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Toujours un livre sous le bras

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MrQuestion
Messages: 161
Bonjour Rav Wattenberg,

Quand on regarde les photos des rabanims on les voit souvent un sefer dans les bras, on dirait qu'ils sont toujours en train d'étudier la torah avec ferveur.
C'est parce qu'il ne voulait pas perdre un moment de leur étude?

Merci
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
Je pense que c’est un effet de mode -et pas forcément qu’on aurait dû les arracher une minute à leur étude.

Peut-être (et certainement) que certains étudiaient vraiment tout le temps et se sont retrouvés avec un livre au moment de la photo, mais pour la majorité c’était une pose convenable pour un rabbin.
Certains sont assis à leur table d’étude, d’autres tiennent la plume en main, pour écrire leurs ‘hidoushim et leurs réponses.

Vous pensez bien qu’à l’époque où il fallait se déplacer et aller chez le photographe (ou l’inviter à venir chez soi), on ne prenait pas une photo en une seconde comme on le fait aujourd’hui depuis l’ère de la photo numérique (-où il n’y a même plus à se soucier de la pellicule, prendre une photo ne coûte plus rien).
Dès lors, la prise d’une photo n’était pas anodine et on prenait le temps de « poser ».

Voyez aussi dans Tiferet Adam (Gliksman) (p.62) où il raconte que son père -lorsqu’il a décidé de se faire prendre en photo, est allé chez le photographe en se préparant, s’habillant bien et en emportant un sefer ‘Hok LeIsrael pour se faire photographier avec.
Il en parle comme d’une habitude normale, choisir un sefer et le prendre avec soi pour se faire photographier.

CQFD.
rav a s
Messages: 37
Bonsoir Cher Rav Wattemberg Chlita,

Très belle réponse (comme toutes vos réponses), et surtout avec une excellente preuve à l'appuie !

Cependant, peut-on vraiment généraliser celle-ci à tous les rabbins qui poseraient en se ''montrant'' avec un livre?

Je me souviens d'une petite anecdote au sujet du Rav Yehouda Tsadka qui était arrivé une fois au Beth Aknesset un peu avant le minyan du Nets et commença à étudier avec un livre, puis soudainement il le referma affirmant qu'il ne voulait pas entrainer de Gnevat Daat aux gens qui arrivaient pour prier et qui pourraient interpréter qu'il étudia toute la nuit…

J'ai aussi d'autres anecdotes rejoignant le même ordre d'idée où des Rabbanims dissimulaient/fermer leur livre d'étude devant les curieux visiteurs justement par modestie.

Cordialement
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
Citation:
Très belle réponse (comme toutes vos réponses), et surtout avec une excellente preuve à l'appuie !
Cependant, peut-on vraiment généraliser celle-ci à tous les rabbins qui poseraient en se ''montrant'' avec un livre?

Je me souviens d'une petite anecdote au sujet du Rav Yehouda Tsadka qui était arrivé une fois au Beth Aknesset un peu avant le minyan du Nets et commença à étudier avec un livre, puis soudainement il le referma affirmant qu'il ne voulait pas entrainer de Gnevat Daat aux gens qui arrivaient pour prier et qui pourraient interpréter qu'il étudia toute la nuit…
J'ai aussi d'autres anecdotes rejoignant le même ordre d'idée où des Rabbanims dissimulaient/fermer leur livre d'étude devant les curieux visiteurs justement par modestie.


Je ne dis pas qu’il ne peut pas y avoir un rabbin qui était effectivement en train d’étudier, je dis juste que nous constatons qu’il y avait une "mode" de se faire photographier avec un Sefer.

Il ne faut pas interpréter cette mode comme de la Gneivat Daat ni de la prétention, ou une manière de se montrer très Matmid (assidu), surtout à une époque où cette mode existait réellement, personne n’était trompé ni ne voyait une marque de Hatmada (assiduité) au fait d’avoir été pris en photo avec un livre, puisque tout le monde savait que c’était une pose classique.

On prenait des photos pour pouvoir montrer les (arrière-)grands-parents aux (arrière-)petits-enfants, le message que l’ancêtre rabbin voulait faire passer à sa descendance était qu’il fallait étudier la Torah et que c’était ce qui était important dans leurs vies.
Certains se font prendre en photo avec leur voiture ou leur bateau, les rabanim se faisaient prendre en photo avec une Gmara ou un Sefer.

Il n’y avait donc aucune Gneivat Daat (tromperie), ni aucun orgueil, ni aucune prétention, c’était une habitude, assumée et connue.

Cette mode est allée si loin qu’il est arrivé, comme dans le cas de Rabbi Yehouda Aszod (appelé -par erreur- en Israël R. Yehouda Assad), qu’on ne puisse aucunement dire qu’il était en train d’étudier ; la photo très connue de ce Rav (où il est assis et tient un sefer dans les mains) a été prise … post-mortem !

Il avait toujours refusé de son vivant d’être photographié, mais il l’a été après son décès, à l’initiative de ses proches, avec pour but de vendre la photo pour pouvoir, avec la recette, marier les deux filles (déjà âgées) du Rav.
Ils l’ont assis, lui ont mis ses habits de shabbat et un sefer dans les mains, et ont fait venir le photographe !
Voir Or’hot Rabénou (éd.2014, I, p.341).

Dès que la photo a été commercialisée, ça a déclenché toute une polémique et des rabanim ont crié au Zilzoul du défunt Rav. Voyez Vayelaket Yossef (Ma’hberet VIII, Kountras 8, §80).

Le petit-fils de Rav Aszod, R. Yehouda Goldstein, écrit dans la biographie du Rav Aszod imprimée au début du Divrei Maharia sur la Torah (p.32), que tous ceux qui ont pris part à cette mise en scène ont été punis Min Hashamayim et en sont morts.

En tout cas, ce qui est certain, c’est que le Rav n’était pas avec un sefer en main car il était en train d’étudier. Même s’il étudiait Beyeshiva shel Maala à ce moment, il n’avait pas besoin de ce sefer.

Le Rav Shlomo Dana (Tunisie) a lui aussi été photographié post-mortem, c’est son portrait connu. (cf. R. Méir Mazouz dans Or Torah, année XII, ‘hovéret 9).
Il est décédé le 29 Sivan 1913.
(La Rav Aszod aussi est décédé en Sivan, le 23. En 1866).

Avant que les appareils photo soient utilisés, nous trouvons des choses similaires : le portrait connu de Rav Yonathan Eybeschütz semble aussi avoir été peint après la mort du Rav (21 Eloul 1764) (tiens, ce n'est plus en Sivan), car de son vivant il y était opposé (Yearot Dvash daf 12a) [mais il se peut que l’artiste ait accompli cette prouesse sans modèle sous les yeux, uniquement de mémoire, comme l’a fait un peintre anglais pour le ‘Hakham Tsvi (de son vivant, mais ce dernier refusait de poser et ne voulait pas qu’il y ait un portrait de lui. C’est donc par ruse et uniquement de mémoire que ce tableau a été produit].

Il faut souligner que ce portrait aussi représente le Rav Eybeschütz avec un livre en main -alors qu’il n’était pas en train d’étudier, le peintre aurait pu le représenter sous toutes les formes et dans toutes les positions, mais pour un rabbin, la mode était de le représenter avec un livre.

Idem pour le fameux tableau du ‘Hakham Tsvi, où il tient là aussi un livre, alors qu’en réalité il a été peint de mémoire, suite à une discussion provoquée par le peintre à l’initiative des fomenteurs de cette ruse [cf. Meguilat Sefer (Bik, p.57) et Shéilat Yaabets 5I, §170)].

Il y a aussi un tableau peint du Shaagat Arié mort (25 Tamouz 1785), mais ils n’ont pas essayé de faire croire qu’il était vivant, il est peint allongé et décédé.
[Il semblerait finalement que ce ne soit pas le mois de Sivan, mais les nombres impairs de la vingtaine (21,23,25,29).]


Dernière édition par Rav Binyamin Wattenberg le Dim 28 Mai 2023, 19:41; édité 1 fois
rav a s
Messages: 37
Hazak pour cette belle réponse enrichissante et rapide !
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