C'est indiqué dans le
testament de rabbi Yehouda 'Hassid (§23) "
ne pas épouser une femme qui porte le même prénom que sa mère (celle du mari)".
Il écrit la même chose au masculin, les prénoms du gendre et du beau-père ne doivent pas être identiques.
Il interdit aussi le mariage de deux personnes dont les pères (ou les mères) portent le même prénom...
Ce testament est aussi la source de plusieurs idées comme ne pas cirer ses chaussures le jour d'un voyage
(§39), ne pas se couper les cheveux ou les ongles à Rosh 'Hodesh
(§48)....
Chez les sfaradim il n'y a pas vraiment l'habitude de prendre garde à ce testament même si le
'Hida dans son
Shout Yossef Omets (§37) et
rabbi 'Haim Pallagi dans
Roua'h 'Haim (even aezer §62, 13)y accordent de l'importance. (voir aussi dans
Yossef Omets §40, 2). Voir aussi le
Ziv'hei Tsedek 5§116, 81).
Nous trouvons des rabanim sfarades dont l'épouse portait le même prénom que leur mère, comme par exemple
Rabbi Yehouda Arié de Modène dont la mère et la femme se prénommaient Ra'hel.
Cependant sa mère avait un petit shinouy ashem en Diana, mais ce n'était pas tout à fait sérieux car il écrit lui-même dans
'Hayei yehouda (p.28) qu'il ne pouvait pas nommer sa fille Ra'hel au nom de la grand-mère car c'est aussi le nom de sa femme, c'est pourquoi il a appelé sa fille Diana.
[Tiens ! Diana, mais ce n'est pas très biblique ça, il faut le dire à rav Kanievsky! voir :
http://www.techouvot.com/prenom_fille_et_signification-vp42724.html#42724 ]
Toutefois, même si on est ashkenaz, il ne faut pas s'interdire un mariage pour cela car le testament d'un rav si grand soit-il n'a pas valeur de din et ne saurait être contraignant.
Si la situation se présente, l'habitude est de changer légèrement l’appellation de l'épouse (qui peut garder son prénom par rapport aux autres). Ainsi on ne contrevient pas expressément aux consignes de la Tsavaa.
Par exemple, si les deux se nomment Rachel, le fils de Rachel appellera sa femme Ra'hel (en hébreu) et cela suffit.
Selon l'idée du
Thora Tmima (bereshit XXXII, 11) c'est tout à fait compréhensible.
Aussi, si l'une des deux porte un second prénom, cela suffira.
voir
Shout Imrei Esh (Y"D §60),
Shout Zi'hron Yehouda (II, §146 et §187),
Shout Torat 'Hessed (§39),
Shout Maarsham (V, §28)
Shout Shev Yaakov (§23)
Tsema'h Tsedek (even aezer §143)
et aussi
Shout Mishpate'ha leyaakov (Y"D §42).
Le
Shout Ne'hamat Yossef (§24) écrit que lorsque la bru se nomme 'Hana comme sa belle-mère mais que l'une est surnommée 'Hantshe et l'autre Enny, il n'y pas lieu de s'inquiéter de la tsavaa.
Il y a énormément d'a'haronim qui limitent l'application des écrits de
Rabbi Yehouda 'Hassid, par exemple le
'Ho'hmat Adam (§123, 13) écrit que le "problème" des prénoms communs n'est préjudiciable que "bemeshoulashim", c-à-d que ça se répète sur trois générations (une dame, sa bru et la bru de sa bru).
Cette assertion semble sortir du chapeau (du
rav Danzig) mais en dehors du fait qu'elle est partagée par le
'Hatam Sofer (Shout 'Hatam Sofer, Even aezer §116), elle trouve sa source dans le
Sefer 'Hassidim du rabbi Yehouda 'Hassid en personne
(§477).
Cependant, dans le texte de la Tsavaa (testament), ce n'est clairement pas ce qui est dit.
C'est pourquoi on ne s'étonnera pas de trouver plusieurs opposant à cette idée, comme le
Maarsham (I, §136) et (V, §28) ainsi que le
Min'hat Elazar (III, §13).
Le
Gaon Rabbi Ye'hezkel Landau écrit avec pertinence dans son
Noda Biyehouda (II, even aezer §79) que ces injonctions de
rabbi Yehouda 'Hassid ne sont adressées qu'à sa descendance seulement, ceux qui ne se savent pas descendants de ce rav ne sont donc pas concernés par sa tsavaa.
Il le prouve en argumentant qu'étant donné que l'on trouve dans le Talmud des beaux-pères (des me'houtanim) qui portaient le même prénom et la recommandation d'épouser sa nièce (ce qui est interdit dans la
tsavaa §22) si ce texte de
Rabbi Yehouda 'Hassid venait interdire cela à tous les juifs, il serait contredit par le Talmud et donc nul et non avenu.
Par conséquent, la seule valeur que l'on peut accorder aux écrits de ce
rabbi Yehouda 'Hassid serait à condition de dire qu'il ne s'adressait qu'à sa descendance pour laquelle il aurait vu -beroua'h akodesh- que les alliances de ce genre de réussiraient pas.
(il y a encore d'autres prescriptions dans cette tsavaa qui se trouvent contredites par le Talmud.)
Voir encore
Shout Maaram Mintz (§79),
Tsema'h Tsedek (even aezer §143),
Shout Shev Yaakov (§23)
Voir aussi
Shout Arougat Abossem (Y"D §118).
Là aussi, il y a dire et à redire, mais je manque de temps pour le faire.
J'indiquerais seulement que du texte même de la Tsavaa, il semblerait que son auteur ne l'adressait pas uniquement à sa descendance. (Voir
§41 où il mentionne ce que font certaines familles et cette précision ne trouve pas vraiment sa place s'il ne s'adressait qu'à la sienne. Cette déduction est fort discutable, mais encore une fois, je manque de temps).
Voir encore le
Divrei 'Hayim (I, even aezer, §8) et le
Maarsham dans ses
agaot au Sefer 'Hassidim qui s'opposent au
Noda Biyehouda.
D'un autre côté, le
Shout Shem Arié (Y"D §27) ira encore plus loin en soutenant que cette tsavaa ne concernait que ses enfants et non la suite de sa descendance.
Il cite pour preuve le
Maarsha qui aurait dit être descendant de
Rabbi Yehouda 'Hassid et malgré que ce dernier "interdit" de nommer son fils Yehouda ou Shmouel, le
Maarsha soulignait qu'il s'appellait Shmouel et son père Yehouda.
Le
Yad 'Hano'h (§38) écrit que cette Tsavaa n'était applicable qu'à l'époque de l'auteur mais ne l'est plus aujourd'hui.
Le
Imrei David (§20) penche aussi pour cette idée mais en était moins convaincu.
Ceci étant dit, de nombreuses communautés s'astreignent autant que possible à respecter ce testament, même si tout porte à croire que ce n'est nullement nécessaire.