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Shogeg vs Mezid

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n.ber
Messages: 2
Bonjour Rav,

Tout d’abord, permettez-moi de vous remercier pour vos précieux enseignements et le travail considérable que vous accomplissez notamment sur techouvot.

Il existe une idée selon laquelle une avera commise beshogeg serait en réalité plus grave qu’une avera commise bemezid. L’argument avancé est que, dans le cas de la faute involontaire, cela révèle un certain mépris inconscient pour la mitzvah, et d’un manque de respect plus profond de la Torah alors qu’une transgression volontaire peut être le résultat d’un égarement momentané, d’un emportement ou d’une faiblesse passagère.

Cette approche semble contredire la distinction classique faite dans la Halakha entre shogeg et mezid, où l’acte délibéré est généralement considéré comme plus grave. Quelle est la place de cette réflexion ? Existe-t-il des mekorot qui appuient ou réfutent cette idée ?

Merci beaucoup.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6787
Citation:
Tout d’abord, permettez-moi de vous remercier pour vos précieux enseignements et le travail considérable que vous accomplissez notamment sur techouvot.


Merci à vous.
Citation:

Il existe une idée selon laquelle une avera commise beshogeg serait en réalité plus grave qu’une avera commise bemezid. L’argument avancé est que, dans le cas de la faute involontaire, cela révèle un certain mépris inconscient pour la mitzvah, et d’un manque de respect plus profond de la Torah alors qu’une transgression volontaire peut être le résultat d’un égarement momentané, d’un emportement ou d’une faiblesse passagère.


Je ne comprends pas pourquoi ne pourrait-on pas dire la même chose pour le Shogueg ?
Pourquoi parlez-vous d’un Shogueg de type qui se répète et d’un Mézid occasionnel ? Il y a aussi un Mézid qui se répète chez celui qui n’est pas du tout dérangé par la Aveira et commet des péchés joyeusement tous les jours…
On n’est pas obligé de parler que de Mézid très occasionnel entrainé par un moment de faiblesse.
Si un moment de faiblesse peut engendrer une faute BeMézid, kal va’homer qu’il pourra engendrer une faute BeShogueg, non ?

Quoi qu’il en soit, si l’on va jusqu’à « excuser » une faute volontaire par un moment de faiblesse, nous ne pourrions que plus excuser une faute involontaire par un moment de faiblesse.


Citation:
Cette approche semble contredire la distinction classique faite dans la Halakha entre shogeg et mezid, où l’acte délibéré est généralement considéré comme plus grave.

Effectivement, cela contredit la distinction fixe dans la Halakha, et ça contredit aussi le bon sens.
Et à partir du moment où cela offense le bon sens, on devine déjà que votre idée n’existe pas (telle quelle) ou qu’elle a été mal comprise/interprétée.

Il y a une idée moussarique selon laquelle le Shogueg peut avoir un aspect plus grave en cela que la personne n’a pas le sentiment d’avoir fait quelque chose de mal et elle ne fait donc pas Tshouva sur sa aveira beshogueg.
Mais bien entendu, ça ne veut pas dire que le Shogueg « en soi » serait plus grave que leMézid.

Donc on peut aussi parler de l’idée que vous mentionnez pour souligner un aspect plus grave dans certains cas de Shogueg, mais il ne s’agirait que d’un aspect, pas que le Shogueg en soi soit réellement plus ‘hamour que le Mézid.

On peut parfois tomber sur des situations où on a l’impression que le Mézid s’en sort mieux que le Shogueg, mais c’est toujours un étonnement (חוטא נשכר) qui demande explication (voir par exemple Min’hat Shlomo, massekhet Shabbat, §29,7).

Imaginons un cas d’un assassin shogueg et un autre Mézid. Si le Goel Hadam tue le Shogueg en dehors de sa ville de refuge, il est patour, mais s’il tue le Mézid, il est ‘Hayav. On trouve donc une situation plus ‘hamoura dans Shogueg que dans Mézid. Voyez Avot Derabbi Nathan (§30,2).

On peut aussi imaginer dire que celui qui faute Beshogueg, sans être sous l’emprise d’un Yetser Hara trop puissant, serait susceptible de transgresser encore beaucoup d’autres Aveirot (beshogueg) de la même manière, alors que celui qui a « craqué » et commis une Aveira, cela n’indique pas qu’il fasse d’autres péchés. Néanmoins, de là à dire que le Shogueg est plus grave, c’est faux.

Disons qu’on peut trouver au Shogueg un aspect plus « grave » que le Mézid, mais pas que le Shogueg soit réellement plus grave et, comme vous le dites, le Shas regorge de Souguiot qui clament le contraire.

C’est un peu ce qu’on pourrait lire à travers les mots du Midrash Tan’houma Yashan (Vayikra §11) qui interprète le verset :
נפש כי תחטא בשגגה, מהו בשגגה מכל מצוות ה', ללמדך שכל החוטא בשגגה כאיל עובר על מצוות ה'
C-à-d que celui qui fait une faute BeShogueg, par ignorance et manque d’intérêt à apprendre les Halakhot, doit se douter qu’il en commet de nombreuses autres en raison de son ignorance et de ce même manque d’intérêt.

C’est certes un aspect ‘hamour, mais il est évident que celui qui commet la même faute Bemézid, bien que cela ne trahisse pas d’autres fautes (par ignorance etc.), est dans un registre bien plus grave.

Il faut bien entendu aussi distinguer entre deux types de Shogueg, nous ne parlons là que du Shogueg qui commet un acte volontaire mais sans savoir que c’est une Aveira, mais il y a aussi un Shogueg dans l’acte lui-même, c-à-d qu’il a commis sans faire exprès un acte, acte qu’il sait être interdit (mais l’action elle-même était involontaire).

Une autre illustration : si un juif veut faire une Aveira (Mézid), celui qui la lui permet en lui fournissant le nécessaire (pour transgresser la Halakha, par exemple un aliment non Kasher), ne transgresse rien dans le cas où le pécheur aurait pu se procurer le nécessaire (à sa aveira) sans son concours. Mais s’il s’agit d’un péché BeShogueg, celui qui fournit le nécessaire a une responsabilité.
Dit autrement, dans un langage plus talmudique, si celui qui transgresse est Mézid et que ce n’est pas « betrei ibrei denahara », le fournisseur n’a pas de péché et n’est pas Metsouvé Lehafrisho.
Alors que s’il s’agit d’un Shogueg (pour celui qui transgresse), le fournisseur est Metsouvé Lehafrisho. C’est l’interprétation du Dagoul Mirevava dans le Shakh (Y’’D §151, sk.6).

On peut encore tout simplement dire que le Mézid -par exemple dans ‘Hiloul Shabbat- n’est ‘Hayav Mita qu’avec Edim et Hatraa et Hitir Atsmo Lemita etc. Alors que le Shogueg pourrait être passible de Korban sans cela.

Il est possible de trouver encore beaucoup d’aspect ‘hamourim de ce genre, voir aussi Maharal Netivot Olam (Netiv Hatshouva §6).

Bref, on peut souligner différents aspects plus ‘Hamourim qui découlent du Shogueg, mais en aucun cas considérer que l’action Shogueg elle-même soit plus ‘Hamoura.


Citation:
Quelle est la place de cette réflexion ? Existe-t-il des mekorot qui appuient ou réfutent cette idée ?

A moins de dire que c’est « lav davka », et comme les exemples cités plus haut où il est question d’éléments qui vont résulter d’un acte Shogueg et qui seront plus ‘hamourim, il est faux de dire que le Shogueg est plus ‘Hamour que le Mézid.
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