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Yavin dans Choftim et Yeochoua

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Sam13009
Messages: 2
Bonjour !

On parle à deux reprise de Yavin, roi cananéen qui régnait à Hacor (Juges 4), et de Yavin roi de Hacor (Josué 11).
S'agit-il de la même personne ?

Si oui, comment est-ce possible, étant donné qu'il est mis à mort par Yeochoua ?

Merci beaucoup.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6618
Citation:
On parle à deux reprise de Yavin, roi cananéen qui régnait à Hacor (Juges 4), et de Yavin roi de Hacor (Josué 11).
S'agit-il de la même personne ?
Si oui, comment est-ce possible, étant donné qu'il est mis à mort par Yeochoua ?


Très bonne question.
Voyez le Radak sur Shoftim (IV, 2) qui explique qu’après la destruction de ‘Hatsor, les survivants de la famille du roi Yavin se sont exilés vers cette localité appelée ‘Haroshet Hagoyim et s’y sont installés et un des rois de leurs descendants a été nommé lui aussi Yavin (au nom de l’ancêtre -Yavin 1er).

Le Metsoudat David (Shoftim IV, 2) quant à lui, explique le verset de Yehoshoua (XI, 10) autrement comme s’il y avait une virgule ici :
וילכוד את חצור ואת מלכה, הכה בחרב
Au lieu d’ici :
וילכוד את חצור, ואת מלכה הכה בחרב
Pour dire que הכה בחרב (frappa par le glaive) se rapporte à חצור (la ville de ‘Hatsor) et non à מלכה (son roi).

Rabénou Menashé ben Israel, dans son Conciliador (II, début de Shoftim) [cet ouvrage intéressant, visant à réconcilier les apparentes contradictions entre les Ecritures Saintes, a été écrit (et imprimé) en espagnol par son auteur.
Le premier tome, sur le Pentateuque, a été édité en 1632. Le tome deux, sur les Prophètes
(celui que je mentionne ici), titré « Segunda parte del Conciliador », date de 1641. Et il termina la trilogie avec la partie sur les Hagiographes, « Tercera parte del Conciliador », en 1650 (à raison d’un tome tous les 9 ans).

Il y a aussi une traduction, anglaise, par E.H. Lindo (-c’est un joli patronyme pour un traducteur d’espagnol), imprimée à Londres en 1842 (-soit deux siècles après) sous le titre « The Conciliator ».
Dans cette édition, c’est dans le tome 2, p.28.

Il y a aussi eu une traduction de l’espagnol original en hébreu, par R. Mordekhai Luzzatto, mais qui n’a malheureusement jamais été imprimée (cf. Bikourei Haétim Ha’hadashim, Reggio, daf 3a, dans la note).
C’est bien dommage, ce travail important -considéré par Rabbi Moshé ‘Hagiz (Elé Hamitsvot §613) comme étant le meilleur livre de R. Menashé ben Israel pour le renforcement de la religion juive, reste depuis bientôt quatre siècles exclusivement à la portée des hispanophones ou anglophones. Avis aux amateurs : voilà un bon livre à traduire en hébreu (et/ou en français).]


Je referme cette parenthèse et met fin à cette digression, pour reprendre ce que j’écrivais :
Rabénou Menashé ben Israel écrit donc dans son Conciliador (II, début de Shoftim) que le Radak a été suivi par le Abrabanel, pour dire qu’après que Yehoshoua ait brûlé la ville de ‘Hatsor, Yavin est allé s’installer avec les survivants à ‘Haroshet Hagoyim.

Il y a cependant une différence de taille en cela que selon Abrabanel (Shoftim IV, 2, p.105) c’est en effet le même personnage, alors que pour le Radak(ad loc), c’est d'un descendant homonyme dont il s'agit. (Néanmoins la question qui intéresse le Conciliador est tout autre -et soit dit au passage, bien étrange, car la réponse me semble terriblement évidente).

Il est à noter que le Ralbag (Yehoshoua XI, 10) insiste sur le fait qu’il n’y aurait eu aucun survivant lors de la bataille de Yehoshoua, ni Yavin ni personne d’autre.

Le Ralbag ne pourra donc penser comme le Abrabanel ou le Radak, ni non plus comme le Metsoudat David.

On pourrait dire, à l’instar du Radak qu’il s’agirait d’un homonyme sans s’astreindre à en faire un descendant de Yavin 1er , bien qu’il devait être rare que l’on reprenne le nom d’un roi vaincu sans appartenir pas à sa dynastie, mais il semble que cette explication s’impose.

De toute manière, ce qu’écrivent le Abrabanel et le Metsoudat David (qu’il s’agit de la même personne, le même Yavin,) est assez étrange dans la mesure où ces deux épisodes semblent espacés d’un siècle !

Voir encore le Daat Mikra (Shoftim IV, 2) pour qui Yavin n’est pas un prénom mais une dynastie.
[Il se base sur une explication (citée en note 11 sur Shoftim IV, 24) au nom du Dr Moshé Zeidel selon qui l’expression utilisée dans le verset ne s’applique pas à un individu mais à un groupe de personnes. Explication étonnante car ce terme se trouve maintes fois dans la Torah au sujet d’une personne isolée].



Dernière édition par Rav Binyamin Wattenberg le Mer 17 Juin 2020, 10:21; édité 1 fois
Sam13009
Messages: 2
Je ne m’attendais pas à une réponse aussi complète :)
Merci énormément pour le temps que vous avez pris pour me répondre et ces différentes explications !!
Merci merci merci
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6618
Avec plaisir,
c'était une bonne question, elle méritait que l'on s'y étende un peu.
Bravo.
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