La haftara que l’on récite les veilles de roch ‘hodèch (I Samuel 20, 18 à 42), communément appelée ma‘har ‘hodèch, est la seule qui ne s’applique pas au jour même où on la prononce, mais au lendemain dimanche.
Son unique lien avec l’imminence de cet événement résulte de son premier verset : « Jonathan dit [à David] : “C’est demain la nouvelle lune (ma‘har ‘hodèch), et on s’apercevra que tu manques, car ton siège sera vide.” »
La suite de ce chapitre n’a aucun rapport, et elle retrace le paroxysme de l’hostilité du roi Saül envers David.
A cette hostilité a répondu l’amitié profonde qui a lié à ce dernier à Jonathan, fils de ce monarque. Cette amitié est devenue l’archétype même d’un attachement généreux et désintéressé :
« Toute amitié qui dépend d’une cause, cesse la cause cesse l’amitié. Et l’amitié qui ne dépend d’aucune cause, celle-là est indissoluble. Et quel est le type d’une amitié qui dépend d’une cause ? Celle d’Amnon et de Tamar (II Samuel 13, 1 et suivants). Et quel est celui d’une amitié qui ne dépend d’aucune cause ? Celle de David et de Jonathan (I Samuel, Chapitres 18 et 20) » (Avoth 5, 16).
La sincérité et la profondeur de cette amitié sont attestées par la graphie même du nom de Jonathan, ou plutôt par les modifications dont elle a fait l’objet au long du livre de Samuel.
Le nom de Jonathan apparaît pour la première fois dans ce livre à l’occasion de la première des guerres que Saül mena contre les Philistins. Il est alors écrit : Yonathan (I Samuel 13, 2).
Cependant, à partir de 18, 1, dès le début de son amitié avec David, il est ajouté à son nom la lettre hè, de sorte que celui-ci s’appellera jusqu’à sa mort : Yehonathan.
C’est ainsi que le fils de Saül partage avec Avram devenu Avraham, avec Saraï devenue Sara, et avec ‘Hoché‘a devenu Yehochou‘a le mérite de cet ajout, titre de noblesse conféré par Hachem.