Citation:
Je prends souvent dans la semaine :
De la vitamine C le matin pour me booster
Du citrate de betaïne ( substance extraite de la betterave en cachet ) après le repas pour mieux digérer.
Je sais que les médicaments sont interdit Chabat.
Ces 2 éléments sont ils considérés comme des médicaments ? On parle là de molécule pour digérer ( produit sans ordonnance, qui relève plus du remède de grand mère pour le citrate ) et de vitamine C, vitamine légère.
Et si c'est en théorie interdit pour la plupart des gens, le fait que j'en prenne régulièrement en semaine me donne il l'autorisation d'en prendre Chabat ? Oubien malgré tout cela rentre dans la gzera de srikat semamanim
A priori c’est une Ma’hloket entre le
Shoul’han Aroukh (O’’H §328, 37) qui l’autorise (à celui qui est en parfaite santé) et le
Maguen Avraham (ad loc) qui l’interdit (tant que ce n’est pas un aliment consommé par les gens en bonne santé -Maakhal Briim).
On aurait pu imaginer dans un tel cas que ce soit une distinction Halakhique entre Sfaradim et Ashkenazim.
Cependant, même parmi les Poskim ashkenazim nous trouvons des oppositions aux preuves du
Maguen Avraham (voir par exemple le
Iglei Tal, To’hen, sk.47 -p.238 dans la nouvelle édition), ainsi le
Tsits Eliezer (XIV, §50) autorise les vitamines à Shabbat.
Voir aussi
(VIII, §15, 15).
Car de nos jours, la Gzeira semble lointaine, puisque pratiquement personne (dans nos villes modernes) ne broie des plantes pour se faire ses médicaments, ces derniers sont fabriqués en usine.
C’est l’argument du
Shout Rabbi Akiva Yossef Schlesinger (I, §122).
Nous n’allons pas pour autant « autoriser » la prise de médicaments sur base de cette différence, mais lorsqu’il y a d’autres éléments permissifs qui s’y adjoignent, on est plus Meikel.
En l’occurrence, les vitamines ne sont pas parfaitement comparables à des médicaments puisqu’elles ne viennent pas guérir d’un mal.
Mais tout ceci est discuté, le
Shmirat Shabbat Kehilkhata (§XXXIV, 20) interdit les vitamines le Shabbat au même titre que les médicaments, tout en précisant que dans les endroits où l’on prend des vitamines à chaque repas, certains autorisent, mais il souligne que la position de
Rav S.Z. Auerbach (voir là-bas note 85) est de restreindre ce Heiter au cas où ces vitamines sont prises comme des substituts alimentaires et non « pour se booster » comme vous dites.
Le
Igrot Moshé (O’’H III, §54) distingue entre vitamines qui « guérissent » (celui qui les prend est faible de nature et a besoin de vitamines pour pallier à cette faiblesse) et vitamines qui « renforcent » (prises par une personne en bonne santé, qui les prend pour avoir encore plus de force/ne pas tomber malade, comme quelqu’un qui mangerait de la viande ou autre met dans l’intention d’avoir plus de forces), ces dernières étant autorisées (même d’après le
Maguen Avraham).
Son analyse est toutefois discutée par le
Avnei Yashfé (II, §33, 2) et le
Az Nidberou (VI, §72), particulièrement ce qu’il (Rav Moshé Feinstein) veut expliquer dans les mots du
Pri Megadim (O’’H §328 sk.43) qui semble incompatible avec ce qu’écrit le
Pri Megadim lui-même un peu plus loin
(sk.49).
En finale, si l’on veut éviter les discussions, il est préférable de ne pas prendre de vitamines le Shabbat (même si l’on est en bonne santé) en suivant en cela l’opinion de nombreux poskim :
Rav Auerbach (op cit)
Az Nidberou (op cit)
Avnei Yashfé (II, §33, 2) au nom de Rav Elyashiv
Rav Elyashiv cité aussi dans Divrei ‘Hakhamim (§390), Dror Yikra (p.345), Ashrei haïsh (o’’h II, §XXXVI, 29)
Shévet halévy (VIII, §82)
Mishné Halakhot (IV, §51)
Brit Olam (Zilber) (Refoua §38 -daf 24c)
Shraga Haméir (II, §40)
‘Hout Shani (§89, 2)
Mais il reste difficile de dire que c’est interdit à Shabbat de prendre des vitamines lorsqu’on est en parfaite santé.
D’une part, comme dit plus haut, il y a l’argument du
Rav Akiva Yossef Schlesinger (I, §122), d’autre part, il ne faut pas oublier que le
Shoul’han Aroukh (O’’H §328, 37) lui-même est Matir (im ein lo mi’housh), et enfin, il y a aussi les Poskim A’haronim autorisant comme:
le
Igrot Moshé (O’’H III, §54),
le
Beer Moshé (I, §33) (considérant que les vitamines ne sont pas prises spécifiquement par des malades -Maakhal briim. Les prendre « avec Shinouy » -en mélangeant la vitamine à un aliment ou en la diluant dans une boisson, avant Shabbat- serait un facteur supplémentaire pour autoriser.
Voir aussi
Tshouvot Vehanhagot (V, §94, 1)),
le
Tsits Eliezer (XIV, §50),
ROY (Livyat ‘Hen §328, 89, p.143) (il indique de nombreux A’haronim qui repoussent les preuves du
Maguen Avraham),
Yalkout Yossef (Shabbat IV, §328, 55, p.145) avec caution de son père
ROY (en indiquant une préférence de s’en abstenir, ou au moins en ayant commencé à en prendre depuis avant shabbat),
Rav Sternbuch dans
Tshouvot Vehanhagot (III, §104) et (V, §94, 1),
le
Or Letsion (II, §36, 10)
et d’autres.
[Le
Avnei Yashfé (op cit) indique un élément permissif dans le cas où l’abstention de prise de vitamines dans le cadre d’un traitement débuté avant Shabbat, porterait préjudice ou ferait perdre l’effet produit par les précédentes prises.
Dans ce cas,
Rav Elyashiv permettait.
Voir aussi
Tshouvot Vehanhagot (V, §94, 2)]
Quoi qu’il en soit, même si l’on veut se montrer rigoureux, il n’y aura pas lieu de l’être vis-à-vis d’une personne âgée ou d’un enfant ou d’une femme enceinte ou qui allaite si le médecin leur indique de prendre ces vitamines tous les jours sans en sauter. (cf.
Kobets Tshouvot Rav Elyashiv I, §40 et Ashrei haïsh o’’h II, §36, 29)
Il va sans dire que celui qui est malade « nafal lemishkav » (c-à-d qu’il en est alité ou du moins qu’il ressent une souffrance dans tout son corps) pourra prendre des vitamines au même titre qu’il lui est de toute manière autorisé de prendre des médicaments aussi (et donc à plus forte raison on autorisera les vitamines).
Je ne me relis pas, merci d'excuser les fautes.