À Emmanuel BLOCH:
Je cite:
Citation:
pourquoi en fait ne met-on pas le talith katan directement sur la peau ? Est-ce 'Al Pi Kabbalah, ou bien une exigence halakhique ?
Il y a un peu des deux.
Les sources ésotériques sont le
Pri ets 'Haim (tsitsit §1) et le
Shaar Akavanot (tsitsit 1 et 6) qui indiquent qu'il faut mettre son Talit Katan en sandwich entre deux couches d'habits; pas à même la peau, ni au-dessus de tous les habits.
C'est ainsi que le
Arizal plaçait son Arba Kanfot.
(et c'est là l'origine du gilet tant affectionné par les 'hassidim, il sert à recouvrir la talit katan qui sera pourtant SUR la chemise.)
[Contrairement au
Shoul'han Arou'h (O"H §VIII,11) qui préconise de le mettre au-dessus de tous les habits.]
Pour ce qui est du paramètre plus "ala'hique", le
Shout Rivevot Ephraïm (IV, §15) mentionne une idée de "bizouy 'hefets mitsva"-que placer le talit à même la peau, serait incompatible avec le respect qui lui est dû.
Il n'est pas impossible que les raisons du
Arizal ne dépassaient pas cette considération, on ne sait pas trop pourquoi il refusait de le mettre directement sur le corps.
Certains
(Piskei Tshouvot I, §8, 22, note 195) ont même pensé qu'il ne s'agissait que d'un problème technique; étant vêtu - au corps - d'une longue djellaba (ou similaire), si son arba kanfot était placé au-dessous, il ne pourrait pas regarder ses tsitsiot. Or selon le
Arizal (lui-même) (dans
Shaar akavanot op cit) il est très important de regarder ses franges (même si les tsitsiot doivent - selon certaines compréhensions dudit
Arizal- être rentrés sous les habits, il faut les sortir de temps à autre "en privé").
Cette idée du
Rivevot Ephraïm, d'interdire cette position du talit, est contrée par
Rav Auerbach (Ali'hot Shlomo §3, 11).
Voir aussi le
Or Letsion (II, §2, 4 -p.29) qui permet et cite le
Rambam (Peer Ador §7) pour qui il n'y a pas d'incompatibilité avec le respect dû au talit katan.
Bref, disons que le problème "purement ala'hique" est mineur étant donné les opinions permissives.
Mais même en occultant ce dernier, il reste à interpréter le problème occulte, qui pour le coup est clairement obscur
(pour le plus grand plaisir de Léonard de Vinci et Rembrandt).
Si l'on se fie au
Piskei Tshouvot (op cit), le problème ne serait plus d'actualité (car on peut mettre le talit à même le corps et sortir de temps en temps les tsitsiot pour les contempler).
Si l'on attribue des raisons plus mystiques à la démarche du Arizal, ce sera moins évident.
Citation:
En été ou en Israël, mettre un vêtement sous les Arbah Kanfot, puis le talith katan, puis une chemise par-dessus peut être une véritable gêne les jours de grande chaleur (le chabbat encore plus, pour peu que l'on soit en costume avec le Talith Gadol à la synagogue).
En fonction de ce qui précède, on comprendra que ce n'est pas une koula farfelue et audacieuse que de mettre son talit katan directement sur le corps. Il sera donc permis lorsqu'il fait trop chaud de supprimer le tricot de corps.
(On pourra aussi supprimer la veste de costume. Certes elle est nécessaire pour le kavod du shabbat, mais il faut aussi se soucier du Oneg shabbat et transpirer pour porter une veste n'est peut-être pas souhaitable.)
Citation:
Est-ce que le Tsa'ar engendré est un paramètre permettant "d'alléger" ?
C'est une large question que de savoir fixer le degré de pénibilité à accepter pour l'accomplissement de chaque mitsva, mais nous allons l'éviter car de toute manière, pour la mitsva qui nous occupe (tsitsit), un autre paramètre interfère en amont:
Une svara trouvant source chez les
rishonim (Tosfot Nida 61b et autres) et qui est connue comme étant de
rav Elyashiv stipule que celui qui souffre du port de son arba kanfot n'accomplit PAS la mitsva.
Voir
Shilei dekayta (§89, 14) et Ashrei Aïsh (O"H I, §2, 23)
Même s'il me semble que
Rav Auerbach (Min'hat Shlomo II, p.19, §4) ne partageait pas cet avis, que le
Az nidberou (II, §55) s'y opposait fermement et que
rav Sternbuch (Tshouvot veanagot I, fin de §18) expliquait la position du
Tosfot (nida 61b) autrement, je penche nettement
(peut-être aveuglé par le sho'had?) pour l'opinion de
rav Elyashiv étant donné que le 'hiyouv de porter un arba kanfot est très relatif.
[Surtout le shabbat où l'on conjuguera d'une part un certain 'hshash (qui s'impose dorénavant mais que je préfère ne pas mentionner) et celui des briskers qui craignent un accident invalidant les fils qui entraînerait un port interdit le shabbat, avec d'autre part le sacro-saint Oneg shabbat.]
D'autant que
rav 'Haim Kanievsky suivait en cela son beau-père (=
rav Elyashiv)
(et là c'est l'inverse de l'effet du sho'had... veda"l) et pense que c'était aussi la position du
'Hazon Ish (Cf. Kobets Or Israel XXV, p.235)