay daata.
Ils souhaitent avant tout diffuser la Thora, pas des erreurs.
Ceci étant dit, même lorsqu'il est nécessaire de dévoiler une erreur dans le livre d'un rav respectable, il y a une manière de le faire; il faut respecter la personne, ne pas l'insulter, ne pas la mépriser pour son erreur (si c'est un auteur bien intentionné).
Le kavod du rav ne doit pas être bafoué. Même s'il commet quelques erreurs dans son livre,
Rav Its'hak Yossef reste un très grand rav qui mérite notre respect et force notre admiration par l'ampleur de son oeuvre.
Cette règle s'applique d'autant plus lorsque l'on ne vient pas dévoiler une erreur, mais seulement signaler son désaccord avec un auteur sur un point discutable.
On prendra garde à respecter le rav, car le but n'est pas de rabaisser la personne, mais uniquement de préserver la thora et de l'embellir.
Si vous lisez les cinq pages indiquées, je crois que vous y verrez que telle était l'opinion de
rav Ovadia Yossef qui répondit aux accusations le concernant lorsqu'il s'était prononcé (à de multiples reprises) à l'encontre du
Ben Ish 'Haï.
Non seulement on doit souligner son désaccord, mais c'est même une obligation.
À plus forte raison si ce n'est pas seulement une divergence d'opinion que l'on vient souligner, mais une erreur de la part de l'auteur, qui lui-même est en désaccord avec ce qui apparait dans son livre !
Comment laisser une telle embûche sur le chemin du lecteur ?!
En sus de quelques erreurs, je soulignais aussi des défauts de rédaction et de manière plus globale une présentation imparfaite – du moins à mon sens.
Par exemple, indiquer les références selon les pages du livre lorsqu'il en existe différentes éditions est bien dommage alors qu'il y a un moyen de se repérer par les chapitres (simanim/séifim), qui eux sont fixes et identiques quelle que soit l'édition.
Bref, ces petites critiques ainsi que les autres que vous trouverez au long des cinq pages mentionnées respectent toujours le kavod des rabanim concernés et je ne vois aucun problème à les mettre en exergue leshem shamayim afin d'aider celui qui veut se lancer dans l'étude.
J'en viens à présent à la seconde facette de votre question, je cite:
Citation:
2) n y aurait-il pas en consequence (pour nous) un manque d emouna envers les gdolim en critiquant leur livres ?
Il ne faut pas confondre les gdolim et D.ieu.
Un rav si grand soit-il n'est pas supposé être à l'abri de l'erreur et - à plus forte raison, n'est pas supposé être parfait dans tous les domaines – j'inclus ceux qui ne sont pas directement liés à la thora.
Si je dis que
rav Yossef est nul en cuisine ou pour réparer une voiture ou une machine à laver, ça ne devrait pas perturber votre admiration pour le rav.
Si c'est malgré tout le cas, vous vivez avec une grave erreur de Ashkafa;
Vous mélangez « rav » avec « Superman ».
L'admiration que l'on a /devrait avoir/ pour un rav (tel que
ROY) est pour son érudition, son assiduité, son travail des midot, mais pas pour son côté bricoleur ou cordon bleu.
C'est une méprise de plus en plus fréquente depuis que le concept moderne de «
gadol » s'est répandu et qu'on le questionne sur l'achat d'une voiture ou d'une brosse à dents.
Un rav (ou appelez-ça un
gadol) n'est pas supposé être un
super-homme, mais un
homme super, nuance.
Il peut par exemple être nul en rédaction de sfarim, ou encore être très mauvais orateur (et ne donner que des shiourim ennuyants ou flous).
L'auteur prolifique et très connu outre-Atlantique pour ses nombreux ouvrages,
Rav Simcha Bunim Cohen, n'est pas doué en rédaction de sfarim, mais il en est conscient et fait donc appel à des rédacteurs pour présenter ses sfarim intelligemment.
Le contenu est de lui, mais pas la forme.
(C'est lui-même qui me l'a dit car - à l'époque où j'habitais les USA - j'avais demandé à ce rav, connu pour ses livres sur les lois du shabbat, une approbation pour mon livre sur ces mêmes lois, une
vraie approbation, en analysant chaque ligne, dès fois qu'il serait en désaccord avec moi. Suite à cela, nous avions eu des échanges épistolaires par lesquels je m'étais rendu compte d'un manque de clarté de sa part dans la formulation de ses idées, et lors d'une rencontre je lui avais demandé comment ses sfarim sortent-ils plus clairs que ses lettres ?
C'est là qu'il m’expliqua qu'il n'est pas bon rédacteur et loue les services d'autrui pour cela.)
Il y a aussi des rabanim qui ne savent pas s'exprimer à l'oral, on ne comprend rien à ce qu'ils disent, ou on a du mal à suivre leurs idées car elles sont mal énoncées.
(Attention: ce n'est pas le cas des
rabanim Yossef)
Ces rabanim doivent comprendre qu'il faut aussi travailler la forme, ou alors abandonner les cours oraux et se confiner au psak ou aux écrits…
Je me souviens, lorsque j'étais à la yeshiva, il y avait un maguid shiour doté d'une intelligence supérieure, capable de calculer des 'heshbonot entre différentes remarques éparpillées des
rishonim et n'importe quel
Rashi dans le shas (surtout dans
Nashim/Nezikin).) Ses shiourim étaient tous épatants de profondeur de calcul et d'analyse de svarot, mais 98% des élèves ne le suivaient pas car il était d'une obscurité de langage remarquable; c'était une vraie pagaille lorsqu'il s'exprimait, il se trompait et revenait sur ses mots - comme si on pouvait les effacer d'un coup de gomme sans que la concentration n'en soit perturbée…
Mais celui qui prenait la peine de rester attentif malgré la grande difficulté, en ressortait avec de bons 'hidoushim.
Je pense que ce rav, malgré qu'il s'agisse d'un très grand talmid 'ha'ham, n'est pas fait pour enseigner – en tout cas, pas à des jeunes.
Il doit probablement être plus efficace à l'écrit, puisque là il peut gommer ce qu'il veut trois ou quatre fois avant de présenter son 'hidoush.
C'est comme ça, il y a des gens doués à l'oral, d'autres à l'écrit. Chez les rabanim aussi c'est ainsi.
Bref, voilà.
S'il y a des petits défauts dans un ouvrage, il n'y a pas de raison de les dissimuler et lorsque je vois l'excellence du
Yabia Omer et du
Ye'havei Daat où
ROY est ordonné, méthodique, systématique, précis et efficace (qualités que l'on peut retrouver dans d'autres de ses sfarim, comme le
מאור ישראל sur une partie du shas en retirant l'adjectif qualificatif attribut "systématique"), oui, je me dis que la rédaction du
Anaf Ets Avot a été quelque peu bâclée, car on n'y retrouve plus la même précision, c'est plus fouillis, moins rigoureux, moins précis, les références sont moins pratiques, etc.
Quant à son fils le
Gaon rav Its'hak, je le trouve moins compétent que son père pour rédiger des sfarim. Un exemple qui me saute aux yeux à chaque fois est sa façon de rédiger l'index de ses livres; son maftéa'h gagnerait à être rédigé par quelqu'un d'autre car c'est bien dommage.
Je ne parle pas seulement du
YY mais aussi du
Ein Its'hak.
Enfin, ce type de critique ne peut pas trop s'expliquer. Si on le ressent on le comprend, sinon c'est difficile à expliquer/transmettre. Il faut utiliser le sefer et en utiliser d'autres afin d'être à même de comparer l'efficacité de l'index proposé.
Je conclus avec l'essentiel:
Ces rabanim restent à mes yeux des géants de la Thora et je n'ai pas la prétention de m'y mesurer 'has veshalom.
Le fait de m'intéresser à leurs sfarim en laissant ma naïveté au vestiaire ne m'empêche pas de les admirer. Je demande à celui qui n'arrive pas à en faire autant de ne pas me lire et de ne pas s'imaginer que je suis dans l'état d'esprit qui s'impose à lui lorsqu'il lit ce genre de critiques littéraires.
Tout ceci en précisant que votre ton était très respectueux (je le dis car vous donnez l'impression de craindre d'être mal compris sur ce point) et je vous en remercie.