Avant tout, comme je viens de relire mon précédent message qui remonte à plus d’un an, j’y apporte une correction concernant la toute dernière référence :
Binian Tsion (II, §36), au lieu de
§36, il faut lire
§37.
Ceci étant corrigé, passons à vos messages.
A Juif :
Oui.
On pourrait imaginer devoir être plus strict pour les femmes -voir
Maarashdam (O"H §4) et ce qu'en dit le
Mishné Ala'hot (VII, §57)- mais on ne retiendra aucune différence pour cette ala'ha.
A Cohen David :
Je ne crois pas -navré de devoir vous le dire- que cet avis indulgent existe réellement.
J’ai vu ce qu’écrit le
Yalkout Yossef (YY Shabbat II, §301, 35 p.39 dans l’ancienne édition –en hébreu) je cite : «
certains disent qu’il est interdit de sortir à shabbat avec des lunettes de soleil… et ceux qui ont l’habitude d’être indulgent ont sur qu(o)i se reposer. Surtout dans nos contrées où il y a un erouv… ».
(car, comme vu plus haut, le problème est lié à l’inquiétude de retirer les lunettes tout en marchant et donc les transporter sur quatre amot)
J'ai donc bien pris conscience que le
Yalkout Yossef parle d'avis permissifs pour les lunettes de soleil à shabbat, néanmoins je ne sais pas quels sont les avis permissifs qui lui permettent de dire que «
ceux qui ont l’habitude d’être indulgent ont sur quoi se reposer ».
(je parle pour la France où il n’y a généralement pas de Erouv.
Là où il y en a un, de toute façon –comme à Strasbourg- les gens portent.
Et ceux qui ne portent pas ne s’en abstiennent –à ma connaissance- pas parce qu’ils suivent systématiquement les
vues du
Rav Yossef.
Quoi qu’il en soit, le
Rav Yossef parle « d’indulgents sans erouv ».)
Dans la note, il cite les poskim qui parlent de cette question, mais il s’agît d’avis permissifs qui ne concernent que
des cas où les lunettes de soleil sont nécessaires médicalement (ce qui était presque toujours le cas à une époque où l’on ne mettait pas de lunettes de soleil pour le seul confort).
Il est vrai qu’il y cite aussi le
Binian Tsion que je citais plus haut
(en indiquant bien §37 mais en omettant de préciser qu’il s’agît du second tome –tshouvot a’hadashot. Tel que c’est écrit cela renvoie au Binian Tsion qui est un autre livre que l’on peut appeler le tome I. Mais il s’agît en fait du Binian Tsion Tshouvot A’hadashot ! Le tome II, comme je le mentionnais dans mon précédent message)
en lui faisant dire que s’il y a des branches aux lunettes il y a lieu de permettre.
Mais c’est faux !
Premièrement le
Binian Tsion ne dit pas qu’il y a lieu de permettre s’il y a des branches mais il cite un avis permissif et dit qu’il n’y a pas lieu de reprocher cette conduite à celui qui pense pouvoir se baser sur cette décision.
Cela n’indique pas qu’il pense lui-même qu’il faille être permissif, mais -si déjà- le contraire.
Deuxièmement, et c’est là l’essentiel,
le Binian Tsion ne parle pas du tout de lunettes de soleil !!! Il parle de lunettes de vue !
Or pour des lunettes de vue, il est évident (-je dirais même plus : ça saute aux yeux) qu’il y a lieu d’être bien plus indulgent dans la mesure où toute l’inquiétude se résume à ce que l’on en vienne à enlever les lunettes tout en marchant, ce qui est bien plus probable pour des lunettes de soleil (dans une zone d’ombre…) que pour des lunettes de vue sans lesquelles le marcheur serait éventuellement un peu gêné.
De plus le
Rav Its’hak Yossef lui-même établit clairement une distinction entre ces deux catégories de lunettes et permet de sortir à shabbat avec des lunettes de vue.
Donc il ne devrait pas citer un
Binian Tsion qui parle des lunettes de vue dans la note qui est supposée donner les références des auteurs permissifs pour les lunettes de soleil !
Aussi, il cite le
Mishné Ala'hot (VII, §57) qui annonce que "le monde" a la coutume de permettre.
Ici aussi il y a -il me semble- erreur, car le
Mishné Ala'hot parle du problème de otsaa des lunettes, mais pas du problème particulier des lunettes de soleil que l'on est bien plus enclin à retirer en marchant que les lunettes de vue!
Cette source aussi est donc une erreur.
L'erreur vient certainement du fait que le début de ce siman du
Mishné Ala'hot parle des lunettes de soleil, mais rapidement il passe (clairement) aux lunettes de vue.
Et tous les poskim penchent pour interdire les lunettes de soleil en dehors des cas de problèmes médicaux.
(C'est d'ailleurs (heureusement) la conclusion du
Yalkout Yossef lui-même qui considère la koula uniquement pour les endroits où il y a un érouv.)
Ainsi, il n’y a (dans ce passage du
Yalkout Yossef) pas d’information ala’hique autre que celles que j’avais déjà cité dans mon précédent message, si ce n’est celle-ci : les mots du
Yalkout Yossef peuvent tromper le lecteur [qui ne va pas vérifier les textes auxquels l’auteur fait référence dans sa note de bas de page].
En lisant uniquement la ala’ha (dans le texte en gras du haut de page), on pourrait comprendre que certains avis sont permissifs MEME sans avoir recours au problème médical, ce qui me semble faux MEME selon le
Rav Its’hak Yossef (auteur du
Yalkout Yossef) qui conclue en fin de note par «
malgré tout, dans nos contrées où il y a un érouv … on peut plus aisément se reposer sur la koula …» (donc là où il n’y a pas de Erouv, on ne devrait pas se reposer sur la koula).
Voilà une nouvelle démonstration des erreurs que l’on peut commettre lorsqu’on veut découvrir la ala’ha par le
Yalkout Yossef, sans comparer avec les autres livres de lois sur shabbat et sans aller vérifier les références que cite l’auteur du
Yalkout yossef pour s’assurer d’avoir bien compris.
J’avais expliqué par cet argument pourquoi je ne recommandais pas la lecture du
Yalkout Yossef en français au débutant pour découvrir les ala’hot et j’avais ajouté que même pour l’édition hébraïque, il fallait encore être capable de comprendre les sources citées. Je mettais donc en garde le débutant auquel mon message était adressé.
Le
Rav Its’hak Yossef est assurément un grand Talmid ‘Ha’ham mais ses livres étant très riches, « en formation » et corrigés régulièrement par l’auteur pour arriver à les parfaire, il ne convient pas au novice de découvrir la ala’ha à travers ces ouvrages à moins d’être accompagné en cela par un érudit capable de vérifier les sources ou tout au moins de se renseigner lorsqu’il croit avoir compris une ala’ha qui n’est pas ce que la grande majorité des décisionnaires préconisent.
Certains avaient vu en moi (pour avoir donné ce conseil) un raciste anti-sfaradim et me reprochent encore aujourd’hui ma prétendue partialité.
Selon eux, je jugerais les maîtres ashkenazim avec plus de bienveillance et d’indulgence que les maîtres sfaradim.
Voir :
http://techouvot.com/liste_douvrages_pour_debuter_dans_letude_de_la_thora-vt13145.html?highlight=
page 1 et suivantes
Je leur ferai tout de même remarquer qu’ici même, dans mon précédent message, daté d’il y a plus d’un an, j’écrivais que le
Piskei Tshouvot –maître incontestablement ashkenaz- s’était trompé en citant le
Shearim Ametsouyanim baala’ha et en lui faisant dire l’inverse de sa pensée.
(Je l’avais peut-être déjà fait remarquer à mon accusateur vers la page 4)
Je me suis longuement expliqué et "justifié" suite à ces accusations non fondées proférées par quelques "
petits calomniateurs" que je n’ai pas pour autant réussi à convaincre de mon innocence (-en dehors de quelques-uns).
Je réitère donc ma mise en garde, tout comme je souligne à nouveau mon profond respect pour le
Rav Its'hak Yossef qui fait assurément partie des grands talmidei 'ha'hamim de notre génération.