Lorsque Jacob a envoyé ses cadeaux à son frère, explique rav Méir Sim‘ha de Dvinsk dans son séfèr Méchekh ‘hokhma, il a tenu à marquer les différences qui les séparaient.
Contrairement à Ismaël, Esaü est né de parents tous deux tsaddiqim. Il s’est ainsi acquis des mérites que Jacob ne possédait pas : C’est ainsi qu’il a continué, pendant le séjour de celui-ci chez Laban, d’honorer ses parents et de vivre en Erets Yisrael. Cependant, à ses mérites se sont associés de graves péchés, comme le meurtre, l’idolâtrie et l’adultère (voir Rachi ad Berèchith 25, 25 ; 25, 27 et 25, 29).
On peut donc dire qu’il incarnait à la fois le bien et le mal, tout comme le chameau qui rumine ce qu’il mange mais dont les sabots ne sont pas fendus.
Jacob, au contraire, est resté d’une totale pureté, imitant ainsi, si l’on peut dire, les animaux qui possèdent les deux caractéristiques qui le rendent consommables.
Une autre circonstance a fait intervenir le chameau dans les rapports entre Jacob et Esaü. Lorsque David, lors de sa campagne contre les Amalécites, descendants d’Esaü, écrasa leur armée, il en réchappa « quatre cents jeunes hommes qui s’enfuirent montés sur des chameaux » (I Samuel 30, 17).
Que nous importe ce détail ?
Au moment de rencontrer Jacob, Esaü vint vers lui avec « quatre cents hommes » (Berèchith 32, 7), et ceux-ci ont abandonné leur maître en cours de route afin de ne pas « être consumés par la braise ardente de Jacob ». Les quatre cents rescapés qui ont échappé aux coups portés par David l’ont dû, rapporte le Midrach (Berèchith rabba 78, 15), à cette désertion.
Relevons en troisième lieu que le mot hébreu gamal signifie à la fois « chameau » et « rétribution ». Parce que Esaü et ses descendants ont fait violence aux enfants d’Israël, le prophète annonce que « ta récompense (guemoulkha) retombera sur ta tête » (Ovadia 1, 15).