C’est une grave erreur de traduire l’expression ‘évèd ‘ivri par : « esclave hébreu ».
C’est cette erreur de traduction qui a généré la fausse idée que l’on a souvent du ‘évèd ‘ivri.
On appelle en effet « esclave », en français, celui, ou celle, qui est sous la puissance absolue d'un maître, par achat, par héritage ou par la guerre.
La notion de ‘évèd ‘ivri se situe très loin de cette définition.
Il est beaucoup plus correct de parler de « serviteur hébreu », et même de « contrat de travail à durée déterminée ».
Deux cas peuvent se présenter où l’on devient ‘évèd ‘ivri :
1. Devient ‘évèd ‘ivri celui qui, ayant été déclaré coupable d’un vol ne possède pas de quoi le rembourser. Il est alors « vendu pour son vol » (Chemoth 22, 2).
2. Devient ‘évèd ‘ivri celui qui, ayant été réduit au dénuement, est vendu pour qu’il soit mis fin à son surendettement (Wayiqra 25 39).
La durée du « servage » d’un ‘évèd ‘ivri ne peut excéder six années.
Lorsqu’un ‘évèd ‘ivri est marié et/ou chargé de famille, son maître est tenu de nourrir sa femme et ses descendants (Qiddouchin 22a). D’où l’on déduit que celui qui acquiert un ‘évèd ‘ivri s’acquiert un maître (ibid.). C’est ainsi que si le maître, par exemple, n’a qu’une seule couverture, il doit la donner à son serviteur (Qiddouchin 20a).
Selon Chemoth 21, 4, le maître a le droit de déférer à son ‘évèd ‘ivri une servante cananéenne pour qu’il engendre par elle des serviteurs. Les enfants issus de cette union auront le statut de la mère, ainsi qu’il est écrit : « la femme, et ses enfants [à elle], sera à son maître » (Qiddouchin 68a).
Pour qu’une telle union puisse avoir lieu, il faut cependant :
1. Que le ‘évèd ‘ivri ne soit pas déjà marié.
2. Qu’il ait été vendu pour avoir commis un vol.
Si à la fin de sa période de « servage » le ‘évèd ‘ivri affirme vouloir rester chez son maître, celui-ci perce son oreille et il le servira pour toujours, c’est-à-dire en réalité jusqu’au jubilé (Qiddouchin 21b).