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Similarité entre le sujet et le nom du Rav

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verna
Messages: 99
Bonjour,

Dans certaines guémarot, on voit que lorsqu'on parle d'un certain sujet, surgit soudain un Rav pour donner son avis, Rav qui porte un nom très proche du sujet. Par ailleurs souvent ce Rav n'est pas un Rav qui revient fréquemment dans le chass (mes modestes connaissances ne me permettent pas de savoir s'il revient meme une fois...)

Exemples :
Dans berakhot 7B au sujet de Avshalom, surgit Rabbi Chimon ben Avichalom
Dans Baba Metsia 25A , à propos du migdal, surgit Rabbi Itshak Migdelaa

J'en ai déjà vu d'autres mais je ne m'en souviens plus...

Je me demandais en fait est-ce que les compilateurs de la guémara ont choisi délibérement de ramener l'avis d'un Rav qui avait une proximité dans son nom avec le sujet, si oui pour quelle raison ?
Ou peut-etre que c'est le Rav qui a pris le nom de son enseignement principal a posteriori (ca marche moins pour le migdal puisqu'il semble que cela veuille dire qu'il venait de la ville de migdal)
Ou est-ce une hashgaha pratit et on doit se dire "yagdil tora véyadir".

Je suis très interéssé par les choix de syntaxe, enchainement de sujets, etc dans la guémara, les coulisses en quelque sorte, donc si vous connaissez un ou des livres en hébreu, francais ou anglais qui aborde se sujet j'en serais ravi.

Merci bcp
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Citation:
Dans certaines guémarot, on voit que lorsqu'on parle d'un certain sujet, surgit soudain un Rav pour donner son avis, Rav qui porte un nom très proche du sujet. Par ailleurs souvent ce Rav n'est pas un Rav qui revient fréquemment dans le chass (mes modestes connaissances ne me permettent pas de savoir s'il revient meme une fois...)
Exemples :
Dans berakhot 7B au sujet de Avshalom, surgit Rabbi Chimon ben Avichalom
Dans Baba Metsia 25A , à propos du migdal, surgit Rabbi Itshak Migdelaa
J'en ai déjà vu d'autres mais je ne m'en souviens plus...
Je me demandais en fait est-ce que les compilateurs de la guémara ont choisi délibérement de ramener l'avis d'un Rav qui avait une proximité dans son nom avec le sujet, si oui pour quelle raison ?
Ou peut-etre que c'est le Rav qui a pris le nom de son enseignement principal a posteriori (ca marche moins pour le migdal puisqu'il semble que cela veuille dire qu'il venait de la ville de migdal)
Ou est-ce une hashgaha pratit et on doit se dire "yagdil tora véyadir".
Je suis très interéssé par les choix de syntaxe, enchainement de sujets, etc dans la guémara, les coulisses en quelque sorte, donc si vous connaissez un ou des livres en hébreu, francais ou anglais qui aborde se sujet j'en serais ravi.


Excellente remarque.

Ceux qui ont suivi mes Shiourim de Gmara savent que j’ai « baptisé » ce phénomène « Shmo Keshmouato » et qu’il revient plus de CENT fois dans le Shas et les Midrashim, il n’est donc pas envisageable de l’attribuer au hasard.

Citation:
Ou peut-etre que c'est le Rav qui a pris le nom de son enseignement principal a posteriori (ca marche moins pour le migdal puisqu'il semble que cela veuille dire qu'il venait de la ville de migdal)

C’est pourtant ce qu’explique le Maharats ‘Hayes sur place (Baba Metsia 25a), ce R. Its’hak étant connu pour une seule Halakha dans le Talmud (cette halakha parlant de la position de Migdal des pièces de monnaie trouvées), il aurait été surnommé par les Sages « R. Its’hak de l’histoire du Migdal ».
Il l’écrit aussi dans son Mevo Hatalmoud (§17).

Le souci c’est que ce n’est pas sa seule Halakha, nous retrouvons aussi ce R. Its’hak Migdalaa dans Nida (27b) (et aussi 33a) ainsi que dans Yoma (81b) pour d’autres Halakhot…

[Néanmoins on pourrait imaginer qu’il ait été particulièrement connu pour cette halakha, mais à ce moment on ne comprend plus pourquoi il faudrait que ce traitement soit réservé uniquement à ceux qui auraient peu parlé dans le Talmud ?
Si un autre qui se retrouve fréquemment était connu pour une de ses halakhot, il aurait lui aussi pu être surnommé selon la halakha qui l’a fait connaitre.

Dans un cours, j’avais pensé expliquer que l’on surnommait plus facilement un Rav en fonction d’une explication qu’il avait donnée et qui permettait de comprendre une Halakha hermétique.]

Le Maharats ‘Hayes ajoute dans son Mevo Hatalmoud (§17, Kol Sifrei Maharats ‘Hayes tome 1 p.318) que personne avant lui ne s’était rendu compte de ce phénomène du nom ressemblant à la halakha qu’il énonce. (il peut parapitre étrange de se "vanter" ainsi, mais il n'est pas le seul à le faire, chacun sur un sujet.)

Je ne suis pas persuadé du tout qu'il fut le premier à s'en rendre compte.
Vous êtes certes venu après lui, mais je pense que comme vous (et moi aussi, avant de le lire -la première fois que j’ai tilté sur cela c’était dans Baba Batra 67b avec R. Aba Bar Mamal qui vient expliquer ce qu’est la partie qui s’appelle Mamal dans un pressoir à huile) d’autres se sont rendus compte que cela ne devait pas être un hasard, seulement personne ne l’aurait mis par écrit.

De plus, j’ai trouvé certains qui l’ont devancé et mis par écrit, comme R. Eliezer Zweifel dans son Saneigor (p.73) mais il est difficile de dire s’il a réellement devancé R. ‘Hayes car ce Sefer a été imprimé en 1885, alors que le Talmud Rom (Baba Metsia) avec les annotations de R. ‘Hayes date de 1883. Il se peut que R. Zweifel ait lu cette note du Maharats sur Baba Metsia (25a).

Par contre, le ‘Havot Yaïr (Niftar en 1702, soit plus d’un siècle avant la naissance du Maharats né en 1805) a assurément devancé le Maharats ‘Hayes, dans son Yaïr Netiv (manuscrit, daf 57).

Le Maharats n’a certes pas pu voir le manuscrit qui n’était pas imprimé (et ne l’est toujours pas, mais j’en ai une copie), cependant, une partie a été imprimée, et elle comporte ce point, et ça a été imprimé bien avant les annotations du Maharats ‘Hayes au Talmud, dans Beit Hamidrash de l’année 1865 à Vienne. Ce texte a donc vraisemblablement échappé au Maharats ‘Hayes.

Plus encore, j’ai trouvé que R. Yaakov Reifmann avait lui aussi devancé le Maharats ‘Hayes sur ce point et semblait avoir beaucoup à écrire sur le sujet.
Il le mentionne dans son Pesher Davar (I, p.21), imprimé à Varsovie en 1845 (donc 38 ans avant la note du Maharats ‘Hayes) en ne parlant que de R. Aba bar Mamal, mais en précisant qu’il avait beaucoup à dire sur ce phénomène et qu’il gardait ça pour une autre fois.
Cette autre fois ne semble pas être arrivée, ses notes se sont peut-être perdues, dommage.

Bref, contrairement à ce que croyait le Maharats ‘Hayes, il n’a pas été le premier à remarquer ce point, mais il a peut-être été le premier à le présenter comme un phénomène et à en donner l’explication qui est la sienne (et qui s’avère ne pas correspondre dans plusieurs cas).

D’autres explications ont été avancées mais aucune n’est pleinement satisfaisante.
J’ai lu une explication de Rav Kafi’h (celui qui est maladroitement appelé Rav Kapa’h, connu pour sa traduction du Moré Nevoukhim), il écrit que les auteurs du Talmud avaient parfois la possibilité de citer plusieurs Rabanim qui tous avaient dit la même Halakha, et ils auraient choisi celui dont le nom ressemblait à la Halakha, afin de faciliter aux élèves la mémorisation du rabbin auteur de la halakha puisqu’il fallait tout retenir à l’oral (à cette époque) et citer chaque chose « Beshem Omro ».

J’en avais parlé avec Rav Rozenberg en 2005, et lui avais livré cette explication de R. Kafi'h, il l'avait considérée comme nulle et non avenue.
Mais il n’avait pas d’autre explication (qui tienne la route) à proposer.

Peu après, j’en avais aussi parlé avec Rav Nathan Schulman (ancien Rosh Yeshiva de Slabodka) à Strasbourg, qui n’avait pas, lui non plus, d’explication au phénomène.

Je pense qu’il ne doit pas y avoir UNE seule explication, mais plusieurs qui toutes ensemble expliquent ces nombreuses occurrences.
Parfois ce doit être pour la raison du Maharats ‘Hayes, c-à-d que le Rav était connu pour telle Halakha et donc surnommé en fonction.
Pour R. Aba Bar Mamal où cette explication ne tient pas étant donné qu’il est souvent cité dans le Talmud, il convient de dire que c’était son véritable nom (c-à-d qu’il venait de la ville Mamal (ou Memel ?) et était donc appelé Bar Mamal, comme d’autres -par exp. R. Zeira Bar Mamal dans Kidoushin 9a) mais que portant ce nom, il était plus au courant de ce signifiait ce terme et c’est pour cela qu’il a su répondre à cette interrogation des rabbins qui se demandaient ce qu’est le Mamal dans un pressoir à huile.
(Ou encore, on peut dire comme je l’écris plus haut qu’on aurait choisi de le surnommer par cette halakha bien qu’il soit l’auteur de nombreuses autres Meimrot, étant donné que les Sages étaient coincés dans leur étude de la Mishna sans son explication, c’est donc en cela un enseignement plus précieux.)
Bref, il faut conjuguer les différentes explications et les additionner, puisqu’aucune d’entre elles ne se suffit à elle-même pour expliquer tous les cas.
bbinyo.
Messages: 0
Proposition de réponse :
J'ai vu une fois dans un kovetz paru en souvenir de Rav Yehezkel Avramsky, un article de son beau père Rav Yonathan Yeroushalaimsky, qui développe le principe de ''Halakha keRav beissouré'' ou comme tel ou tel rav, comment se fait il que tel ou tel rav ai toujours raison dans un sujet spécifique. En synthèse il explique que c'est ceux qui ont compilé le chass qui ont voulu faire de l'ordre et ont mis au nom de Rav beaucoup de dinim bien qu'il n'en était pas l'unique auteur. Ayen Cham.
On pourrait donc dire que la halakha au sujet de Avchalom a été dite aussi par d'autres rabbanim mais qu'elle a été citée au nom de Rabbi Chimon ben Avichalom pour une raison de seder, de yofi ou autre.
Reb Manès
Messages: 33
A moins d'avoir lu trop vite votre réponse encyclopédique sur ce sujet, je n'ai pas vu cité le petit livre génial de Rav Reouven Margoliot לחקר שמות ויכנויים בתלמוד dont le premier chapitre פסידונים בתלמוד est tout entier consacré à ce phénomène. Il identifie comme précurseurs du Maharitz Chajes des auteurs médiévaux à commencer par Rabbi Moshé de Narbonne (commentaire sur le Guide II:29). Puis le ספר יוחסין.
Il n'est pas convaincu par la théorie du Maharitz Chajes mais nous fait la bonté de citer 31 sages connus uniquement par leur pseudonyme puis une liste plus courtes de sages au nom duquel un pseudonyme a été rajouté.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
A Reb Manès:

Citation:
A moins d'avoir lu trop vite votre réponse encyclopédique sur ce sujet, je n'ai pas vu cité le petit livre génial de Rav Reouven Margoliot לחקר שמות ויכנויים בתלמוד dont le premier chapitre פסידונים בתלמוד est tout entier consacré à ce phénomène. Il identifie comme précurseurs du Maharitz Chajes des auteurs médiévaux à commencer par Rabbi Moshé de Narbonne (commentaire sur le Guide II:29). Puis le ספר יוחסין.
Il n'est pas convaincu par la théorie du Maharitz Chajes mais nous fait la bonté de citer 31 sages connus uniquement par leur pseudonyme puis une liste plus courtes de sages au nom duquel un pseudonyme a été rajouté.


Oui, en effet, j'aurais pu le citer.
Shame on me :)

Il y a encore d'autres textes que j'aurais pu citer, je n'avais pas la prétention d'être exhaustif, mais il est vrai que lorsqu'il y a tout un Maamar de Rav Reouven Margulies, ça se fait de l'indiquer.
Voilà qui est corrigé grâce à vous, merci.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
A Binyaminb :

Citation:
Proposition de réponse :
J'ai vu une fois dans un kovetz paru en souvenir de Rav Yehezkel Avramsky, un article de son beau père Rav Yonathan Yeroushalaimsky, qui développe le principe de ''Halakha keRav beissouré'' ou comme tel ou tel rav, comment se fait il que tel ou tel rav ai toujours raison dans un sujet spécifique. En synthèse il explique que c'est ceux qui ont compilé le chass qui ont voulu faire de l'ordre et ont mis au nom de Rav beaucoup de dinim bien qu'il n'en était pas l'unique auteur. Ayen Cham.
On pourrait donc dire que la halakha au sujet de Avchalom a été dite aussi par d'autres rabbanim mais qu'elle a été citée au nom de Rabbi Chimon ben Avichalom pour une raison de seder, de yofi ou autre.


J’ai plusieurs choses à dire :

1) Merci pour votre contribution.

2) Bravo, je vous félicite pour cette réponse.

3) Je vous félicite moins pour votre lecture ; c’est à peu près la réponse que j’ai citée au nom de Rav Kafi’h… Relisez-moi.

4) Et c’est à son sujet que j’ai rapporté le manque d’intérêt qu’elle avait suscité chez Rav Rozenberg ☹.

5) Quant au ‘hidoush dudit recueil (dommage qu’il n’ait pas été nommé avec plus de précision, ça permettrait d’accomplir votre « Ayen Cham » avec plus de facilité), a priori cette explication se heurte à une réalité : il y a aussi de nombreuses règles similaires de Psak Halakha comme untel ou untel, qui ont été édictées ultérieurement, par les Gueonim.

Si l’on ne veut pas admettre l’idée qu’on se fixe à suivre la halakha comme tel Rav dans tel domaine sous prétexte qu’il n’est pas raisonnable de penser qu’il y ait eu toujours raison, on ne pourra néanmoins pas s’accommoder de cette réponse qui veut que le nom y a été choisi en fonction de la halakha que l’on pensait juste, car les Gueonim n’ont pas modifié les noms des Baalei Meimrot, ils ont hérité d’un Shas déjà rédigé, mais cela ne les a pas empêché d’émettre des règles de Piska de cet acabit.
[Par exemple : Halakha systématiquement comme Mar Bar Rav Ashei sauf Meifekh Shvoua et Odita (Rosh Yoma VIII, §13 au nom des Gueonim, ou Halakha comme Rav Sheshet (Sheshat) Béissourei, qui est aussi une règle des Gueonim (Yad Malakhi §162).]

Fort de cette contradiction, je serai curieux de voir ça dans le texte.
Si vous avez un lien pour voir cette page ou au moins le nom du livre et l’indication de la page, je veux bien.
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