Voici en substance ce qu’écrit Rachi (ad Chemoth 2, 10) :
Traduction du Targoum Onqelos en araméen : che‘halté, qui veut dire : « retirer » comme dans : « retirer (mich‘hal) un cheveu du lait » (Berakhoth 8a). Le mot hébreu mechithihou veut dire également : « enlever », « écarter », comme dans : « il ne s’écartera (yamouch) pas » (Josué 1, 8), ou dans : « ils ne s’écartèrent (yamouch) pas » (Bamidbar 14, 44). C’est à cette racine que le grammairien Mena‘hem rattache le mot mechithihou. A mon avis toutefois, ce mot n’appartient pas à la même racine que mach ou yamouch, mais au radical macha qui signifie : « faire sortir », comme dans : « Il m’a fait sortir (yamchéni) des eaux nombreuses » (II Samuel 22, 17). Car s’il se rattachait au radical mach, il n’aurait pas fallu dire : mechithihou [au qal], mais : hamichothihou [au hif‘il, cette racine au qal voulant dire : « sortir » ou : « partir », et non : « faire sortir »], tout comme qam devient haqimothi [lorsqu’il passe du qal au hif‘il], chav devient hachivothi, ba devient haviothi. Ou bien il faudrait dire machtihou [également au hif‘il], comme dans : « j’écarterai (machti) le péché de cette terre » (Zacharie 3, 9). Tandis que la forme machithi [telle qu’elle est employée ici] ne peut venir que d’un verbe dont la racine comporte un hé à la fin, comme macho (« retirer »), bano (« construire »), ‘asso (« faire »), tsawo (« ordonner »), pano (« se tourner »), verbes qui, à la première personne du singulier du qal, portent un yod à la place du hé : ‘assithi, banithi, panithi, tsiwithi.
Ibn Ezra fait observer, quant à lui, que si les verbes doivent suivre les règles de grammaire, tel n’est pas le cas des noms, ceux-ci échappant à ces règles.