Citation:
Si le but de l’homme est de se rapprocher du Boré Olam, la connaissance du créateur est primordiale. Or pourquoi passer tant de temps à approfondir le droit talmudique élaboré pendant une longue époque et qui a pris en compte l’évolution de la société dans laquelle les jurisprudence ont été établies. Ne serait-ce pas plus judicieux et primordial d’étudier la création ( rambam yéssodé hathora chap 2) où l’intelligence incroyable du corps humain. Personnellement, et je pense que nombreux sont ceux qui comme moi, découvre et s’approche du créateur beaucoup plus en étudiant la relativité générale que en approfondissant le Guédèr de Mou’hzak ou le Guédèr de Pssik Réché d’après tossfot ou Reb Haym ?
Je trouve que les proportions ne sont pas respectées surtout dans le monde de l’étude (duquel je suis issus Grâce à D) : la Gmara, c’est à dire le droit juif ou משפט העברי comme vous voulez, a pris une place trop importante par rapport au véritable but que la Thora donne à l’homme !! Le droit juif est important pour connaître comment maintenir une société avec les valeurs de la Thora mais ça reste une connaissance « pratique » sans pour autant élever l’homme au créateur.
Vous posez une très bonne question et vous auriez parfaitement raison si vos prémisses étaient absolument justes.
Cependant ; vous constatez avec étonnement que le monde des yeshivot semble penser autrement puisque le Limoud qui y est pratiqué est axé sur le Shas.
Il y a donc erreur quelque part.
Vous partez du fait que, je cite :
Citation:
Le droit juif est important pour connaître comment maintenir une société avec les valeurs de la Thora mais ça reste une connaissance « pratique » sans pour autant élever l’homme au créateur
C’est là qu’il y a erreur.
On ne peut pas vous en vouloir, car c’est dans l’air du temps que de considérer l’étude des Gmarot comme un simple moyen de pratiquer un droit datant d’il y a une vingtaine de siècles.
C’est l’idée diffusée, malgré eux, par tous ces kollelim axés sur la Halakha, où l’on ne s’intéresse aux Souguiot que pour l’aspect halakhique qui pourrait en ressortir, au point de négliger totalement les passages Agadiques et de laisser de côté (sans trop les analyser) les passages Halakhiques qui ne sont pas retenus.
L’étude du Talmud ne se résume pas à la Halakha pratique.
Sans quoi, on aurait mieux fait de rédiger un code de loi du type Shoul’han Aroukh, au lieu de produire une masse diffuse comme le Talmud.
Le but premier de l’étude du Talmud est d’apprendre à connaitre D.ieu.
Imaginez un bébé, déposé sur une île lointaine par son père, peintre mystérieux de passage sur l’île, en lui laissant tout le nécessaire pour vivre, en se souciant d’engager des tuteurs et une famille d’accueil, et en prévoyant de venir le récupérer quelques décennies plus tard.
L’enfant va grandir, découvrir le monde mais il ne connaîtra pas son père.
On lui aura expliqué un peu de quoi il a l’air et on lui certifiera qu’il a bel et bien été déposé ici (étant bébé) par lui, mais il n’arrivera qu’à obtenir très peu d’informations sur son père car les gens qu’il côtoie sur cette île ne le connaissent pas vraiment.
Le fils sait que son père reviendra un jour le récupérer, mais il n’en connait pas la date.
En attendant, il rêve de ce père lointain et aimerait tant avoir son numéro de téléphone pour au moins pouvoir discuter avec lui.
Puis, il arrive à l’âge adulte, il sait lire et a étudié beaucoup de chose à l'école et chez des tuteurs et professeurs locaux, et on l’informe à présent que son père avait laissé sur l’île un coffre contenant un ouvrage autobiographique en plusieurs tomes, où il raconte un peu sa vie et la vie de son fils avant d'arriver sur cette île, le père décrit aussi ses pensées et sa philosophie du monde, donne des conseils de vie, des manières de se comporter, des choses qu’il encourage son fils à faire et d’autres qu’il lui interdit.
A côté de cela, il y avait aussi quelques tableaux très joliment peints et signés par son père, déposés dans sa famille d'accueil et qu'il contemplait depuis tout petit avec émerveillement.
C'est à peu près tout ce qu'il peut palper des affaires de son père. Ces peintures et ces livres qu'il découvre à présent.
En lisant le livre, le fils découvre la pensée de son père, jubile de découvrir son bon caractère, sa gentillesse et sa profonde sagesse, il boit les paroles de son père et bien qu'occupé à gagner sa Parnassa, dès qu’il finit son travail, il se précipite chez lui pour pouvoir lire la suite et d’autres passages du livre de son père.
Lui qui était un grand amateur de sport dans sa jeunesse, aujourd'hui, depuis qu'il a découvert les livres de son père, quasiment rien ne l’intéresse plus que cette lecture qui lui permet de découvrir ce père mystérieux.
Et l'exploration se révèle extraordinairement réjouissante lorsqu’il découvre à chaque page que son père est un véritable héros, grand philosophe, philanthrope discret mais intelligemment généreux, et ses conseils et pensées sont terriblement jouissifs en cela qu’ils correspondent à merveille à la réalité du monde et rendent plus sage celui qui s’y conforme.
Quelle fierté d’être son fils.
Quelle tristesse de ne pas pouvoir le rencontrer jusqu’à son retour.
Au bout d’un moment, le fils a terminé la lecture du livre, mais il se lance dans une seconde lecture, car il découvre qu’il remarque des détails qui lui avaient échappé et qui ouvrent de nouvelles perspectives tout autant réjouissantes.
Il continue de se précipiter dès la fin de sa journée de travail pour se plonger dans sa lecture.
Et plus il progresse dans sa connaissance des pensées paternelles, plus il remarque que ses peintures vont elles aussi dans le même sens.
Voilà grosso modo la parabole, nous sommes l’enfant déposé sur une île lointaine, le père peintre c’est le bon D.ieu, le livre c’est le Talmud (explication de la Torah écrite), et les jolies peintures c’est la nature, le monde, les étoiles, la théorie de la relativité dont vous parliez, les sciences physiques et les sciences naturelles.
Ces splendides tableaux, bien qu’indiquant aussi qui est le père et quelle est sa philosophie, renseignent beaucoup moins que le livre qui est plus explicite.
L’étude et l’analyse de ces chefs d’œuvre est accessible à tous, mais le lien avec l’artiste qui se crée lorsqu’on a lu son autobiographie et bien plus conséquent que celui qui est accessible à ceux qui ignorent l’ouvrage autobiographique du peintre.
Ainsi, l’étude de la création, de l’anatomie et de la biologie (et de la théorie de la relativité), apportent assurément un lien avec D.ieu
[à ceux qui savent qu’Il existe (-ceux qui contemplent les tableaux en pensant qu’ils ont été dessinés par hasard lors d’une explosion d’un entrepôt de peinture, vont certainement s’extasier devant la beauté et la précision de l’œuvre, mais ne vont pas découvrir l’artiste n’y s’attacher à lui puisqu’ils nient son existence)], mais ces néophytes ne pourront pas se rattacher à D.ieu autant que d’autres qui n’auraient pas fait l’économie de l’étude de l’autobiographie.
Ceci étant dit, je précise quand même qu’il peut y avoir des excès malgré tout.
Lorsque l’on passe sa vie à chercher à définir une subtilité du Guéder de mou’hzak selon Reb ‘Haïm d’après la Hava Amina du Tosfot selon la compréhension de reb Boroukh Ber, il est vrai qu’il y a égarement.
Mais si l’on conçoit l’étude du Talmud comme l’envisageaient les Rishonim, nous rejoignons l’allégorie citée plus haut.
Cette perspective de la Torah fera la part plus belle aux Agadot, trop négligées dans les Yeshivot, c’est -selon moi- une faiblesse des yeshivot.
Il se peut qu’il y ait eu au départ une volonté rabbinique en cela, que les élèves se focalisent d’abord sur la partie Halakhique du Shas, et qu’ils apprennent les Agadot plus tard.
Cependant, nous sommes arrivés à un excès où même de grands rabbanim ne comprennent pas les Agadot convenablement.
Il faut donc rectifier un peu le tir.
Ce que je veux dire, c’est que je ne viens pas cautionner tous les Darkhei Limoud de toutes les Yeshivot de toutes les Shitot, mais seulement dire que l’étude (convenable) du Talmud rapproche l’homme de D.ieu bien plus que l’étude de la relativité générale.
Votre question est vraie, mais ne s’applique pas à l’étude du Talmud, elle s’applique à ce qu’on appelle de nos jours l’étude de la Halakha.
