Dans le "Tiféreth Yonatane " de Rabbi Yonatane Eybeschits zatsal, on trouve une explication très intéressante que propose l'imprimeur ou l'éditeur du livre, en s'appuyant sur une explication de l'auteur.
En fait, on ne comprend pas la réaction de l'envoyé de Yossef ( qui n'est autre que Menasché, son fils) qui lorsque les frères de Yossef, indignés d'être soupçonnés d'un vol, véritable lèse-majesté, proposent que soit condamné à mort le coupable et qu'eux-même soient esclaves du vice-roi, répond en disant :"...selon vos paroles il en est ainsi, celui chez qui il sera trouvé sera esclave et vous serez innocents". Il semble acquiescer, et il dit tout autre chose.
En réalité, explique-t-il, "selon vos paroles", signifie "selon votre langue", l'hébreu, c'est-à-dire selon les lois de la Torah, que connaissaient et pratiquaient nos ancêtres avant même qu'elle soit révélée au mont Sinaï, seul le voleur est coupable.
Ceci permet d'autant mieux de comprendre le Midrasch qui dit que les frères argumentèrent en disant : "Dans nos lois il est écrit qu'un voleur doit payer pour rembourser, et s'il n'a pas de quoi payer, il sera vendu comme esclave pour rembourser. Or lui a de quoi payer".
Qu'importe aux égyptiens la loi des hébreux ?
C'est que les frères de Yossef ont commencé à soupçonner que le vice-roi d'Egypte était Yossef, leur frère. Trop d'éléments poussaient dans cette direction.
Que l'interprète parle l'hébreu et connaisse les lois juives, passe encore. Peut-être a-t-il séjourné près de la famille de Yaakov et appris. Mais le Vice-Roi d'Egypte, ce n'est pas possible.
Pour le tester, on lui propose une loi inédite, ni juive, ni égyptienne : tous seront esclaves !
Stupéfaction des frères de Yossef qui entendent le Vice-Roi prononcer une sentence juive. La même que son interprète.
Là, Yehoudah s'avance et parle avec dureté..... Et le Midrasch parle d'une volonté d'utiliser la violence, il n'a pas l'intention de se laisser embobiner par celui qu'il soupçonne vraiment d'être son frère Yossef. Il reprend l'histoire à ses débuts, ne parle plus de lois ou de raison mais fait appel au coeur du Vice-Roi, lui montrant la douleur de leur père. Et propose finalement de prendre la place de Benjamin, car il s'était porté garant.
Yossef voit enfin que ses frères ont changé. Leur attitude vis-à-vis de Benjamin n'est plus celle qu'ils avaient vis-à-vis de lui.
Et Yossef n'a plus d'autre solution que de se faire connaître de ses frères.