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Le nombre apporte-t-il la braha ?

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cheelnaute
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Bonjour Rav

En se basant sur la Gmara Ktouvot 103a, "birkat habayit berouba", doit-on comprendre que plus un foyer possède de membres, plus ce foyer est susceptible d'être un réceptacle à la braha ?
Une maison avec plus d'enfants sera-t-il en quelque sorte théoriquement "plus béni " par Hashem (meilleure parnassa, protection de santé etc.) ?

Désolé pour l'aspect confus de la question.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
Citation:
En se basant sur la Gmara Ktouvot 103a, "birkat habayit berouba", doit-on comprendre que plus un foyer possède de membres, plus ce foyer est susceptible d'être un réceptacle à la braha ?
Une maison avec plus d'enfants sera-t-il en quelque sorte théoriquement "plus béni " par Hashem (meilleure parnassa, protection de santé etc.) ?

Désolé pour l'aspect confus de la question.


Le pshat le plus évident dans cette Gmara est de dire qu’il y a certains frais fixes qui ne varient pas vraiment en fonction d’un habitant supplémentaire dans la maison.
Par rapport à de nombreux postes de dépense, une personne qui vit seule va dépenser la même chose que s’ils étaient deux. Par exemple, une personne seule achètera une table ou un canapé, et s’ils sont deux ils n’achèteront pas deux tables ni deux canapés.
Dans le langage rabbinique (Shabbat 122a), on appelle ça « Ner Leé’had, Ner Leméa » (une lampe pour un, une lampe pour cent. C-à-d que l’augmentation de personnes habitant la maison n’imposera pas d’augmenter le nombre de luminaires, l’éclairage nécessaire pour une personne, suffit à plusieurs personnes).

Ce qui va augmenter, c’est surtout la nourriture et la boisson, et même là, il ne s’agira pas systématiquement du double.

Néanmoins, je ne puis vous cacher que certains comprennent de quelques Rishonim qu’il y aurait effectivement une Brakha liée au nombre d’individus résidant dans l’appartement.
Ils se basent sur Rashbam (Baba Batra 144b) qui écrit : שאילו היה דר עמהן היה הבית מתברך בגללו.
Mais je ne pense pas que ce soit son intention, à mon avis il ne voulait que dire ce que dit Rashi (Ktouvot 103a) : בני אדם שעוזרין זה את זה משתכרין ומזל דרבים עדיף.

Il se trouve que le Ritva (Ktouvot 103a) a effectivement compris ce Rashi comme s’il s’agissait de deux explications distinctes ; la participation de chacun au foyer, ET le Mazal augmenté [voici ses mots, à moins qu’il ait eu une version différente du Rashi comportant le terme ועוד, il explique de lui-même que telle était l’intention de Rashi :
פי' רש"י ז"ל כיון שהם רבים ועוזרים זה לזה ועוד דמזלא דרבים עדיף. ולפ"ז לא אתו שפיר הא דפרכינן וליתבו לה לפי ברכת הבית. והנכון דברכה מרובה משום דנר לאחד נר למאה].

Le fait est que le Ritva lui-même objecte contre cette explication qu’il attribue à Rashi et explique qu’il faut comprendre cette notion de Brakha par le principe cité plus haut « Ner Leé’had, Ner Leméa ».

Pour ma part, je n’aurais pas vu dans Rashi cette volonté de parler de deux explications distinctes, mais puisque chacun participe au foyer, il en résulte que la Brakha est supérieure.
Et c’est aussi la compréhension que j’ai du Rashbam, la bénédiction du foyer vient du fait qu’un membre supplémentaire apportera sa contribution (en réparant un meuble alors que l’autre membre ne sait pas le faire, ou en trouvant un objet, ou en ayant des amitiés/connexions avec les bonnes personnes, ou en apportant son savoir faire pour un domaine précis, etc. etc.).

C’est aussi de cette manière que je comprends le « Yesh Mefarshim » cité par Tosfot (Baba Batra 144b). Après avoir cité le Rabénou ‘Hananel qui interprète cette Brakha comme dit plus haut par « Ner Leé’had, Ner Leméa », le Tosfot cite « certains » qui expliquent que le Mazal de deux est supérieur (au Mazal du solitaire).
Ce « certains » correspond à l’explication du Rashbam et je la comprends comme je comprends le Rashi.

Bref, selon ma lecture, il n’y a pas une Brakha « magique » qui s’ajoute en fonction du nombre d’habitants d’une même maison.
Néanmoins, comme vous parlez spécifiquement d’enfants, il y a un autre aspect qui pourrait ressembler à cela, c’est une certaine compréhension de ce que dit la Gmara dans Nida (31b) בא זכר בעולם בא ככרו בידו que certains comprennent comme voulant dire que le petit bébé vient au monde en ayant son petit pain sous le bras (en apportant le surplus de Parnassa nécessaire à sa présence).

Cependant, cela ne concernerait que le garçon et non la fille, voyez Nida (31a).
Voilà qui expliquerait peut-être la stupéfiante déception occasionnée par la naissance d’une fille chez une partie des Sfaradim qui préfèrent avoir des garçons 😊.

Comme j’ai répondu à une question sur Scholem aujourd’hui, j’indiquerai que chez les Ashkenazim nous trouvons l’inverse : Guershom Scholem raconte qu’à sa naissance, sa grand-mère paternelle était tellement déçue que ce ne soit pas une fille, qu’elle n’adressa plus la parole à sa bru durant plusieurs mois ! (De Berlin à Jérusalem, Paris 1984, p.32)

Le point commun c’est l’aspect loufoque qui tend à responsabiliser la mère, comme si ça dépendait de son choix…
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