La Guemara (Ta‘anith 21a) rapporte que Na‘houm ich Gamzo, l’un des maîtres de Rabbi ‘Aqiba, était à la fois aveugle, manchot et cul-de-jatte. Il devait son nom à ce qu’il affirmait à chaque instant : Gam zou le-tova ! (« Même cela est pour le bien »).
Un jour, les rabbins décidèrent d’offrir un cadeau à l’Empereur romain afin de se concilier ses bonnes grâces envers le peuple juif.
Na‘houm ich Gamzo fut choisi pour apporter au monarque ce cadeau, constitué de pierres précieuses et de perles rares.
Alors qu’il était descendu dans une auberge pour y passer la nuit, il fut dévalisé de son précieux bagage par des voleurs qui remplacèrent son contenu par du sable avant de prendre la fuite.
Lorsque Na‘houm ich Gamzo fut introduit auprès de l’empereur, celui-ci ouvrit le coffret et, n’y trouvant qu’un amas de sable, fit éclater sa colère et condamna à mort son porteur, ordonnant qu’il soit exécuté en grande pompe.
Na‘houm ich Gamzo, tout aussi surpris que le monarque, ne put que s’écrier, selon son habitude : « Gam zou le-tova ! »
La nuit suivante, le prophète Elie apparut devant l’empereur sous l’apparence d’un de ses courtisans.
« Majesté, intercéda-t-il, vous croyez probablement que les Juifs ont voulu se moquer de vous. Mais rappelez-vous leur ancêtre Abraham, au sujet duquel il est écrit : “Il les livra à son épée comme de la poussière, et à son arc comme de la paille chassée [par le vent]” (Isaïe 41, 2). Il jeta contre ses ennemis des poignées de sable, et celles-ci se transformèrent en épées. Quant à sa paille, elle se changea en flèches mortelles. Pourquoi ne pas essayer de faire comme lui ? Le sable qui vous a été donné est peut-être une arme secrète. »
Ainsi fut fait, et les ennemis de l’empereur furent mis en déroute par le sable de Na‘houm.
Inutile de dire que celui-ci retrouva la faveur impériale et qu’il fut renvoyé chez lui avec tous les honneurs.
De passage dans l’auberge où il avait passé la nuit, et le tenancier, qui n’était autre que l’un des voleurs, lui demanda comment il avait rempli sa mission.
« Je n’ai apporté à l’empereur que ce que j’avais emporté d’ici, répondit Na‘houm. »
Flairant la bonne aubaine, l’aubergiste chargea plusieurs de ses ânes de sacs de sable, et il les apporta à l’empereur en l’assurant des vertus magiques de leur contenu.
Mais le miracle qu’il attendait ne se produisit pas, et le roi le fit exécuter.
Et lorsque Na‘houm apprit la fin de l’histoire, il ne fit que soupirer : « Gam zou le-tova ! »