Citation:
Y a-t-il des points religieux envers lesquels une jeune fille "doit" s'engager, sans quoi son fiancé peut (et doit) renoncer à se marier avec elle ?
Je pense par exemple à l'obligation de se couvrir la tête: Au cas où la fiancée refusera cette obligation, le jeune homme a-t-il le droit de renoncer au mariage ?
Le droit ? Oui, il a le droit de renoncer au mariage même pour une raison plus personnelle.
La question est de savoir s’il en a le DEVOIR, l’obligation halakhique.
Je ne crois pas que l’on puisse parler d’obligation halakhique pour le ‘Hatan, je veux dire que le ‘Hatan n’enfreint pas un péché en épousant une femme moyennement pratiquante
(si certains points le concernant directement sont respectés, comme Nida, Shabbat, Kashrout…), même si je suis sûr qu'il existe des rabbanim l’interdiraient halakhiquement.
Certains rabbins
(Rav Ovadia Yossef) seraient allés jusqu’à dire qu’il faille renoncer au mariage si la fiancée souhaite se couvrir la tête avec une perruque et non un foulard !
C'est vous dire que dans le cas qui nous occupe ils n'auraient aucune hésitation.
Pour ma part, je n'y vois pas d'infraction.
Cependant, en laissant les définitions Halakhiques de côté, il ne faut pas oublier que notre respect de la Halakha a pour but de nous rapprocher de D.ieu. Ainsi, quand bien même aucune interdiction ne serait transgressée par le ‘Hatan en épousant une femme qui refuse de se couvrir la tête
(c’est elle qui commet un péché, pas lui), il ne doit pas perdre de vue que ce refus sera assurément assorti d’une mentalité moins propice au rapprochement de D.ieu et l’éducation des futurs enfants en sera certainement entachée.
La question ne se pose pas en terme halakhiques, elle est plutôt axée sur le bon sens : quel type de famille ce ‘Hatan souhaite fonder ?
S’il n’est pas encore vraiment Shomer Shabbat et ne met les Tfilines qu’une fois par mois, il peut épouser sa fiancée sans craindre de mauvaises influences par sa tête découverte.
Mais s’il s’agit d’un garçon pratiquant et qui souhaite fonder une famille basée sur les valeurs de la Torah, il devrait se demander si cette fiancée est la bonne personne.
Ce n’est pas exclu ; parfois une femme qui refuse de se couvrir la tête est beaucoup plus fervente, sincère, authentique et pratiquante qu’une religieuse de naissance mais frivole et matérialiste.
Il y a des femmes religieuses qui ne rencontrent quasiment jamais D.ieu.
Elles pratiquent plus ou moins bien la Halakha mais plutôt par conformisme que par conviction. On ne peut pas les accuser de malhonnêteté intellectuelle, c’est juste qu’elles n’y pensent pas. Elles ne sont pas nécessairement hypocrites, elles n’ont pas le sentiment de mentir pour se faire passer aux yeux des autres pour des religieuses.
En fait, d’une certaine manière, ces religieuses se mentent à elles-mêmes (on appelle ça des mantes religieuses) et jouent un rôle sans prendre conscience réellement de la vraie vie.
D’un autre côté, on pourrait imaginer une femme religieuse dans l’esprit, pratiquante dans les faits mais à l’exception du couvre-chef.
A mon avis, c’est rarissime de nos jours, mais ça a existé par le passé.
C’est ce qui fait que de grands Tsadikim ont -à une époque donnée- épousé des femmes dévouées pour la Torah mais qui refusaient de se couvrir les cheveux car elles auraient été (quasiment) les seules de leur pays à le faire.
Par exemple,
[j’ai reçu de mon rav l’information selon laquelle] l’épouse du grand et fameux
rav Baroukh Ber Leibovicz de Kamenitz ne se couvrait pas les cheveux.
Idem pour d’autres femmes de rabbanim de la fin du XIXème et début XXème siècles en Lituanie.
Je ne pense pas que
Rav Leibovicz ait commis un péché en l’épousant.
Et je ne pense pas non plus que cette dame était moins croyante ou moins fervente que beaucoup de femmes avec perruques au XXIème siècle.
Mais il était très difficile de trouver une femme qui veuille bien se couvrir la tête à cette époque en Lituanie et cela rendait cette pratique d’autant plus pénible aux femmes bien intentionnées.
(A cette époque, les perruques n’étaient absolument pas comparables aux perruques modernes.)
Je ne sais pas grand-chose sur la vie de
Mme Leibovicz, mais je sais qu’être l’épouse d’un grand Talmid ‘Hakham est par définition souvent synonyme d’efforts et d’abnégation résultant de (et confortant) la dévotion (=‘hassidout) et élevant l’individu à un niveau spirituel, cela me suffit pour me faire une bonne opinion de cette personne.
Voyez encore ce que j'écris à son sujet ici:
http://www.techouvot.com/la_perruque_pour_les_sefaradim_oui_ou_non-vt13657.html
Citation:
Et qu'en est-il pour la Tsniout, le mariage avec mehitsa, etc. ?
Pour ce qui est de la Tsniout, c’est pareil.
En principe, un ‘Hatan qui souhaite fonder une famille sur les valeurs de la Torah devrait s’écarter d’une fiancée non Tsnoua.
Mais là aussi, il y a eu (dans le passé du moins) des femmes de rabbanim imparfaitement Tsnouot dans leur accoutrement en raison des pressions sociales, mais tout en étant parfaitement Tsnouot dans leur comportement.
Mme Leibovicz dont nous parlions en était aussi un exemple paraît-il. Selon le témoignage oral que j’ai mentionné, ses jupes lui arrivaient aux genoux.
Il est vrai que dans l’absolu, tant qu’elle ne s’assoie pas et ne sort pas d’une voiture en public, les parties supérieures des jambes sont couvertes et il n’y a pas d’infraction à la Halakha, mais je pense qu’il y aurait tout de même de quoi scandaliser
Rav Falk !
Il y a encore des photos connues de femmes de rabbanim (même chez les Sfaradim) dont la Tsniout ou le Kissouy Rosh ne répond pas aux critères Halakhiques que nous connaissons.
Citation:
le mariage avec mehitsa, etc. ?
Je ne sais pas ce que comporte le « etc. » mais en ce qui concerne la Me’hitsa au mariage, c’est nettement moins problématique que le manque de Tsniout ou le refus de se couvrir la tête qui sont intrinsèquement des problèmes halakhiques/moussariques incontournables.
Pour la Me’hitsa au mariage c’est différent.
La Halakha n’impose pas une Me’hitsa dans une soirée de mariage comme elle l’impose dans une synagogue pour faire Min’ha.
Le problème Halakhique est pour une femme de danser en présence d’hommes (et pour les hommes de regarder les femmes danser).
Lorsque la fiancée ou sa famille refuse la Me’hitsa, c’est souvent pour qu’il y ait des tables mixtes, on trouve donc parfois un arrangement en plaçant une Me’hitsa de côté pour les danses des femmes. I
l y aurait une piste de danse séparée et fermée par une Me’hitsa, ainsi les femmes pourraient danser tout en respectant la Halakha.
Mais pour la partie repas, il n’y a pas d’obligation halakhique à séparer les hommes des femmes, même si c’est ce qui se fait dans les milieux religieux. On ne doit donc pas renoncer à sa fiancée pour cela !