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Les communautés juives en Province

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aaron26
Messages: 16777214
Shalom 'aleikhem Rav Wattenberg,

Dans nombre de communautés juives, dont beaucoup se trouvent dans des petites bourgades en province, la pratique des mitsvot laisse à désirer, l'éloignement géographique des "centres" de torah y jouant pour beaucoup.
Certains rabbins ou éudiants y assurent souvent le "service religieux" pour le week-end, la communauté étant elle même souvent dépourvue de quelqu'un qui saurait lire la Tora.
J'aimerais savoir si le principe ramené dans la halakha (je me souviens l'avoir vu cité par le Mishna Beroura) qui enjoint à ne pas faire monter à la Tora des personnes qui profaneraient le chabbat est applicable quand, si ce n'était l'étudiant ou le rabbin qui en assurait le fonctionnement, la communauté meurrerait totalement.
Qu'en est-il d'ailleurs, pour proposer ses services à une communauté de province leh'athila ?
Voyez-vous d'autres problèmes qui préconisent un "responsable du culte" à arrêter/refuser tout investissement dans un endroit pareil ?

Merci beaucoup .
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6656
Citation:
J'aimerais savoir si le principe ramené dans la halakha ( je me souviens l'avoir vu cité par le mishna beroura ) qui enjoint à ne pas faire monter à la torah des personnes qui profaneraient le chabbat est applicable quand, si ce n'était l'étudiant ou le rabbin qui en assurait le fonctionnement, la communauté mourrerait totalement.


Voyez ce que j’ai écrit ici : https://www.techouvot.com/marie_a_une_goya_et_minyan-vt18840.html
Et ici : https://www.techouvot.com/monter_a_la_tora_pour_un_non_chomer_chabat-vt4854.html
Et là : https://www.techouvot.com/judaisme_reforme_et_reseaux_sociaux_ou_en_sommesnous-vp51739.html#51739

Citation:

Qu'en est-il d'ailleurs, pour proposer ses services à une communauté de province leh'athila ?


Bien entendu, certains rechignent à cela et l’évitent, mais ce n’est pas ainsi qu’on fera avancer les choses.

Toute personne se sentant adaptée à ce travail, possédant les prédispositions nécessaires et se sentant la capacité de faire progresser spirituellement une communauté de province (pas juste assurer la lecture etc., mais savoir exposer des discours qui vont intéresser le Kahal et les interpeller /encourager etc.), se doit de le faire. (mais voyez la suite)


Citation:
Voyez vous d'autres problèmes qui préconisent un "responsable du culte" à arrêter/refuser tout investissement dans un endroit pareil ?


Oui, des tas de choses peuvent refroidir et décourager un rabbin d’exercer en province dans ce type de communautés et dans certains cas, il a bien raison de s’enfuir ;
S’il a des enfants en âge d’éducation et qu’il n’y a pas de structure adaptée pour eux, qu’il fuie tout de suite, sans se poser plus de questions.
Chacun est responsable de ses propres enfants avant d’être responsable des autres juifs.

Si la communauté s’entête (idéologiquement) sur des écarts conséquents de la tradition, si le président impose des transgressions de la Halakha (comme un refus de placer une Me’hitsa dans la salle de prière, ou comme faire monter à la Torah des non-juifs, etc.), le rabbin n’a pas à rester avec eux.

Mais si la communauté est complètement ignorante, personne ne sait respecter le shabbat selon la halakha, ni faire les brakhot, ni le Mikve, ni rien… Si le rabbin sent qu’il peut faire avancer les choses, Mitsva Gdola de le faire ! (tant qu’il ne met pas sa propre famille en danger spirituel).

Lorsque le Rambam est arrivé en Egypte, il y avait énormément de caraïtes, les gens ne pratiquaient que très imparfaitement les Mitsvot et il parait qu’il a réussi à redresser un peu les choses.

Rav Ovadia Yossef aussi est allé en Egypte vers les années 1950 et la communauté y était traditionaliste, en commettant beaucoup d’écarts halakhiques.
Mais pour le coup, s’il a pu avoir une influence ponctuelle sur certains de ses fidèles locaux, on ne peut pas dire qu’il ait réussi à faire avancer les choses, le judaïsme égyptien n’a fait que régresser et voyez ce qu’il en reste aujourd’hui…

Rav Ovadia s’est fait vivement critiqué durant sa période égyptienne, on lui reprochait d’être trop Ma’hmir ( ! c’est dire à quel point…) ou d’être irrespectueux envers le Ben Ish ‘Haï (qu’il contredisait explicitement alors qu’il était bien jeune), etc. et ils lui ont fait des misères sur tout et n’importe quoi au point qu’il en perde le moral.
Résultat, il est rentré en Israël, où il a eu bien mieux à faire.
Tant pis pour eux !

[J’ai coutume de dire qu’on [n’]a [que] les rabbins que l’on mérite… (il y a aussi une idée -qui pourrait paraître contradictoire si elle n'est pas convenablement comprise, selon laquelle chaque rabbin à la communauté qu'il mérite, cf. Toldot Yaakov Yossef sur Parshat Vayelekh)

Le Tsibour dans son ensemble joue un rôle prépondérant dans la réussite du rabbin à aider et faire progresser ses fidèles.

C’est une grande règle de la Avodat Hashem dont on ne réalise pas souvent le poids ni l’impact.

Voir une idée proche de ce sujet dans le Malbim sur Tnou Oz Lélokim (Tehilim §68, 35) -contrairement au Pshat indiqué par le Radak et Metsoudat Tsion.]


Il y a eu pire, le Rav Yaakov Yossef ‘Harif (né en 1841 en Lituanie) qui était un grand Gaon, a été nommé grand-rabbin de New York en 1888, ça a été une catastrophe.
En dehors de quelques réussites au niveau des structures locales, son influence sur la Rou’hniout des fidèles a été quasi-nulle (il faut savoir ce qu’était NY en cette fin de XIXème siècle…) et ces derniers ne le respectaient pas. Il en a été tellement affecté qu’il en est tombé malade et est décédé le 8 Tamouz en 1902.

Il a été le premier grand-rabbin de N.Y., il n’y en a plus eu après lui (peut-être en raison du fiasco de ce rabbinat ?).

[Cf. Shana BeShana 1962 (p.382) et Gdolei Hadorot (II, p.854)]

Je me souviens d’une communauté française dans les années 80 (ou début 90 ?) qui, après avoir réclamé un rabbin au Consistoire et l’avoir obtenu, l’avait renvoyé pour l’étonnant motif suivant : Le jour de son arrivée, il y a eu quelques réunions avec les administrateurs et à un moment, entre deux réunions, le jeune rabbin a pris un livre (une Gmara ?) et s’est mis à étudier en attendant la prochaine réunion. A ce moment, les administrateurs lui ont demandé ce qu’il faisait, il a répondu qu’il étudiait.
Déçus et humiliés, ils décidèrent de le renvoyer en expliquant qu’ils souhaitent se doter d’un vrai rabbin, un rabbin qui a déjà terminé ses études !

D’autres cas ont été plus heureux, B’’H, et certaines communautés ont été transformées grâce au savoir-faire d’un rabbin.

Bref, si on se sent investi du pouvoir de faire changer les choses, il faut y aller (sans mettre en danger sa propre spiritualité, ni celle de ses proches), tout en sachant qu’on tombe parfois sur des durs à cuire et il faut parfois faire marche arrière lorsque « ça ne marche pas ».
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