Citation:
Je regardai récemment le mishna broura qui ramenait le concept de " ene marbé bekadichim ".
De ce fait, je me posais une question : quand personne dans le kahal ne récite kaddich, si nous sommes yatom ( de père ou de mère, pas forcément dans l'année de deuil ) , peux on spontanément faire kadish, comme je vois certaines personnes le faire quand il n'y a pas de kaddich récité ?
N'est-ce pas contraire à ce principe de ene marbé bakadishim ?
L’idée est de ne pas multiplier les Kadishim « en vain », mais pour les kadishim du rite habituel (les 7 Kadishim, ou 12 selon le Arizal), c’est différent.
Lorsque vous voyez un Yatom faire le kadish en fin de Tfila, il s’agit d’un kadish « rituel », idem pour le Kadish de "fin des korbanot de début de Sha’harit", selon le Arizal il est impératif de conclure cette récitation par un Kadish. Etc.
Chaque Kadish « obligatoire » selon le Minhag sera récité dès qu’une personne s’y prête, parfois même, selon certains minhaguim, le ‘Hazan pourra dire un Kadish s’il n’y a pas d’orphelins dans la salle -mais ce n’est pas l’usage répandu, qui veut que celui qui a encore ses parents ne récite en aucun cas ce Kadish réservé à l’orphelin.
Le
Mishna Broura (§55, sk.1) dont vous parlez s’oppose aux Kadishim « provoqués » par une petite Halakha suivie d’un Rabbi ‘Hanina etc., mais si vous le lisez attentivement, vous verrez qu’il parle de ceux qui provoquent ainsi PLUSIEURS kadishim, c-à-d qu’ils vont répéter l’opération plusieurs fois, à coup de petits enseignements volontairement séparés afin de « gagner » plusieurs Kadishim.
Ce qu’écrit le
Mishna Broura (comme souvent) est pris du
Baer Heitev, vous y verrez la même chose avec les mêmes mots et la source étant le
Knesset Hagdola (Hag. Tour §55) et le
Shout Dvar Shmouel (§183).
Il ne faut pas être Marbé Bekadishim, c’est le même principe que pour les Brakhot où l’on évite d’en faire en trop.
Cela signifie qu’on peut bien sûr faire les brakhot nécessaires, qu’il ne faut surtout pas faire une Brakha Levatala, mais qu’on se doit d’éviter aussi une Brakha Shéeina Tsrikha
(=une brakha qui n’est pas Levatala, mais dont on aurait pu se passer, comme faire une Brakha sur un aliment, alors que l’on compte faire Netila et Motsi juste après).
Mais si l’on dit, en fin de Tfila, une ou deux Halakhot, puis un Rabbi ‘Hanina etc. on peut dire Kadish à la suite.
Certaines communautés s’arrangent quand même à faire deux Kadishim sur du limoud en fin de Tfila, en séparant Torah Shebikhtav de Shebeal Pé ; c’est ce qui se faisait en Irak et le
Ben Ish ‘Haï (I, Vaye’hi §9) atteste et justifie ce Minhag.
En récitant un peu de Torah Shebikhtav (par exp. des Tehilim) ils disaient ensuite un Kadish Yehé Shlama, puis ils récitaient un peu de Torah Shebeal pé pour pouvoir dire un Kadish Al Israel.
L’idée serait que le problème d’être Marbé Bekadishim ne s’appliquerait pas d’un kadish à l’autre, mais uniquement dans la même catégorie.
Je crois que ce principe est aussi suivi dans certaines communautés ‘Habad, qui font deux Kadishim, un kadish Al Israel à la suite d’une Halakha, puis ils récitent des Tehilim et font un Kadish Yehé Shlama.
Comme le minhag du Ben Ish ‘Haï.
A priori, le concept du Ribouy Kadishim étant calqué sur le problème de Brakha Shéeina Tsrikha, on ne devrait pas distinguer chaque catégorie de Kadish, mais considérer leur socle commun et éviter ce qu’autorise le Ben Ish ‘Haï.
Cependant, en comprenant que le Minhag rend le Kadish « rituel » et admis, les communautés qui suivent ce Minhag (comme ‘Habad) n’ont absolument pas besoin de revoir leur habitude.
Par contre, il ne conviendra pas -a priori- d’adopter ce Minhag dans une communauté qui ne le pratiquait pas jusque-là.
Aussi, de manière (beaucoup) plus générale, il ne convient pas, à mon sens, d’allonger le temps des prières qui est déjà largement plus long que celui de nos ancêtres.
Nos Sages se sont montrés particulièrement rigoureux concernant la Tir’ha Detsiboura dans le cadre du rite synagogal.
Ajouter un Kadish supplémentaire implique une responsabilité très conséquente et n’est certainement pas, de nos jours, en France, un bon choix.
[Mais il faudra aussi parfois savoir s'adapter en fonction des besoins spirituels des fidèles, selon les situations.
Je me souviens avoir prié à la Shul de Manalapan NJ, il y a un peu plus de 20 ans, et il y avait un score remarquable de Kadishim récités en fin de Tfila.
D'une part le Rav était Loubavitch et d'autre part, la communauté devait passer par là pour attirer et faire participer les juifs des alentours.]
PS: je suis désolé de ne pouvoir me relire et vous prie d'excuser les fautes.