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Yair ben Segouv

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sat1
Messages: 94
Le Yair mentionné dans Divrei Hayamim (I, II, 22) est-il le même que Yair ben Menashé que l'on retrouve dans la Torah (Bamidbar 32,41 ou Dvarim 3,14) ?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6656
Citation:
Est ce que le Yair mentionné dans Divrei Hayamim (I, II, 22) est le même que Yair ben Menashé que l'on retrouve dans la Torah (Bamidbar 32,41 ou Dvarim 3,14)?


C’est une bonne question.
Ça se discute. Voyez Radak (Divrei Hayamim I, II, 22).

Le Malbim (ad loc) pense que c’est le même Yaïr, et bien que son père se prénommât Segouv, il est mentionné dans la Torah comme Yaïr ben Menashé, car il est descendant de Menashé par sa mère.

Mais le Metsoudat David (ad loc) écrit qu’il s’agit de deux Yaïr distincts, en dépit des similitudes (villes, ‘Havot Yaïr), car c’est justement parce qu’il portait le même prénom qu’il nomma aussi ses villes de la même manière.
Plus encore, selon le Metsoudat David, le 3ème Yaïr que nous connaissons (Shoftim X,3) en a fait autant pour la même raison.

[Certains, dont le Radal (Bamidbar Raba XIV, §56), ont imaginé qu’il n’y avait que deux Yaïr et que celui de Divrei Hayamim (ben Segouv) est celui de Shoftim.]

Le Ramban (Bamidbar 32,41) pense aussi qu’il s’agit du même Yaïr et devance le Malbim dans ses explications.
Idem pour le Ibn Ezra (Bamidbar 32,41), le Tour (ad loc, fin de Matot), le ‘Hezkouni (ad loc), le Kaftor Vaféra’h (§11, éd. Jér. 2007, p.90), pour qui Yaïr ben Menashé est descendant de Menashé par sa mère.

C’est aussi ce qu’écrit le Daat Sofrim (ad loc), ainsi que le Pardes Yossef (Shemot 2,18). Voyez encore le Pardes Yossef Ha’hadash (Bamidbar 32,41,§134).


[Je précise au passage qu’il y a une erreur d’inattention dans le Daat Sofrim (op cit), il écrit que le père de Yaïr était ‘Hetsron, or c’était Segouv fils de ‘Hetsron.
Il a été devancé dans cette erreur par le Ramban ! qui écrit la même chose.
D’autres, comme le Abrabanel (fin de Matot, p.159) (!), lui ont emboité le pas et ont commis exactement la même erreur, certainement entrainés par la lecture du Ramban. C’est étonnant que tous se trompent ainsi, surtout les Rishonim. Je reste dubitatif... j'ai peut-être raté quelque chose?]


Ça fait beaucoup d’opposants au Metsoudat David.
Néanmoins, du Midrash Bamidbar Raba (XIV,7) on comprend qu’il s’agit de deux Yaïr distincts (comme le Metsoudat David) car celui de la Torah est bien le fils de Menashé et non son descendant.
(Le midrash dit יאיר שלא הוריש חלקו לבניו, כי לא היו לו בנים... וירשו חלקו בני מכיר אחיו, c-à-d que Makhir et Yaïr furent frères).

On pourrait aussi le comprendre de la Brayta citée dans Baba Batra (121b).
Ainsi que le déduire de la Gmara Yevamot (62b) -comme le souligne le Rashash (Yevamot 62b) pour qui il est clair que les ‘Hazal ne pensaient pas qu’il s’agisse du même homme, mais bien de deux personnes différentes prénommées Yaïr (et je m’étonne qu’il n’ait pas indiqué à l’appui le Midrash que j’ai mentionné).

Il y a aussi le Biour Hagra (Divrei Hayamim I, II, 22 et 23) duquel il semble qu’il s’agisse de deux personnes distinctes.
nahouto
Messages: 28
Bonjour Rav,

Peut-être une petite piste pour l'erreur d’inattention (fils a la place de petit-fils).
J'ai vu la photo d'une vieille stèle décrivant un arbre généalogique. Le ן (Noun Sofit) était parfois utilise comme abréviation de בן ou נכד ou נין

Peut-être s'est glissée une erreur d'impression dans l'interprétation de cette abréviation ?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6656
Citation:
Peut-être une petite piste pour l'erreur d’inattention (fils a la place de petit-fils).
J'ai vu la photo d'une vieille stèle décrivant un arbre généalogique. Le ן (Noun Sofit) était parfois utilise comme abréviation de בן ou נכד ou נין
Peut-être s'est glissée une erreur d'impression dans l'interprétation de cette abréviation ?


Je ne le crois pas.
Le Noun final n’est pas l’abréviation de Nin ni de Nekhed, c’est celle de Ben, ou plus précisément celle de « IBN » (comme dans Rabbi Avraham ibn Ezra).

Ce ibn ne veut pas forcément dire « ben » dans le sens de fils, il était utilisé pour introduire le nom de famille qui se fixait sur le prénom d’un (illustre) ancêtre auquel on ajoutait en préfixe « ibn ».
Ainsi, le père de R. Avraham ibn-ezra n’était pas prénommé Ezra (mais Méir).

C’est sûrement ce qui vous a permis de croire que le Noun final venait en abréviation de Nin ou de Nekhed puisque ce prénom se retrouvait quelques générations plus haut.
En réalité, c’est une sorte de nom commun à tous les membres de cette famille (c’est le « nom de famille ») qui étaient tous fiers de mentionner tel ancêtre.

Cette habitude se retrouve dans les pays Sfarades, où le « nom de famille » apparait bien avant les pays Ashkenazes.

Mais à l’époque de Yaïr, ça n’existait pas et personne n’écrivait Yaïr ibn Segouv.

[Par contre ce qui existait c’est d’écrire (explicitement) « ben » dans l’intention de dire Nekhed -ceci dans l’esprit de « בני בנים הרי הם כבנים » (Yevamot 62b).
Nous pouvons retrouver cela aussi au féminin dans la Parasha qui vient de passer (Vayishla’h) (Bereshit 36,2) אהליבמה בת ענה בת צבעון où Ana semble être une femme, fille de Tsivon.
Pourtant, plus loin (36,24), Ana n’est pas la fille mais le fils de Tsivon !
Ce qui amène certains commentateurs à comprendre אהליבמה בת ענה בת צבעון comme voulant dire « fille de Ana et petite-fille de Tsivon ».
Il en résulte que le second « bat » veut dire « Nekhdat ».
Voyez Ibn Ezra (Bereshit 36,2) et aussi Ramban (Bereshit 36,25).]
nahouto
Messages: 28
Merci Rav Binyamin Wattenberg pour votre éclaircissement.
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