L’histoire de Juda et de Tamar fait partie des paradoxes de notre histoire, et notamment de ceux qui définissent notre espérance messianique.
Disons tout d’abord que malgré les apparences contraires leur union a eu la valeur d’un véritable mariage contracté par lévirat (Ramban/Nahmanide ad Berèchith 38, 26).
« Tandis que les fils de Jacob, nous apprend par ailleurs le Midrach (Berèchith rabba 85, 1), étaient occupés à vendre Joseph, que Juda s’occupait de se trouver une femme, que faisait le Saint béni soit-Il ? Il s’occupait de créer la lumière du Messie (en la personne de Péretz, fils de Juda et de Tamar, et ancêtre du roi David et du Messie). »
Le paradoxe est que la lignée monarchique du roi de David, ainsi que le Messie qui en sera la perpétuation, sont issus d’une descendance d’une pureté discutable : l’union de David et Tamar, à laquelle reste attachée une souillure originelle, et la conversion de Ruth, ancêtre du roi David, elle-même issue des relations incestueuses de Lot et de ses filles.
On a beaucoup épilogué sur ce paradoxe. Il faut, pour y répondre, prendre en considération le fait que notre espérance messianique n’est pas réservée au peuple juif, qui serait considéré comme sans tache, mais qu’elle doit être partagée avec toute l’humanité, à la fois dans ce qu’elle a de pire (d’où l’intérêt des deux symboles de l’inceste et de la prostitution), et dans ce qui la rapproche le plus de nous, à savoir la conversion représentée par Ruth.
De même que de l’impureté des cendres de la vache rousse naît la pureté, de même de l’impureté des avatars de l’histoire jaillira le Messie.