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mahari ibn lev

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aarony
Messages: 4
Bonjour Rav,

Je me rappelle que lorsque j'étais la yeshiva, le rosh yeshiva ramenait parfois les explications/responsas du mahari ibn lev dans son cours de guemara, explications qui dans mon souvenir me plaisaient beaucoup.

Je n'arrive pas à trouver beaucoup d'information sur ce rav et je voudrais savoir si à votre connaissance le mahari ibn lev aurait écrit des livres portant sur d'autres sujet que la halakha, un commentaire sur le houmash par exemple.

merci et kol touv,
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6685
Citation:
Je me rappelle que lorsque j'étais la yeshiva, le rosh yeshiva ramenait parfois les explications/responsas du mahari ibn lev dans son cours de guemara, explications qui dans mon souvenir me plaisaient beaucoup.
Je n'arrive pas à trouver beaucoup d'information sur ce rav et je voudrais savoir si à votre connaissance le mahari ibn lev aurait écrit des livres portant sur d'autres sujet que la halakha, un commentaire sur le houmash par exemple.



Non, je ne crois pas qu’il ait écrit un commentaire sur le ‘Houmash.
Il a un responsa et des ‘Hidoushim sur le Shas, mais rien sur le ‘Houmash il me semble, ni sur des sujets autres que la Halakha (hormis ses commentaires sur la Gmara).

Rabbi Yossef Ben Lev était un Rav du XVIème siècle (né vers 1503-1505 et Niftar vers 1580), faisant partie des autorités de Salonique, puis d’Istanbul.

Lorsqu’il habitait Salonique, il a perdu deux fils de manière tragique : L’un d’eux, R. David, a été assassiné à l’âge de 28 ans. [Le Mahari Ben Lev, dans ses ouvrages, cite des ‘hidoushim de son fils R. David. Néanmoins, certains (Shout Maharshakh III, §12) assurent qu’en réalité ce sont des ‘Hidoushim du père, gratuitement attribués au fils (cf. Koré Hadorot 37b, éd. Ahavat Shalom p.134).]

On suppose qu’un riche dirigeant de la communauté de Salonique, prénommé Baroukh, a commandité cet assassinat, car le Mahari Ben Lev s’opposait à lui (cf. Korot Hayehoudim Betourkia II, p.59-64).
Avant cela (en 1545), ce Baroukh avait déjà giflé le Mahari Ben Lev en public, dans la rue, sans que personne ne réagisse ni ne prenne la défense du Rav (car ce Baroukh était imbu de sa personne, violent, riche et puissant dans la ville). (Koré Hadorot 37b, éd. Ahavat Shalom p.135).

On attribue à ce terrible ‘Hiloul Hashem l’incendie qui s’est déclaré la nuit suivante dans cette même rue (à partir de la parfumerie d’un certain Avraham Catalano (ou Catalani, selon les sources), exactement à la hauteur de laquelle l’affront avait eu lieu en journée) responsable de centaines de morts, et 5000 (ou selon d’autres 8000) maisons parties en fumée, dont plusieurs (18) synagogues et maisons d’étude avec leurs Sifrei Torah.

[ça fait beaucoup de synagogues, mais il y avait de nombreuses communautés très cloisonnées, de nombreux juifs étaient venus d’Espagne et du Portugal suite aux expulsions de la fin du XVème siècle, et chaque ville avait ses Minhaguim. En vue de les faire perdurer, les immigrants se sont constitués en communautés distinctes, et il y a eu des Takanot obligeant chacun à « choisir » sa communauté et lui être fidèle, il était même mal vu, voire interdit, d’aller écouter le sermon d’un Rav d’une autre communauté que la sienne ! (cf. Arzei Halevanon II, p.942)].

A peu près 200 personnes sont mortes dans l’incendie, et des centaines d’autres dans l’épidémie qui a suivi (avec un pic de 314 enterrements en un jour) (Koré Hadorot 37b, éd. Ahavat Shalom p.135). L’incendie est daté du lundi 4 Av 1545.

[Il faudrait vérifier la correspondance avec les jours de la semaine, en tenant compte du fait qu’ils étaient encore au calendrier julien. Il y a eu une mise à jour de 10 jours depuis, vers la fin du XVIème siècles, dans les différents pays d’Europe. Le pape Grégoire XIII ימח שמו décréta (le 24 février 1582) que cette mise à jour devait avoir lieu en octobre, que l’on passerait du 4 octobre au 15 octobre 1582.
Je ne crois pas que c’est ce qui s’est passé, dans plusieurs pays ça a eu lieu en décembre 1582, avec un passage du 9 au 20
(Italie, Espagne, Portugal et France) et plus tard pour d’autres pays. Voir Jacqueline de Bourgoing, Le calendrier (Découvertes Gallimard n°400, p.78, 79 et 94).]

[Ledit Baroukh était soutenu par un autre Rav de la ville, Rav Shlomo ‘Hassoun, qui était en ma’hloket contre le Mahari Ben Lev et chacun des deux avait mis l’autre en ‘Hérem… (pas joyeux tout ça). Il y avait beaucoup de tensions entre les différentes communautés à Salonique.]

Peu après, son autre fils, Moshé, est mort noyé lors d’une Tvila dans un fleuve (Otsar Hagdolim IV, p.315). Suite à cela, le Mahari Ben Lev a quitté Salonique et s’est installé à Istanbul en 1546 (après avoir résidé à Salonique 13 ans, de 1533 à 1546).

Selon ces dates (indiquées dans différents Sfarim), il y a une difficulté ; lorsqu’il a quitté Salonique il était âgé, au mieux, de 43 ans et peut-être seulement de 41 ans.
Or, son fils R. David avait été assassiné l’année d’avant, en ayant 28 ans.
Si son fils avait 28 ans en 1545 c’est qu’il est né au plus tard en 1517, date à laquelle le père (Mahari ben Lev) avait à peine 12 ou 14 ans…
Peut-être que le Mahari est né un peu avant 1503-1505 (dates habituellement retenues), ou que son fils n’avait pas 28 ans (mais plutôt 18), ou que la date du déménagement pour Istanbul n’est pas 1546 (mais plus tard).

Le Mahari Ben Lev, même s’il a eu plusieurs ennemis, est considéré comme un des Gdolei Hador du XVIème siècle (=de l’époque du Rav Yossef Karo), sa Yeshiva (à Istanbul) comptait dans ses rangs 60 élèves qui étaient chacun spécialisé dans une Massekhet du Shas, de sorte qu’ils couvraient ainsi tout le Shas et que chaque Souguia, chaque ‘Hidoush, pouvait être analysé à l’aune de toutes les Souguiot.

Lorsque Rav Karo a publié son Beit Yossef, le Mahari Ben Lev en a interdit l’utilisation dans sa yeshiva, car cela mâchait trop le travail.
Ultérieurement, se rendant compte que ce livre était précieusement utile, il l’a autorisé. (cf. Shem Hagdolim II, sv. Beit Yossef) et (Yossef Be’hiri p.349).
Dans ce contexte, il est intéressant de noter que le Otsar Hagdolim (IV, p.316) indique que le Beit Yossef (Y’’D §10) cite le Mahari Ben Lev.
Néanmoins, je n’ai pas vu où il le citerait. C’est le Ba’h qui le cite généralement, mais pas le Beit Yossef.
Par contre, Rav Karo le cite dans son Kessef Mishné (Hil. Gueroushin §13,1) (éd. Fraenkel p.328).


Un des Rabanim de Salonique, Rav Binyamin Halévy Ashkenazi, était au départ ami du Mahari Ben Lev, jusqu’à sa Ma’hloket avec les Rabanim de Salonique (dont Rav Shlomo 'Hassoun). Là, Rav Ashkenazi a cessé de parler avec le Mahari Ben Lev.
Il l’a ultérieurement regretté, une fois que le Mahari Ben Lev était déjà (bien) installé à Istanbul.
Il lui a envoyé une lettre pour lui demander Me’hila et l’encourager à revenir à Salonique (Otsar Hagdolim IV, p.316).

A cette époque, le Mahari Ben Lev avait déjà une meilleure situation à Istanbul, la riche philanthrope Dona Gracia Mendès Nassi et son neveu le sponsorisaient ainsi que toute sa Yeshiva.
Il y est resté.
Le judaïsme de Salonique, grande capitale de Torah à cette époque et un peu plus tard [cf. Maharashdam (Y’’D §158) et (H’’M §445) et voir aussi Shout Torat 'Haïm (Shabtay) (I,§95) qui nous apprend que Salonique était surnommée "la petite Jérusalem"], n’a pas mérité d’héberger ce sage.
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