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Planifier son futur

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Question11
Messages: 3
Bonjour Rav,

Je voudrais savoir quelle doit être l'approche du juif vis à vis du futur ?

Une personne doit-elle penser à comment planifier sa vie sur le très long terme que ce soit par rapport à sa subvention ou même dans son étude ou doit-elle se contenter de réaliser son "devoir du jour" ?

Ne rien prévoir peut entrainer un manque de productivité, que ce soit par manque de vision d'un aboutissement ou par manque de motivation. Mais d'un autre côté la emouna que nous sommes censés avoir ne requiert-elle pas de se satisfaire de ce que l'on a aujourd'hui sans questionner demain ?

Cordialement.
Merci.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6656
Citation:
Je voudrais savoir quelle doit être l'approche du juif vis à vis du futur ?

Une personne doit-elle penser à comment planifier sa vie sur le très long terme que ce soit par rapport à sa subvention ou même dans son étude ou doit elle se contenter de réaliser son "devoir du jour" ?

Ne rien prévoir peut entrainer un manque de productivité, que ce soit par manque de vision d'un aboutissement ou par manque de motivation. Mais d'un autre côté la emouna que nous sommes censés avoir ne requiert-elle pas de se satisfaire de ce que l'on a aujourd'hui sans questionner demain ?


Vous écrivez :

Citation:
la emouna que nous sommes censés avoir ne requiert-elle pas de se satisfaire de ce que l'on a aujourd'hui sans questionner demain ?

Non, la Emouna ne signifie pas « se contenter de ce qu’on a » dans le sens de « ne pas avoir d’ambition ».
Lorsqu’on dit qu’il faut « se contenter de ce qu’on a » ce n’est pas pour vivre une vie pénible et souffrir et « faire vœu de contrition », c’est soit pour exclure une course stupide derrière les richesses matérielles (qui ne font que gâcher la vie, perdre son temps et qui sont aussi sources de nouveaux maux qu’on ignorait avant), soit a posteriori pour être Matsdik Ete Hadin, c-à-d que si l’on a fait ce que l’on pouvait pour avoir une bonne parnassa et qu’elle s’avère finalement mauvaise, il faut savoir se contenter de ce qu’on a (si c’est suffisant, il ne s’agit pas de mourir de faim stupidement), mais ça concerne « le passé », pas le futur.

Lorsqu’on s’organise, en pensant au futur, il faut se soucier d’avoir une bonne Parnassa et ne pas viser trop bas.
Hélas de nos jours, les gens ont plutôt tendance à viser trop haut [NB : j’écris « trop » dans le sens de « plus qu'il ne faudrait », pas dans le nouveau sens que les jeunes lui attribuent qui revient à « très ».]

Il faut comprendre que celui qui se dit « je vais faire 10 ans d’études pour avoir une Parnassa ultra solide », va grosso modo perdre 10 ans de sa vie pour pouvoir avoir plus d’argent par la suite.
Il faut bien entendu, se soucier de sa parnassa et ne pas se contenter d’un strict minimum qui serait source de soucis constants, mais d’un autre côté, combien de temps peut-on sacrifier à la Parnassa ? Il faut aussi se soucier de son progrès spirituel et de son bonheur (qui sont supposés être intimement liés).

[Je sais, on me dira que, parfois, on aime les études que l'on entreprend et ce n'est pas du temps perdu. Ou aussi, que l'on aime le métier que l'on pratique etc. C'est très bien, mais il n'en demeure pas moins que -généralement- ce ne sont pas des choses essentielles à la vie en cela qu'elles ne nous rapprochent pas de D.ieu de manière conséquente. Certains aiment aussi lire Tintin, mais ce n'est pas le meilleur moyen de s'accomplir dans la vie, même si cela permettait d'obtenir une excellente parnassa.]

Répéter bêtement « l’argent ne fait pas le bonheur » peut avoir tendance à agacer ceux qui sont le plus concernés (par le manque d’argent), vous constaterez que celui qui n’a pas à manger ne dit jamais « l’argent ne fait pas le bonheur ».
Ceux qui le disent sont ceux qui ont une Parnassa, mais qu’ils estiment parfois insuffisante, et ils se « consolent » en disant l’argent ne fait pas le bonheur.

C’est bien vrai, il ne fait pas le bonheur, mais il y contribue parfois tout de même.
Ça dépend à quelle dose.
Ne pas en avoir assez pour sa Parnassa, c-à-d : manger et les besoins les plus basiques, c’est un souci.
Mais une fois que ce niveau est atteint, que la Parnassa est acquise, qu’on a de quoi vivre sans se soucier constamment du lendemain, ce qui vient s’ajouter n’est pas un moteur de bonheur, ça peut tout aussi bien être source d’ennui, de disputes, de problèmes.

Donc oui, il faut viser d’obtenir une bonne Parnassa, mais ce que veut dire Parnassa c’est simplement « avoir de quoi vivre », ce n’est pas parce qu’il est impossible de pointer une somme précise pour définir ce « niveau », qu’il serait impossible de le comprendre.
Parnassa ne veut pas dire "richesse", contrairement à ce que beaucoup pensent.
(voyez ceci : https://www.techouvot.com/mizmor_de_la_parnassa_segoula_ou_arnaque-vt8029195.html
et encore cela :
https://www.techouvot.com/la_parnassa-vt19087.html )


Quant à l’idée qui revient souvent dans la bouche des rabbins, qu’avoir Emouna signifie, comme vous le dites, « ne pas questionner demain », et on nous raconte des tas d’histoires de Tsadikim qui n’allaient pas dormir le soir s’il restait chez eux encore une pièce de monnaie et s’ils en trouvaient une, ils se dépêchaient d’aller la donner à un pauvre et pouvaient enfin dormir, sans posséder la moindre économie, car il fallait vivre chaque jour avec la Emouna qu'Hashem leur donnerait leur Parnassa quotidienne le lendemain, tels les hébreux dans le désert qui consommaient la manne et ne devaient pas en garder pour le jour suivant...

Tout ceci est bien beau, mais totalement dépassé.
Ce n’est plus d’actualité et c’est une erreur de vouloir l’appliquer de nos jours dans un pays civilisé.

L’idée elle-même reste vraie, bien entendu, mais son champ d’application est restreint à ce qui était le lot de tous « à l’époque », au mode de vie journalier.

Si vous obtenez votre paie quotidiennement (et pas mensuellement) et que vous n’avez pas de loyer à payer ou que vous payez votre loyer quotidiennement (le loyer ou ce qui y ressemble : si vous possédez un appartement c’est pareil car il y a des taxes annuelles), on peut mettre en pratique ce principe d’Emouna.
Mais de nos jours ça n’existe plus (dans les pays civilisés, si vous allez habiter dans la jungle c’est différent en effet).

Car ces "pièces" qu’il nous reste en fin de journée (qui sont généralement plutôt à la banque) s’accumulent pour donner une somme en fin de mois qui permettra de payer les échéances du type assurance, mutuelle, etc.

C’est bien beau ces histoires de Tsadikim qui se débarrassaient de toute somme d’argent chaque soir (ce qui signifie de nos jours vider son compte en banque tous les soirs), mais comment feront-ils lorsque le lendemain sera le jour où ils devront payer leur loyer ou leur assurance ou leur mutuelle ou leur facture de téléphone ou le contrôle technique (etc.) ?

Bref, cette idée de ne pas se soucier du lendemain nécessiterait aussi de ne pas avoir de compte en banque et de vivre au jour le jour.

C’était encore le cas chez plusieurs de nos ancêtres il y a un ou deux siècles, mais c’est un mode de vie en voie de disparition (surtout dans les pays civilisés).

De nos jours, notre mode de vie fait que la transposition du principe de « ne pas questionner le lendemain » donnerait plutôt pour un employé : « ne pas questionner l’année prochaine ».

Mais lorsqu’on se dirige vers des études afin d’avoir une parnassa ultérieurement, il est fréquent que l’on doive se projeter sur plus d’un an.

Cependant, l’idée reste la même : il faut avoir Emouna et faire les choses NORMALEMENT.
Celui qui a Emouna n’est pas celui qui ne préparera rien pour son avenir, mais celui qui le préparera avec Emouna.

Il faut être conscient que le travail est souvent du temps perdu, il est indispensable, c’est comme dormir ou manger, mais il faut être conscient que lorsqu’on dort ou que l’on mange, on perd son temps, on perd sa vie.
Je veux dire que ce n’est pas ça la vie.
La vie ce n’est pas dormir et manger.
Celui qui dort « rate » la vie.
Bien sûr, il faut dormir et manger, celui qui s’en prive va rater sa vie de manière beaucoup plus rapide, mais il faut comprendre que ce n’est pas un but en soi, on doit dormir et manger pour pouvoir vivre, mais ce n’est pas ça « vivre ».

Vivre c’est être heureux, c’est le bonheur qui dépend souvent de ce qu’on accomplit et de ce qu’on fait de notre vie.
Comme le ‘Hessed que l’on fait, envers sa famille, ses enfants, ses proches, envers les moins proches. La Torah qu’on étudie qui vise à parfaire nos midot et nos Déot et Hashkafot, afin de mieux appréhender D.ieu dans notre quotidien (=la Dveikout).

Ces choses sont les éléments essentiels d’une vie et dont on peut être fier en "fin de parcours", tandis que le travail est généralement uniquement un moyen de permettre ces accomplissements de ‘Hessed, de ‘Hinoukh et de Limoud, pas un but en soi.
Gabriel2301
Messages: 12
Bonjour Rav

Je tiens à vous remercier pour vos réponses qui présentent à chaque fois une hashkafa clair, pleine de sens et qui me donne toujours le sentiment du emet à l’état pur en vous lisant. C’est un réel plaisir !

Vous avez développé l’idée que la emouna exprime l’idée qu’un juif doit se concentrer sur ce qui est fondamental dans sa vie : sa construction spirituelle et prendre conscience que son épanouissement matériel n’est pas un but en soi mais un moyen d’avoir ce qui est nécessaire pour vivre (et donc servir D.). Donc l’homme doit, dans cette état d’esprit, avoir une démarche de ne pas s’inquiéter de l’avenir et vivre simplement et normalement (sans avoir besoin de « gaspiller » des années de vie pour de longue études) et se concentrer sur le principal.

Une question m’est venu à l’esprit :Selon vous, un bahour en âge des chidouhim qui est motivé, ambitieux et qui souhaitent grandir et s’épanouir dans son limoud au maximum doit il au moment du chidouh être makpid et se soucier que la fille ai un bon métier qui gagne bien afin de s’assurer une parnassa suffisante pour plusieurs années meme lorsqu’il y’aura plusieurs enfants et que la situation nécessitera plus de moyen financier.
Ou bien doit il considérer ça comme secondaire par rapport au midotes, sincérité, gentillesse, sagesse d’esprit, hessed , volonté personnel et sincère que le mari étudie. Dans le sens où si la fille possède toute ces qualités mais pas forcément un bon métier, qu’il doit tout de même se lancer, en ne pensant pas au quelques années de sa vie qui suivront et en se disant que au moment où il y’aura besoin de plus d’argent hachem me trouvera un moyen d’en gagner et une hishtadloute à faire. ( ce qui peut entraîner une perte de temps d’étude).
Le principe d’« emouna » que vous développer entre il en compte dans ce choix ? Si oui, à quel niveau ?

J’espère avoir été clair.
Merci beaucoup
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6656
Citation:
Je tiens à vous remercier pour vos réponses qui présentent à chaque fois une hashkafa clair, pleine de sens et qui me donne toujours le sentiment du emet à l’état pur en vous lisant. C’est un réel plaisir !


You’re welcome.

Citation:
Vous avez développé l’idée que la emouna exprime l’idée qu’un juif doit se concentrer sur ce qui est fondamental dans sa vie : sa construction spirituelle et prendre conscience que son épanouissement matériel n’est pas un but en soi mais un moyen d’avoir ce qui est nécessaire pour vivre (et donc servir D.). Donc l’homme doit, dans cette état d’esprit, avoir une démarche de ne pas s’inquiéter de l’avenir et vivre simplement et normalement (sans avoir besoin de « gaspiller » des années de vie pour de longue études) et se concentrer sur le principal.
Une question m’est venu à l’esprit :Selon vous, un bahour en âge des chidouhim qui est motivé, ambitieux et qui souhaitent grandir et s’épanouir dans son limoud au maximum doit il au moment du chidouh être makpid et se soucier que la fille ai un bon métier qui gagne bien afin de s’assurer une parnassa suffisante pour plusieurs années meme lorsqu’il y’aura plusieurs enfants et que la situation nécessitera plus de moyen financier.
Ou bien doit il considérer ça comme secondaire par rapport au midotes, sincérité, gentillesse, sagesse d’esprit, hessed , volonté personnel et sincère que le mari étudie. Dans le sens où si la fille possède toute ces qualités mais pas forcément un bon métier, qu’il doit tout de même se lancer, en ne pensant pas au quelques années de sa vie qui suivront et en se disant que au moment où il y’aura besoin de plus d’argent hachem me trouvera un moyen d’en gagner et une hishtadloute à faire. ( ce qui peut entraîner une perte de temps d’étude).
Le principe d’« emouna » que vous développer entre il en compte dans ce choix ? Si oui, à quel niveau ?


Je dirais qu’il faut impérativement et sans l’ombre d’un doute « considérer ça comme secondaire par rapport au midot », car sans ces midot, je veux dire sans « sincérité, gentillesse, sagesse d’esprit, ‘Hessed , volonté personnelle et sincère que le mari étudie », même une excellente parnassa ne vous permettra pas de progresser et devenir un Talmid ‘Hakham.

Celui qui épouse une femme de famille riche ou avec un excellent job, sera certes à l’abri des soucis financiers, mais si sa femme n’est pas consciente de l’importance du Limoud, si elle est trop prise dans le Olam Hazé et ses futilités au point de réclamer sans cesse de son mari qu’ils partent en vacances, qu’ils fassent des sorties, qu’ils aillent dans des endroits qu’il vaut mieux éviter, si elle n’est pas fière de son mari lorsqu’il fait un Siyoum, si elle ne fait aucun effort pour lui permettre d’étudier, bref si elle n’a pas les Midot requises et indispensables pour être une épouse de Talmid ‘Hakham, cela complique la tâche bien plus que ce que ne la complique le manque de Parnassa.

Ceci étant dit, il ne faut pas négliger l’atout de la parnassa non plus, il ne s’agit pas de chercher « Davka » une fille de famille pauvre et qui n’aurait aucune formation ni métier (en se disant « j’ai Emouna et Bita’hon »), il ne faut pas chercher « lekhate’hila » la pauvreté.
Mais si une personne regroupant toutes les Midot dont vous parliez se présente, il faut comprendre qu’elle a cent fois plus de valeur que celle qui apporte la richesse.

Idéalement, il faut les deux (Midot et Parnassa) bien entendu, cependant, pour celui qui vise la Yediat Hatorah, le manque de parnassa sera un frein inférieur au manque de Midot.

Il y a eu beaucoup de Talmidei ‘Hakhamim qui ont réussi à vaincre et dépasser le manque de Parnassa, mais il y en a eu beaucoup moins qui ont réussi à devenir Talmidei ‘Hakhamim en dépit de l’absence des Midot de leur épouse.
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