Si le lien entre cette haftara, empruntée au soixante-sixième et dernier chapitre du prophète Isaïe, et Roch ‘hodèch est constitué bien évidemment par son avant-dernier verset (« Il arrivera que, de nouvelle lune à nouvelle lune, et de Chabbath en Chabbath, toute chair viendra pour se prosterner devant Moi, a dit Hachem » [66, 23]), il existe également un rapport, plus subtil, avec ses premiers versets, et notamment avec le deuxième : « Toutes ces choses, Ma main les a faites, et toutes ces choses ont été, dit Hachem. Mais c’est celui-ci que Je regarderai : l’affligé, et celui qui a l’esprit contrit et qui tremble à Ma parole. »
Notre célébration de Roch ‘hodèch nous fait ressembler, dans un certain sens, à cet affligé dont l’esprit est contrit et qui tremble à la parole de Hachem.
Roch ‘hodèch est une festivité à nulle autre pareille parce qu’il appelle un sacrifice particulier, un expiatoire (Bamidbar 28, 15), et qu’il n’est accompagné d’aucune mitswa spécifique ni d’aucune restriction dans notre activité productrice. Il nous fournit cependant l’occasion de nous introspecter, et de réfléchir sur ce que nous avons accompli le mois précédent et de nous préparer à celui que nous accueillons.
Il existe cependant un projet de Hachem de faire de Roch ‘hodèch une fête à part entière. Le Tour Ora‘h ‘hayyim (§ 417) nous apprend que les fêtes de pèlerinage correspondent aux trois patriarches, tandis que les douze débuts de mois se recoupent avec les douze tribus. C’est l’épisode du veau d’or, à la suite de la confection duquel les femmes hébreues ont été récompensées pour avoir refusé de remettre leurs bijoux à leurs maris, qui a privé les hommes de l’honneur de pouvoir honorer Roch ‘hodèch comme il aurait fallu. Mais un jour viendra où il trouvera la place qui lui revient.
