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Magen David

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sat1
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Quelle est l'origine du symbole de la magen david ?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6656
On ne le sait pas avec précision et assurance, mais on suppose que ce sigle était gravé sur les boucliers des soldats de l’armée de David, voire que leurs boucliers avaient cette forme. (Maguen veut dire bouclier…)

Rav Avraham ‘Haim Cohen écrit dans Erets Ha’haim (Tehilim 18, daf 16a –dans l’édition de Piotrkov 1931, mais le livre est plus ancien -du milieu du XVIIIème s.) que les boucliers de l’armée du Royaume d’Israel étaient triangulaires tandis que ceux du Royaume de David avaient la forme d’un hexagramme.
(cité aussi par le ‘Hida dans Dvash Lefi, lettre Mem §38.
Il indique Erets Ha’haim sur Mizmor 7, mais c’est une vraisemblablement une erreur et il faut corriger Mizmor 18.)

Rabbi Yossef Messas aussi écrit dans Na’halat Avot (I, droush 6, p.24) que nous avons une Massoret selon laquelle les boucliers de l’armée de David avaient la forme du Maguen David.

C’est aussi évident aux yeux du Ben Ish ‘Haï (Drashot, Tetsé, p.229) [que le bouclier de David avait six extrémités].

Certains sont allés imaginer que ce double triangle correspondrait aux deux « Dalet » de « David » (Dalet Vav Dalet), car c’est la forme du Delta grec (qui correspond au Dalet hébraïque).

D’autres sources indiquent que le bouclier de David (ou les boucliers de l’armée de David) arborai(en)t plutôt une Menorah (cf. Igra Depirka §176 qui cite aussi le Rama dans Torat Haola.
Voir aussi Bnei Yissoskhor, maamarei kislev-tevet, maamar 2 , Or Torah, §40, soit ‘helek 2 daf 68d. Voir aussi, §41 et Maamar 3 , Ner Mitsva, §7 –soit daf 74a- et encore Maamar 9, §2, soit daf 123a), au point que le Rabbi de Munkasz (Divrei Torah I, §92) s’étonne de ce qu’écrit le Erets Ha’haim, car nous ne trouvons aucune source dans les Maamarei ‘Hazal liant le Maguen David aux boucliers de David ou de son armée et au contraire, de nombreux auteurs indiquent que c’était plutôt l’effigie d’une Menorah qui figurait sur son ou ses boucliers.

(Personnellement, je trouve qu’on pourrait concilier le tout en remarquant que lorsque l’on parle de Maguen David, il s’agît de la forme du bouclier, alors que lorsqu’il est question de la Menorah, ce n’est qu’un dessin ou une gravure qui s’y trouve.
Rien n’empêche donc d’imaginer un bouclier hexagramme avec l’effigie de la Menorah en son centre.)


Quoi qu’il en soit, le Rabbi de Munkasz (qui était anti-sioniste) considère (Divrei Torah I, §92) (et voir aussi Darkei ‘Haim Veshalom –beth haknesset §245) que depuis que le Maguen David a été adopté par les sionistes, il perd sa valeur et il ne faut plus le dessiner ni le graver sur les articles religieux.
Tout comme les « Matsevot » chéries par D.ieu aux temps des Avot, puis interdites en raison de leur adoption par les idolâtres (cf. Sifrei et Rashi début de Parshat Shoftim).

Il cite même un « grand Tsadik » (anonyme) qui aurait retiré le Maguen David du manteau d’un Sefer Torah ou d’une Parokhet pour cette raison.

Il ne dévoile pas son nom, je ne sais pas pourquoi, il ne risquait plus grand-chose (car déjà décédé au moment de la rédaction), mais d’autres n’ont pas respecté le secret et ont divulgué l’identité du « grand Tsadik anonyme ».

Comme c’est accessible à tous aujourd’hui dans les livres, je vous dévoile le scoop, c’est R. Shlomo de Bobov.
(voir Divrei ‘Hana cité aussi par le Minhag Israel Torah, O’’H §90, 4, page 145, voir encore Youd Guimel Orot, p.262 et p.283).

Le Yalkout Yossef (hil. Beth Haknesset, p.427) cite le livre Sheal Avikha Veyaguedkha (tome 3, p.270) qui raconte que lorsque R. Baroukh Ber Leibovicz a découvert que quelqu’un avait gravé un Maguen David sur un Shtender (pupitre), il s’exclama : « qui a gravé un Tselem sur le Aron Hakodesh de Torah Shebeal Pé ?! » (Exclamation que je ne traduis pas intégralement, il faut comprendre…)

Il était donc -lui aussi- opposé au Maguen David.

En tout cas, le fait que les sionistes aient adopté le Maguen David n’a pas l’air de repousser Rabbi Yossef Messas, au contraire ! (cf. Na’halat Avot tome I, droush 6, p.24).

[Au passage : vifs remerciements à mon ami Y.B. qui m’a offert cette série de sfarim, c’est un régal !]


Idem pour Rav Ruderman, selon le témoignage de Rav Israel Méir Lau dans un cours où il raconte qu’une personne avait offert une Parokhet à la mémoire de ses parents tués par les nazis, sur laquelle il y avait un Maguen David.
Certains fidèles de la synagogue s’y sont opposés, arguant que c’est le symbole des sionistes, le Rav a présenté la question au Rav Yaakov Its’hak Ruderman (Rosh Yeshiva de Baltimore MD).
Réponse de rav Ruderman : « Quel est le problème avec le Maguen David ? à Slabodka aussi il y en avait un sur la Parokhet ! ».

Là-dessus le rav lui explique qu’à l’époque, ce n’était pas encore connu comme un symbole de la « Medina ».
Ce à quoi répondit rav Ruderman : « Et quand bien même, quel est le mal avec la Medina ? Il est vrai qu’il y a des choses qui ne vont pas en Israël, mais la Medina en soi est une bonne chose ».
(Traduction libre. Cité dans Pti’hat Haïgrot, R. Y. Rozman, Staten Island 2017, page 188).

Une histoire similaire implique Rav ‘Haim Pin’has Scheinberg (celui qui portait des dizaines de talitot ktanot, décédé en 2012 à 101 ans), certains s’étaient opposés à une Parokhet arborant un Maguen David et il n’en a pas tenu compte mais a confirmé qu’on pouvait laisser le Maguen David.
Voir le livre « Rav Scheinberg » (en anglais) (éd. Artscroll, p.432).

Pareil encore pour Rav Feinstein (Igrot Moshé o’’h III, §15) qui ne désacralise pas le Maguen David parce qu’adopté par les sionistes (même pour ceux qui s’opposeraient à ces derniers).

Rav Eisenstein (Otsar Dinim Ouminhaguim, p.203) considère que le Maguen David n’a rien de sacré à l’origine et ce sigle se retrouve aussi chez d’autres peuples.
Il nous dit encore que les juifs religieux en Israël s’interdisent de représenter un Maguen David ou autre sigle en disant qu’il est péché de dessiner une quelconque forme en tant que mascotte ou représentation de notre Emouna.

(il précise « en Israël », car lui-même, habitant aux Etats-Unis a choisi pour page de garde de son livre en question - Otsar Dinim Ouminhaguim- le dessin d’une Parokhet avec trois fois le Maguen David!)

Je ne sais pas d’où il sort cet interdit, le livre date de 1917, il a peut-être mal interprété le refus des religieux qui ne s’opposaient au Maguen David que selon l’idée des rabbis de Bobov et de Munkasz, à savoir par anti-sionisme, mais pas pour la raison évoquée par rav Eisenstein.

Rav Moshé Feinstein (Igrot Moshé o’’h III, §15)
considère que ce « pseudo-Issour » n’a aucune base ni aucune source.

Je souligne au passage que ces 4 rabanim autorisant le Maguen David (les Rabanim Feinstein, Ruderman, Scheinberg et Eisenstein), sont tous « américains ».

R. Yossef Kohn-Zedek dans son Moussar Haskel (Londres 1878, p.65) souligne aussi qu’il est étonnant que nous ayons pris le droit de broder un Maguen David sur le manteau du Sefer Torah et sur la Parokhet, il se lance donc dans une explication pour justifier le côté sacré de ce sigle.


Il y a aussi le Maguen Shlomo, qui correspond à la forme d’un pentacle (ou pentagramme; étoile à 5 branches, comme celle qu’on trouve sur les drapeaux de certains pays asiatiques et ceux du Maghreb. A noter au passage: le drapeau du Maroc, jusqu’il y a à peu près un siècle, représentait un Maguen David, ou disons plutôt un hexagramme vert sur fond rouge.
Aujourd’hui, c’est un pentacle vert sur fond rouge).


Certains disent que le sceau du roi Salomon représentait (-ou comportait) ce symbole à cinq branches (voir Guitin 68a où l’on mentionne son sceau –Azketa de’hakik ala shem. Il y a des légendes arabes voisines de cette Agada de la Gmara –Cf. Otsar Israel VI, p.96).

On retrouve le Maguen David gravé déjà au IIIème siècle sur une pierre à Kfar Na’houm ou encore –à la même époque- sur une pierre tombale juive en Italie (cf. Jewish Quarterly Review XIV, p.111), ou –plus tard, dessiné sur la page de couverture du Codex de Léningrad (Bible manuscrite datée de l’an 1008) (une autre Bible manuscrite, espagnole, datée de 1307 représente aussi un Maguen David). Et encore mentionné au XIIème siècle dans le livre Eshkol Hakofer (§242) (du karaïte Yehouda Hadassi).
(Je note au passage que le Yalkout Yossef cite lui aussi le Eshkol Hakofer que j’ai cité plus haut, mais sans préciser que c’est un karaïte et au contraire en laissant entendre qu’il s’agirait d’un Mekoubal. C’est étrange.)


On aurait même retrouvé –à Tsidon (Sidon au Liban)- un sceau appartenant à un juif, d’il y a 27 siècles !

Les kabbalistes voient dans le Maguen David toutes sortes d’indications et symboles mystiques et magiques, Shabtaï Tsvi avait lui aussi élaboré des théories autour de ce sigle magique et kabbalistique.

Rabbi Yonathan Eybeschütz (Lou’hot Edout –Altona 1755, daf 71) écrit que le Maguen David est une grande Segoula et protection surtout lors des accouchements difficiles, comme indiqué dans le Sefer Reziel Hamalakh et dans le Ets ‘Haim.

Charles IV (empereur germanique et roi de Bohème), octroya en 1354 aux juifs de Prague le droit d’avoir un drapeau, il représentait un Maguen David et un Maguen Shlomo sur fond rouge (ces juifs ont certainement immigré ultérieurement au Maroc :) ).

J’ai ouï dire que Gershom Scholem aurait rattaché l’origine du Maguen David à Aristote, mais si l’on considère ce sceau d’il y a 27 siècles (op cit), c’était bien avant Aristote
Il a écrit un livre sur le sujet, il faut vérifier exactement ce qu’il y dit.

Bon, je m'arrête-là car j'ai à faire, je suis désolé, je sais que ce n'est pas bien, mais je n'ai pas le temps de me relire, veuillez excuser les fautes.
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