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CHOISIR UN RAV

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RADBAY
Messages: 1
Bonsoir Rav Wattenberg,

J'ai décidé depuis Kippour de prendre une résolution mûrement réfléchie depuis presque 10 ans: me faire un rav.

Je n'arrivais pas à envisager de me faire un rav auparavant car pour moi c'est une décision pleine de sens qui signifie se laisser guider par un autre or sur le principe j'étais un peu méfiant et d'autre part je désirais quelqu'un qui puisse répondre à une de mes passions qui est la critique biblique.

J'ai découvert la critique biblique il y a 10 ans et me suis passionné pour l'archéologie et la théologie. Pour faire bref, je suis devenu religieusement athée puis, grâce à D.ieu, je suis revenu vers ma tradition puis me suis marié avec une personne religieuse. J'ai une fille actuellement elle est magnifique.

Si je vous raconte cela c'est que, malgré tout, je suis toujours passionné par cette science non parce qu'elle est intéressante en soi mais parce que il y a des conclusions qu'elle apporte qui semblent gravées dans la pierre. Je ne veux pas entrer dans le détail car ce n'est pas l'objet ce serait raconter toute une vie.

Bref, aujourd'hui je me suis rendu compte de quelques failles idéologiques de cette science mais j'aimerai avoir un maitre qui me guide. Quelqu'un vers qui je pourrais être proche. Ce n'est pas une décision à la légère car je suis prêt à aimer ce maitre. J'ai mis 10 ans pour pouvoir dire cela.

Seulement j'ai besoin que ce maitre puisse répondre à mes interrogations, j'ai besoin d'être fière et d'admirer mon maitre autant que de le questionner. J'ai besoin d'être au Sinai avec lui. Bref je veux tomber dans cette relation maitre-disciple intime et profonde.

Or je ne connais pas les critères pour choisir un rav. Je connais la réputation de votre verbe et votre propension au détail chose que j'apprécie chez un homme.

Dernièrement mon coeur s'est mis à battre très fort deux fois, une fois en lisant des réponses du Rav Yehiel Brand et la seconde fois en vous lisant.

Je ne suis absolument pas dans la comparaison et je ne demande pas que vous m'indiquiez un choix à faire car seul moi peut le faire mais j'aimerai avoir des indications sur comment choisir son maitre.

Peut être aimeriez vous des détails sur moi, les voici:

Je suis séfarade marocain de mon père et tunisien de mon père. J'ai 27 ans et je suis Psychologue - Psychothérapeute. Je suis extrêmement curieux de tout mais n'est pas le temps de me cultiver sans cesse car si je le pouvais je passerais mon temps à étudier. J'ai un intérêt pour la psychologie, la psychiatrie, l'histoire, l'archéologie, la philosophie aussi et la théologie. J'ai commencé il y a un an des cours à la yéchiva des étudiant du rav zyzek en suivant les cours de Micho Klein. J'ai de l'amitié pour lui, il m'a appris beaucoup plus sur moi que dans mes années précédentes mais il ne sera pas mon Rav. Je n'ai pas de niveau en talmud ni en torah orale mais j'écris des articles analytiques sur la torah écrite car j'y suis passionné (j'ai un DU d'hébreu Tanakh de l'université de strasbourg également). Je ne dispose d'aucune intelligence particulière, je suis plutôt substantiellement assez pauvre en intelligence mais je suis curieux a en être boulimique.

Niveau midots principales: L'amour de la vérité, l'honneteté intellectuelle et l'intégrité mais également la compassion et le fait que je m'adresse de la même façon au plus grand comme au plus petit. Je suis malheureusement assez têtu et parfois trop orgeuilleux.

Je ne sais pas si ces infos sont pertinentes mais je ne sais ce dont vous avez besoin pour m'aider.

Je vous remercie d'avance... Chabbath Chalom

Dan ABERGEL

PS: juste par curiosité...les livres que vous citez dans vos réponses vous les avez tous lus ? C'est tellement incroyable que je pose la question pour ne pas me pincer (ça fait mal qu'une question). Pardon pour les fautes d'orthographe.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6656
Après avoir attendu 10 ans, vous auriez encore pu attendre 10 années supplémentaires avant que je ne tombe sur votre message !
Mais voilà, je le lis b"h « pas trop tard ».

Je ne sais trop que vous dire.
Que souhaiteriez-vous exactement que je vous réponde ?
Si vous avez des questions, je veux bien essayer d'y répondre même si elles portent sur la critique biblique.

Vous mentionnez Rav Brandt, sachez qu'il s'est «spécialisé» en critique biblique. Moi, ce n'est pas un domaine que j'ai particulièrement travaillé, je réponds parfois sur ce genre de questions, en fonction de mes capacités, mais je ne suis pas un spécialiste en la matière.

Globalement votre question, si je comprends bien, est de savoir comment décider d'adopter tel ou tel rav comme maître.

La réponse peut être très longue, il y a beaucoup à dire. Mais je vois que vous avez déjà une idée sur la question puisque vous citez Mr Klein qui vous a appris beaucoup sur vous-même («il m'a appris beaucoup plus sur moi que dans mes années précédentes») mais vous continuez: « mais il ne sera pas mon Rav».

Disons déjà ce qu'en disent les Sages du Talmud eux-mêmes, voici une copie de ce que j'ai écrit à ce sujet ailleurs:

Voyez le Talmud dans 'Haguiga (15b) et Moed Katan (17a) (et Yalkout Shimoni sur Mala’hi §589): "si le rav (l'enseignant) ressemble à un ange, recherche la Thora de sa bouche. S'il ne ressemble pas à un ange, ne recherche pas la Thora de sa bouche".

Il ne faudra pas prendre cet enseignement ad litteram, sans quoi on se condamnerait à ne jamais trouver d'enseignant de Thora.
Rares sont ceux qui pourraient prétendre au titre.
Nous trouvons que le Talmud a daigné l'accorder avec beaucoup de parcimonie à Rabbi Yehouda Bar Ilay (Shabbat 25b) (et Tana Debei Eliahou Zouta §XVI ) et le Midrash (Dvarim Raba §XI, 10 et Yalkout Shimoni Dvarim §940) à Moshé Rabeinou et ( Yalkout Shimoni (Bereshit §161) ) à Rabbi Matia ben 'Harash, on trouve aussi dans leTalmud (Nedarim 20) que tous les 'ha'hamim sont comparés à des anges, ainsi que le Cohen Gadol selon le Yalkout Shimoni (Bereshit §XXXIV) ou encore tous les juifs à Yom Kippour (Yalkout Shimoni Vayikra §578).

Disons que les anges ne courent pas les rues.

Mais même si le Méiri ('Haguiga 15b) semble limiter l’impact de ce conseil (si le rav ne ressemble pas à un ange, ne recherche pas la Thora de sa bouche… ) à un enseignant qui serait 'kofer beémouna' (voir encore Tana Debei Eliahou Zouta (fin de §XXII) sur un des élèves de Rabbi Akiva), et que le Rambam (Talmud Thora §IV, 1) indique simplement de ne pas apprendre la Thora d'un Rav qui ne se comporte pas bien, j'aurais tendance à me rapprocher du texte qui ne s’est pas contenté de dire «si l'enseignant est kofer, ne recherche pas sa Thora » mais a parlé de comparaison à un ange.

Il ne faudra donc pas oublier cette idée; si le rav ressemble à un ange au moins sur un point, recherche sa Thora, s'il ne ressemble en rien à un ange, ne recherche pas sa Thora.

Les Rishonim expliqueront de différentes manières ce conseil (yirat 'het, naé doresh venaé mekayem,…) et certains A'haronim aussi s'en contenteront.

Le Or A'haim Akadosh (dvarim §XII, 24) par exemple dira que le rav doit observer/respecter la Thora.

Nous trouvons différentes riches explications de cette comparaison à un Mala'h (ange) chez les a'haronim qui se sont demandé comment pouvait on en attendre autant d'un être humain.

(étonnement de la majorité des commentateurs, même si le Kli Yakar (shemot §XXV, 17) semble prendre le texte à la lettre - ou presque - en l'expliquant que le Rav doit être propre de péchés comme un bébé d'un an !)

Il est vrai que nous surnommons certains rabanim «l'ange», comme Rabbi Avraham Amala'h et Amala'h rabbi Rephael Berdugo, mais comme il n'y en a pas à chaque génération, nous compromettons nos chances d'en avoir pour les générations suivantes s'il n'y avait personne pour faire passer la Thora jusque-là.

Le 'Hatam Sofer (je ne sais plus où) interprète le vocable Mala'h comme Shalia'h, «envoyé»; si le rav se comporte dans son enseignement comme missionné par D… pour enseigner Sa Thora et non par intérêt personnel (auquel cas il serait son propre Shalia'h et non celui de D…), alors recherche sa Thora.

Si l'intention du Rav est leshem shamayim, recherche sa thora sinon, non.

Comment savoir si son intention est pure ?
Le 'Hatam Sofer semble avoir un moyen infaillible de s'en assurer: si ce Rav n'est pas totalement écouté de tous, que des personnes (de sa kehila) sopposent à certaines de ses décisions, s'il est critiqué (généralement par un groupe bien précis de personnes), c'est qu'il opère leshem shamayim !!!

La même idée (mala'h= shalia'h) se retrouve au travers des mots de Rabbi Tsadok Acohen de Lublin dans son Ressissei Layla (§34).

Le Rav Horowitz auteur du Aflaa dans son Panim Yafot (Vayéra §XVIII, 2 et voir aussi Aazinou §XXXII, 47 et ki tissa §XXXIII, 20 ) et dans la préface de son sefer Amikna (Akdama §43) (-oui, ça se lit sefer Amikna et non sefer Amakné selon l'habitude dans les yeshivot) explique que ressembler à un mala'h fait allusion à la différence entre l'homme et l'ange au niveau de la progression spirituelle.

Chez l'ange ça stagne.
Ainsi un rav qui sait se mettre au niveau de ses élèves et leur expliquer le texte selon leur compréhension sera un rav vers lequel il faut accourir pour apprendre la Thora.
Mais un Rav qui refuse de « stagner » momentanément - lorsqu'il enseigne - car il veut apprendre tout en enseignant, ne recherche pas sa Thora car il ne saura pas la mettre à ton niveau (cependant, voir le Deguel Ma’hné Ephraïm (Yitro §XVIII, 23) qui utilisera cette idée différemment).

Ce qui veut dire que le rav se doit de préparer son cours avant de le donner, réfléchir à comment présenter les choses, dans quel ordre et de quelle manière, afin de permettre aux élèves de bien saisir son intention.

Je pense - personnellement - que ceci ne concerne que l'enseignement de la Thora, je veux dire l'étude ala'hique du Talmud et des décisionnaires. Mais il est probable qu'en matière de Moussar/’hassidout il soit préférable de laisser une place à l'improvisation, de telle sorte que les messages puissent mieux passer.

D'ailleurs nous trouvons un Rabbi 'Hassidique qui semble vouloir dire la même chose précisément en expliquant le conseil du Talmud (si la rav ressemble à un ange etc…); dans leDivrei Ye'hezkel (parshat Matot) il explique que les anges ne savent pas à l'avance quelle sera leur mission, même leur nom changera en fonction de la mission. Ainsi un Rabbi qui doit dire une « thora » (enseignement 'hassidique) à ses 'hassidim devra laisser libre cours à son inspiration sur place et ne rien préparer à l'avance.

Nous trouvons énormément d'autres explications sur ce texte dans les sifrei 'hassidout.
En citer un échantillon prendrait trop de temps.

Je conseillerais néanmoins la lecture du Divrei Yoel dans parshat 'Hayei Sarah et dans Parshat Emor et du Yisma'h Moshe dans parshat Toldot (69a).

Ailleurs, le Panim Yafot (Vaet'hanan §VI, 5) expliquera plus simplement qu'un mala'h ne fait pas son travail dans l'espoir d'être récompensé mais parce qu'il pense que c'est ce qu'il doit faire pour la gloire de D…, ainsi un Rav qui enseigne dans cette optique sera un rav qu'il faudra rechercher pour apprendre de lui la Thora.

Rabbi Yaacov Emden dans son Shéilat Yaabets (I, §5) semble expliquer qu'un rav qui ressemble à un mala'h ne cherchera pas à avoir raison s'il pense qu'il a tort. Il reconnaitra - même à son élève - qu'il se range à son avis.

Rav Klein, dans son Shout Mishné Ala’hot (V, §188,6) dans une réponse sur l'exagération et l'amplification des titres honorifiques dans le monde de la Thora de nos jours, explique que la recommandation d'étudier chez un Rav qui ressemble à un ange concerne l'élève et non directement le Rav; si l’élève voit et respecte son Rav comme un mala'h, alors il pourra apprendre de lui la Thora.
Mais si le respect qu'il voue à son Rav est limité, il ne pourra pas apprendre (convenablement) la Thora de ce Rav.

Il se répètera dans d'autres tomes de son Mishné Ala'hot (XII, §481), (VI, §30) et (VIII, §225) - où il s'agit d'une lettre (datée de 1977) envoyée au Steipler qu'il qualifie lui-même de Rav Adomé Lemala'h.

(Cependant, voir ce qu'il écrira dans les tomes XI, §115 et XIII, §159 ) (voir encore dans tome XII fin de §124 où ressembler à un mala'h est étudier avec un petit.)

Le Rabbi de Tsanz dans son Shout Divrei Tatsiv (yoré déa fin de §139) explique que ressembler à un mala'h c'est ne pas être au courant de ce qui se passe ici-bas, et continuer à trancher la ala'ha comme l'ont fait nos ancêtres depuis matan thora…

Si cette explication est - selon moi - à remettre dans son contexte historique, elle n'est pas à négliger totalement même aujourd'hui.

Il est en tout cas clair selon tout le monde que la yirat shamayim et l'accomplissement des mitsvot est une condition indispensable pour enseigner la Thora.
À lus forte raison le sera-t-elle pour l'enseignement de la Kabbale qui a une fâcheuse tendance à être enseignée par des personnes qui ne respectent pas toutes les mitsvot.

Il est clair que les dégâts d'un enseignant non yeré shamayim risquent d'être multipliés si le sujet étudié est un sujet kabbalistique.

C'est ce que souligne Rav Ovadia Yossef dans son Ye'havé Daat (IV, §47).


Voir la question et la suite des développements ici : http://techouvot.com/lautre_de_herve_elie_bokobza_im_arav_dome_lemalah-vt14715.html

Je vous encourage à y jeter un œil et ensuite à affiner votre question si elle subsiste.
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