Citation:
Il y a une institution קרן והשיב qui s'occupe de rendre l'argent à celui dont on ne connait pas l'identité
Voilà une plaquette de présentation :
https://files.yadmeir.co.il/horadot/krn_vhshiv.pdf
Je crois que le concept est d'acquérir l'argent dû pour le compte du "créancier". D'ici à ce que celui-ci soit découvert et vienne récupérer son argent (au plus tard avec le Mashiah), l'argent est prêté comme dans un Gmah classique, dont les mérites des prêts reviennent au "créancier".
Que pensez-vous de ce système ?
Je ne connaissais pas.
J’ai lu leur publicité, ainsi que les approbations rabbiniques qui y sont rapportées et je dois dire que je reste dubitatif.
Le principe de cette institution est que celui qui sait qu’il a « volé » une somme mais n’en connait pas le propriétaire
(il a rayé une voiture, emprunté une petite somme et a oublié qui la lui a prêtée, pas sûr que la caissière ait bien compté chaque produit du caddie, etc.), dépose une somme en prêt à ce Gma’h, qui lui, va prêter de l’argent à des nécessiteux jusqu’à la venue d’Eliahou Hanavi
(qui sera alors supposé indiquer à chacun combien il doit et à qui) et à ce moment, chacun récupère sa somme pour rembourser son dû -et on gagne qu’en attendant, on a en plus prêté de l’argent à des pauvres.
C’est magnifique, mais ça n’a pas grand-chose à voir avec le sujet.
Il ne s’agit pas vraiment d’un Tikoun du vol, ce dernier s’opérera à la venue d’Eliahou qui indiquera à chacun combien rembourser et à qui.
C’est juste une suggestion de créer un Gma’h de prêt d’argent avec ces sommes. C’est assurément une bonne chose de créer un Gma’h et/ou de prêter des sommes d’argent à des personnes dans le besoin, et c’est une belle Mitsva, mais ce n’est pas la réparation du vol et encore moins l’accomplissement de Veheshiv èt hagzeila.
Celui qui aura déposé ces sommes audit Gma’h aura assurément gagné un Zkhout en cela qu’il prête de l’argent, mais il n’aura aucunement réparé son vol.
A moins de supposer que le volé aille un jour emprunter de l’argent dans ce Gma’h, là le voleur aura un peu participé
(mais pas remboursé son vol puisqu’il ne s’agit pas de DONNER la somme mais de la prêter ; si je vole 100€ et pour réparer cela je prête 100€ au volé, ce n’est pas exactement la réparation idéale. Et encore, tout ceci en imaginant que le volé emprunte un jour une somme à CE gma’h).
Je ne pense pas que ce soit le meilleur moyen de réparer un vol, mais ça reste bien entendu quelque chose de positif de prêter de l’argent.
Pour cela, pas besoin de déposer une somme à prêter précisément à CE gma’h, si vous déposez une somme à n’importe quel Gma’h ça fait l’affaire de la même manière
(et Eliahou Hanavi ne va pas indiquer les sommes à rembourser uniquement aux personnes qui auraient déposé de l’argent dans CE gma’h).
Pour réparer un vol, la meilleure solution reste le conseil de la Gmara
Baba Kama (94b) dont je parlais plus haut, creuser des puits etc. faire quelque chose d’utilité publique où l’on multiplie les chances de servir au volé lui-même.
(quasiment tout le monde puisait de l’eau, quasiment tous les juifs pratiquants utilisent un sidour d’une synagogue, etc…)
Et la solution liée à la venue d’Eliahou reste valable pour tous, même pour celui qui a creusé des puits et offert des sfarim etc.
Donc comme on n’est jamais sûr si Eliahou va arriver en bas avant que nous n’arrivions en haut, en attendant, il vaut mieux « réparer » son vol selon les conseils de la Gmara, c-à-d aider/rendre service au plus grand nombre via l’accès à l’eau potable ou, de nos jours, la diffusion de sfarim et autres moyens de rendre service à beaucoup de monde
(ce qui n’est pas le cas du Gma’h qui ne rend pas service à autant de monde -mais seulement à [une partie] des nécessiteux).
J’ai bien vu la liste de Rabbanim qui recommandent cette institution, j’en suis bien désolé, c’est certainement moi qui doit avoir raté une étape ou mal compris quelque chose, il n’est pas envisageable que ce soit l’inverse, mais en attendant, comme vous me demandez ce que J’en pense
(et non ce qu’en pensent les rabbanim cités dans leur plaquette publicitaire), je ne peux pas vous mentir ni vous tromper, ça serait malhonnête et je me dois de vous dire ce que j’en pense, même si ça semble contredire ce que disent tous ces rabbins.
Mais il est fort probable qu’il n’y ait là aucun désaccord, que ces rabbanim ne font en réalité que dire que c’est "toujours ça de gagné", que c’est mieux que rien, qu’il vaut mieux faire la mitsva de prêter de l’argent en attendant, plutôt que de ne RIEN faire et garder la somme chez soi et ne pas aider la communauté.
Nous serions donc d’accord et les solutions de la Gmara
(adaptées à notre époque telles que je les rapportais plus haut) restent -même pour ces rabbanim- de meilleures solutions.
Le Keren Veheshiv a trouvé un super créneau, une sorte de « niche fiscale religieuse », qui lui permet de constituer rapidement un Gma’h très important en jouant sur la sensibilité du Yom Hadin
(appel à donner les sommes en veille de Yom Kippour) et le malaise des personnes sachant qu’elles ne sont pas totalement clean sur Guezel -ça fait beaucoup de monde sur terre et seuls les religieux en sont très conscients et mal à l’aise. Les moins pratiquants s’en soucient rarement autant sur des tout petits détails/petites sommes.
Les naïfs peuvent imaginer que ceux qui créent un Gma’h le font vraiment Leshem Shamayim à 100%, mais lorsqu’on connait un peu plus ces organisations de très grande envergure, on comprend qu’il y a aussi d’autres intérêts en parallèle.
Vous imaginez bien que s’il s’agissait seulement de faire un Gma’h afin d’aider les nécessiteux, comme le faisait par exemple
rav Rozenberg z’’l, personne n’aurait dépensé des sommes conséquentes pour faire des plaquettes publicitaires et tourner chez tous les rabbanim d’Erets pour leur soutirer une signature et un mot d’approbation.
Au mieux on publie un peu l’idée, on fait savoir qu’on crée un Gma’h
(comme le font déjà des centaines de personnes en Israël), mais investir tellement d’argent et d’efforts suffit pour faire comprendre qu’il y a d’autres enjeux.
Ça ne veut pas dire que ça sera un mauvais Gma’h (ou mal géré), ‘has veshalom, là n’est pas mon propos.
Il y a d’autres institutions qui brassent des millions d’argent de Tsedaka, comme Koupat Haïr et Vaad Harabanim, ceux qui organisent ça ont assurément un intérêt énorme, mais en attendant, ils font bien de la Tsedaka quand même, il ne s’agit pas de détournements et Cie, les comptes sont vérifiés par des personnes fiables, mais ça crée des emplois, ça achète des appartements etc. et les organisateurs en tirent grand bénéfice -encore une fois, tout en restant honnêtes.
Lorsqu’on gère des millions et des millions, ça donne une certaine puissance
(et je crois que certains -souffrant d’une maladie étrange- ont un sentiment de puissance qui les fait jouir lorsqu’ils manipulent de grandes sommes d’argent, ou aussi, le sentiment de puissance en ayant plein de gens qui les supplient de leur attribuer une somme. D’autres qui ne sont pas atteint de ce mal y trouvent tout de même intérêt car ça leur permet de placer leur famille ou leurs amis à des postes , amis qui leur renverront l’ascenseur à l’occasion).
Bref, ils sont probablement honnêtes, mais trompent tout de même un peu le public en laissant croire que ce soit la meilleure solution, voire qu'il faille donner à CE gma'h pour obtenir l'absolution, alors que n'importe quel autre Gma'h ferait tout autant l'affaire.
Je ne me relis pas, veuillez excuser les fautes, merci.