D’aucuns interdisent, ils se basent (généralement) sur le Shout 'Hatam Sofer (O"H §142) qui interdit au rabbin marieur (Messader kidoushin) de festoyer chez un 'hatan sfarade à une date sfarade (=à partir du 34ème jour) s'il en fait autant chez un 'hatan ashkenaze à une date ashkenaze (=jusqu'à rosh 'hodesh Iyar).
A priori, il parle uniquement de participer à deux mariages car les gens ne se coupaient pas trop souvent les cheveux, ne se rasaient pas la barbe et n'écoutaient pas de musique (donc sans aller à un mariage, on ne faisait rien de contradictoire à la aveilout), mais de nos jours, la question se pose en allant à un seul mariage de la communauté au minhag différent (car dès qu'on écoute de la musique ou se rase la barbe durant une partie de la sfira, il ne convient plus d'aller à un mariage durant l'autre partie).
Certains Poskim suivent ce ‘Hatam Sofer et ne permettent que d'aller à la 'Houpa et encore, à condition qu'il n'y ait ni musique ni danses.
Et la soirée est interdite.
Cf. Shout Shraga Haméir (VI, §91) et Min'hat Its'hak (IV, §84).
Mais le Rav Moshé Feinstein dans Igrot Moshé (O"H I, §159) (O"H II, §95) (E"H I, §97) autorise à se rendre à tout mariage dans la mesure où la date est autorisée selon la coutume du 'Hatan.
Il s'aide du fait qu'on ait toujours autorisé aux ashkenazim de se marier le jour de Lag Baomer (ou à Rosh 'Hodesh Iyar -ou la veille), bien que les Sheva Brakhot vont alors se poursuivre avec musique et danses sur une période de deuil, c'est bien la preuve que lorsque le 'Hatan avait le droit de se marier à telle date, on ne se soucie plus du reste.
Il y a bien entendu à redire sur cette preuve (qui a dit que les Sheva Brakhot pourront alors s'accompagner de musique et danses?), mais la Svara essentielle semble être le fait que dès que pour le 'hatan s'est autorisé, il incombe aux invités de le réjouir en tant que Sim'ha Shel Mitsva.
Le Piskei Tshouvot (§493, 13) cite les deux opinions (‘Hatam Sofer et Igrot Moshé) et écrit (note 87) au nom de Rav Wozner qu'il convient de se montrer rigoureux et de se contenter d'aller saluer et féliciter le marié sans participer aux danses ni au repas.
Mais cela ne répond pas aux arguments de rav Feinstein pour qui c'est autorisé.
C'est cette position -celle de Rav Feinstein- qui est généralement retenue chez les Poskim, notamment Rav Elyashiv –non mentionné par le Piskei Tshouvot mais cité dans plusieurs sfarim:
Piskei Halakhot (p.35),
Hilkhot 'Hag Be'hag (Sfirat Haomer Veshavouot, p.86),
Kountras Dinei Pessa'h vesfirat Haomer (p.31),
Ashrei Haïsh (O"H, III, §65, 30),
Dolé Oumashké (p.193, note 517).
Rav Elyashiv reste sur cet avis malgré la position du 'Hatam Sofer (Cf. Hilkhot 'Hag Be'hag -Sfirat Haomer Veshavouot, p.86) et il le justifie -pour participer à un mariage sfarade après Lag Baomer- spécifiquement si le mariage a lieu en Israël où beaucoup -même parmi les ashkenazim- suivent le minhag aveilout de Pessa'h à Lag Baomer.
Il sera donc autorisé à un Ashkenaze de participer à un mariage sfarade auquel il serait convié bien qu'il ait lieu après Lag Baomer (et même selon le 'Hatam Sofer si c'est en Israël).
C'est aussi l'opinion retenue dans Bein Pessa'h Leshavouot (§XIV, 5).
C’est pourquoi je pense qu'il n'y a pas de quoi se montrer rigoureux là-dessus, une fois que Rav Moshé Feinstein et Rav Elyashiv indiquent la koula et qu'il s'agît d'un Minhag Aveilout miderabanan et que Halakha Kemeikel Beavel même par rapport à la Aveilout sur un proche R"L (surtout pour un mariage en Israël après Lag Baomer).