Maïmonide définit, dans son « Guide des Egarés » (Troisième partie, chapitre 17), cinq possibilités d’envisager la providence divine :
1. Certains professent qu’il n’y a pas de providence, et que Hachem n’intervient d’aucune façon dans la marche du monde. C’est ainsi que raisonnent les adeptes d’Epicure. C’est aussi la vision la plus éloignée qui soit du judaïsme.
2. On peut dire aussi, comme le fait Aristote, que Hachem intervient dans certains domaines, et qu’Il abandonne les autres au hasard.
3. On peut dire aussi, comme le font les Musulmans, que rien n’est abandonné au hasard ni au libre-arbitre, et que tout résulte de la volonté de Hachem. Le judaïsme rejette cette manière de voir.
4. L’homme possède le libre-arbitre, il dispose de la possibilité d’agir à son gré, et Hachem n’intervient pas dans ses actes. Il est à noter que si cette façon de voir a été longtemps celle des Juifs réformés, ceux-ci tendent à considérer aujourd’hui que Hachem intervient effectivement dans le monde, mais par la persuasion et non par la coercition. Il agit par l’inspiration et la création d’opportunités d’agir, et non par des miracles ou des violations des lois de la nature.
5. La cinquième possibilité est celle qui a les faveurs de Maïmonide : Hachem n’intervient pas dans l’ordre naturel afin de protéger ceux qui sont dignes de Ses faveurs de toute occurrence maléfique. C’est au contraire lorsqu’un homme a atteint un degré très élevé de communion intellectuelle avec Lui qu’il se met à l’abri des infortunes terrestres.
Rien n’est dissimulé au regard de Hachem, et l’humanité ne Lui fait rien perdre de Sa toute-puissance. En revanche, la providence est une conséquence nécessaire de l’intellect. Car elle ne peut s’émaner que d’un esprit absolument parfait, et ceux qui sont touchés par cet influx divin le sont également par la providence.
Cette position, affirme Maïmonide, est en harmonie non seulement avec la raison, mais aussi avec nos textes et nos traditions.