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Prénoms feminins

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davy
Messages: 2
Bonjour

Je voudrais savoir s'il y a des prénoms à éviter pour une fille lors d'une naissance.

A priori j'ai eu comme info qu'il ne faudrait pas donner le prénom Rahel.

J'aimerais savoir s'il y en a d'autre.

Merci.

Chabat Chalom.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
Je ne sais pas qui vous a inventé ça. Il y a des tas de rabanim qui nomment leur fille Ra'hel et il y a des tas de tsadkaniot nommées Ra'hel.

Il suffit de ne pas se focaliser sur la mort prématurée de la Ra'hel biblique et penser aussi aux milliers de femmes vertueuses qui ont porté ce prénom dans la bonne santé jusqu'à un âge avancé.

Vous pouvez nommer votre fille Ra'hel, il n'y a pas de souci.

De manière générale, on n'évite que les prénoms qui font penser à de mauvaises personnes qui les auraient portés ou parce que la traduction du prénom est négative.

On évite aussi de nommer un enfant (exactement) au nom d'un disparu prématurément ou dans de grandes souffrances.

Mais tout prénom porté par des centaines de tsadikim (même moins) est forcément positif.

Il y a une "mode" assez récente et d'influence kabbalistique qui consiste à édicter des tas de nouvelles "lois" en matière de nomination des enfants.
Je considère que le judaïsme n'a pas vraiment de raison d'évoluer sur ce plan et les prénoms portés par nos ancêtres depuis bien longtemps sont parfaits à mes yeux.

Aussi, je ne tiens pas compte de tous ces avis qui jaillissent un peu partout de nos jours. Plusieurs rabbins se sont lancés dans cette discipline comme s'il y avait à faire ses preuves de "grand rav" en déclarant un prénom jusque là utilisé, impropre à l'utilisation.
davy
Messages: 2
Bonjour rav

Merci pour votre réponse

Pour infos, c'est Rav Ben-Tsion Aba Shaoul qui a donné cette information en 1980 à mon rav, Rav Yaacov Benita.

De votre reponse, j'ai l'impression que chacun fera en fonction de sa sensibilité.

Merci bp

Chavoua tov
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
Je ne sais pas si Rav BenTsion Aba Shaoul interdisait le prénom Ra'hel, mais même si c'était le cas, cela resterait un prénom autorisé!

Je respecte et j'admire ce Rav, mais pas au point d'en être aveuglé; Ça n'a tout simplement pas de sens d'interdire de nommer sa fille Ra'hel.

Même si c'était un Rishon qui disait cela, je dirais la même chose et ne tiendrais pas compte de cet "interdit".

Un peu comme ce qu'écrit le Noda Biyehouda (II, E"H, §79) concernant certains points du Testament de Rabbi Yehouda He'hassid qui ne semblent pas compatibles avec le Talmud.

Le Noda Biyehouda explique que si l'intention du Rav était réellement « telle qu'elle nous semble », il irait donc à l'encontre du Talmud et cela nous suffirait pour repousser son opinion et le déconsidérer.

(Je sais que ces propos sont de nature à déstabiliser certains, d'ailleurs cela dérangeait terriblement le Divrei 'Haim (1, E’’H, §8) qui écrit au sujet de ces phrases du Noda Biyehouda:« que D.ieu lui pardonne… », mais, qu'y puis-je, elles sont pleines de bon sens.)

C'est pourquoi le Noda Biyehouda décide qu'il faut comprendre que le Testament de RYH n'était destiné qu'à ses descendants, ayant vu/su que ces points - bien qu'autorisés par le Talmud - seraient néfastes pour sa descendance.

Ainsi, je dirais que si Rav BT Aba Shaoul déconseillait de nommer sa fille Ra'hel, ce n'était qu'un conseil destiné à ses élèves et proches. Mais dire que cela concernait tout le monde reviendrait à remettre en cause la valeur de rav Aba Shaoul lui-même étant donné qu'il irait alors à l'encontre du Talmud, car nous trouvons des Sages du Talmud qui nommaient leurs filles Ra'hel.
Je ne me contenterais pas de citer Ra'hel l'épouse de Rabbi Akiva (qui ne lui a pas demandé de changer de nom) mais j'indiquerais aussi un des plus grands Amoraïm : Shmouel qui a nommé sa fille Ra'hel (cf. Ktouvot 23a , Rashi Baba Metsia 73b, Rashbam et Tosfot Baba Batra 149a, Tosfot Shabbat 154a).

De plus, je vois que le lien que vous indiquez concerne aussi les prénoms Sim’ha, Elisheva, Its’hak et Shmouel… Quelle Blague !

Je n’ose pas aller vérifier en cliquant dessus, dès fois que Binyamin serait lui aussi prohibé (et je n’ai rien d’autre sous la main, à moins de m’auto-baptiser Shaoul –quoique là, il y aurait beaucoup plus à redire…), mais il n’y a pas de source réelle et fiable à tout cela.

Franchement, ces « interdits » sont ridicules.
Comprenez déjà que tous les poskim qui ne les mentionnent pas (malgré la masse de naïfs à l’affût de ce genre de « lois » qui leur ont sûrement déjà suggéré et demandé de trouver un problème là où il n’y en a pas), considèrent qu’il n’y a pas d’interdit à porter ces prénoms.

Rav Ovadia Yossef par exemple (qui était l’ami proche de rav Aba Shaoul) ne mentionne pas d’interdit d’appeler un enfant Its’hak, plus encore, il l’a même fait lui-même, il a nommé son fils Its’hak !

Rav Aba Shaoul lui-même avait un frère prénommé Its’hak…

Je devine bien l’erreur qui peut pousser certains à décréter qu’Its’hak soit un prénom à éviter, c’est à cause d’une indigestion de notions kabbalistiques qu’on nous sert à tour de bras, sans cesse et à toutes les sauces, à force de mentionner les notions de Hitgabrout Hadinim, de rigueur du Din face aux doux Ra’hamim, d’y voir des allusions dans chaque passouk et chaque recoin de la littérature rabbinique et d’en faire un sujet essentiel dans la « religion ».

Résultat, forts de quelques constats attristants concernant des prénommés Its’hak (ou Ra’hel et Cie), certains rabbins inventent qu’il y aurait une prédestination négative pour les porteurs de prénoms rappelant « le Din ».
Its’hak symbolise la Gvoura du Din, la rigueur.

Pareil –je suppose- pour le prénom Dina, qui comme son nom l’indique, rappelle le Din.
(En plus elle était « yatsanit » comme sa mère… et a eu une dramatique mésaventure avec Shkhem ben ‘Hamor.)

Idem alors pour Dan qui rappelle aussi le Din.
D’ailleurs Dan Yadin Amo (Bereshit IL, 16). Je suis sûr que l’on pourra trouver un rabbin qui aurait une dent contre Dan.

Et puis Ra’hel, avec la vie dure qu’elle a connue, forcément elle fait allusion au Din !
Et comme chacun sait, Ra’hel pleure –Ra’hel Mevaka Al Baneiha (Jérémie XXXI, 14), c’est donc un prénom triste.
De plus, une "larme" se dit Dima en hébreu, guematria 119, donc deux larmes font 238 comme Ra’hel !
Imaginez un peu à quel point ce prénom est lourd de responsabilité et de tristesse...
C'est terrifiant.

A ce compte-là, on peut éliminer des tas de prénoms, comme Léa, qui pleurait aussi pas mal (cf. Bereshit XXIX, 17 Ve-einei Léa Rakot et Rashi ad loc et Midrash Bereshit Raba LXX, 15) et elle était mal aimée de son mari et de plus elle était « yatsanit »…

Et que dire de Myriam, dont la racine Mar signifie amère… voir Yalkout Shimoni (Shemot §165) et Seder Olam Raba (3), en plus elle a été lépreuse (Bamidbar XII, 10) et elle était malade et abandonnée de tous (Sotah 12a)

Et Rivka et Sarah, toutes deux arrachées de leur mari par un monarque, elles ont du mal à avoir des enfants… Sarah est décédée –vraisemblablement- d’une crise cardiaque à l’annonce de la Akeida et Rivka a eu une grossesse difficile et un fils encore plus difficile qui voulait assassiner son propre frère, pas joyeux tout ça…

Nous disions aussi Shmouel !
Là c’est étrange.
A moins de chipoter car il est mort à 52 ans (mais alors Shlomo serait tout autant problématique).

C’est qu’on doit lui reprocher d’avoir été moré halakha bifnei rabo (cf. Brakhot 31b) ? Ou bien car il craignait le Din dans ‘Haguiga (4b). Ou alors car Shmouel peut se lire (si on ne sait pas lire) comme « Smol » la gauche, célèbre référence au Din pour les amateurs de kabbale en herbe !
(Là au moins c’est un bon point pour Binyamin qui est plutôt à droite.)
Ou plus simplement encore car il était un des Shoftim, donc un juge et qui dit juge dit Din…

Si c’est ainsi, on raye aussi tous les prénoms des shoftim.
Pour Shimshon, je suppose qu’il était déjà rayé sans cela…


C’est terrible car d’un côté il y a des rabbins qui sont partis en croisade contre les prénoms non-bibliques et interdisent tous les prénoms français
et de l’autre côté on est pris en sandwich par des rabbins qui interdisent une bonne partie des prénoms bibliques dans lesquels on peut retrouver un lien avec le Din ou la rigueur etc.

[Imaginez le Rav Isidore Frankforter, avec un prénom pareil, il est mal vu des deux côtés.
D’abord c’est un prénom non-biblique et ensuite étant donné que « qui dort dîne »…

Tiens, ça me fait penser à une « preuve » que ces « preuves » contre les prénoms (qui consistent à dire que dès qu’il y a un lien avec le Din il faut s’en écarter,) n’ont pas de valeur :
Dans Yoma (83b) nous voyons que Rabbi Méir (qui était medayek sur les noms) n’a trouvé de négatif contre le prénom Kidor que le passouk (Dvarim XXXII, 20) Ki Dor Tahfoukhot Hema et n’a pas mentionné le lien avec le Din par « Kidor Din », c'est que le lien du prénom avec le Din n'est pas préjudiciable, CQFD !]


Bref, il est déplorable d’écarter tous ces prénoms bibliques, avec un peu plus de bonne humeur, on aurait vite fait de trouver des explications inverses qui justifieraient et encourageraient ces prénoms refusés.

Par exemple, pourquoi voir la rigueur et le din dans Its’hak au lieu d’y voir la promesse d’un sourire et même d’un rire ? -traduction de Its’hak : il rira.
Qu’espérer de mieux ?

Et Ra’hel, quel meilleur symbole de la Tsadeket, à la fois d’une grande piété et d’une immense beauté, Yaakov décide de l’épouser dès leur première rencontre et nous, nous devrions repousser jusqu’à son prénom ?!
Allons donc !

Au lieu de voir une guematria négative des deux larmes, j’y verrais l’inverse ; Ra’hel = 238 = Ahava Tehora (amour pur) !
Ou encore 238 = Vayehi or (et lux fuit).

Et c’est aussi la guematria des prénoms du ‘Hida : ‘Haim Yossef David = 238.

(D’ailleurs notre Isidore (איזידור) aussi = 238…)

N’oublions pas que la bénédiction que les parents souhaitent à leur fille le vendredi soir est « que D.ieu de te fasse (devenir) comme Sarah, Rivka, RA’HEL et Léa », refuser de donner ce prénom à sa fille devrait impliquer aussi d’omettre ce nom de la bénédiction.

C’est même pire de la citer dans la bénédiction car on souhaiterait à sa fille de devenir comme Ra’hel (qui a souffert etc.), alors que lui donner le prénom n’indique pas de lui souhaiter qu’elle ait une vie similaire, mais seulement les bonnes choses de sa vie.
Plus encore, on peut souhaiter qu’elle ressemble à des tas de tsadkaniot qui portaient ce prénom et ne pas nécessairement faire référence à la première Ra’hel, ce qui n’est pas le cas dans la bénédiction où l’on se réfère assurément à l’épouse de Yaakov.

Bref, refuser le prénom Ra’hel est une aberration.

Mais il est vrai que si des rabbins ont réussi à trouver le prénom Sim’ha négatif (cf. plus haut), c’est que l’on peut toujours voir la vie en noir si on est prêt à faire les efforts pour.

Quoi de plus joyeux que Sim’ha ?

Mais je devine que certains s’y opposent pour des raisons futiles, soit en raison d’une guematria funeste, soit car c’est un prénom épicène (allez savoir pourquoi se sont-ils mis en tête que cela devrait être un problème alors que nous en trouvons depuis toujours chez les juifs), ou encore car Sim’ha est un souhait -on souhaite qu’elle soit joyeuse, or à qui souhaite-t-on de devenir joyeuse si ce n’est à une personne déjà triste ?
Evidemment.

On pourrait en dire autant de Ra’hamim, pourtant, quoi de plus éloigné du Din que les Ra'hamim?

Avec ce raisonnement pervers, on s’opposera aussi à Ne’hama ou Rou’hama, voire à Mena’hem dans la foulée (quoique, vous remarquerez que les névroses autour des prénoms sont souvent un tantinet misogynes et concernent plus particulièrement les prénoms féminins).

Bref, tout ceci n’est que balivernes, frivolités et niaiseries.

S’il y a eu des rabanim qui repoussaient ces prénoms, ça n’est qu’à prendre comme une « particularité » personnelle propre à ce rav et non une opinion halakhique.
Un peu comme le Steipler qui avait une phobie des croix et en voyait partout, jusque dans les croisements de carrelage, c’est pourquoi ils avaient aussi installé des fenêtres très particulières dans sa synagogue (afin d’éviter la formation d’un croisement par la traverse d’imposte et le meneau).

Mais ça n’est pas une halakha, ça n’engage (et ne concerne) que lui, c’est un sentiment personnel.

Tout ceci étant dit, je soulignerais -par honnêteté- que le Rav Aharon Yehouda Grossman ne va –hélas, pas dans mon sens.

Lui aussi, dans son Shout Vedarashta Ve’hakarta (IV, E’’H, §23) déconseille de nommer Ra’hel (sans y ajouter un autre prénom).

Encore une fois, je ne souscris pas à cette conception du judaïsme, je refuse cet oukase et ne me laisserai pas imposer des choses qui vont à l’encontre du Talmud et qui n’ont aucune source dans les poskim et minhaguim.

Selon moi il n’y a aucun problème à nommer sa fille Ra’hel si ce n’est dans l’esprit de ceux qui le formule.

N’y a-t-il pas assez d’interdits dans notre religion pour qu’il faille s’en trouver d’autres ?
Sans parler du fait que cela nous déconnecte de la religion de nos ancêtres qui –eux- ne voyaient pas de problème en ce prénom et le donnaient allègrement et sans inquiétude.
Il est malsain de faire dévier ainsi la religion.
Nous sommes déjà contraints de le faire parfois en raison de doutes halakhiques qui nous imposent une rigueur, en ajouter lorsqu’il n’y aucune raison, interdire ce qui est permis, empêcher les gens d’avoir accès à ce qui est autorisé, revient à un vol et constitue un dol.

Cette attitude est à mes yeux dangereuse, nauséabonde, néfaste, délétère, toxique et méphitique ; à force de créer de nouveaux interdits dénués de sens et totalement déconnectés du Talmud et de nos coutumes, on s’écarte peu à peu de l’essentiel, on s’éloigne de la vraie Torah au profit d’un succédané et on finit par pénétrer dans un monde de superstitions futiles et s’égarer vainement dans les dédales des sphères kabbalistiques.

A coup de guematriot et superstitions ou en analysant les malheurs de chaque personnage biblique, on pourra toujours trouver de quoi éliminer un prénom. Yaakov n’a-t-il pas souffert ? Et Yossef ? Et Yehouda ? Et Moshé ? Et David ? Et Shlomo ?... Et Sarah, Rivka, Léa, ‘Hana, Batsheva, Esther ? etc.

Les seuls personnages bibliques au sujet desquels il sera difficile de pointer les malheurs sont ceux sur lesquels on ne sait pas grand-chose…

Je conclus en m’excusant, je ne souhaite pas jouer le trublion ni le trouble-fête par cette vitupération inextinguible contre ces promulgations de nouvelles lois qui m'exaspèrent.
Je souhaiterais encore moins manquer de respect aux rabanim cités (Rav BT Aba Shaoul et Rav AY Grossman).
Que ceux qui leur sont proches parents ou élèves les suivent, mais que les autres sachent que des milliers de rabanim [parmi eux Rav Ovadia Yossef (Maayan Omer XII, §1, 9) et R. ‘Haim Kanievsky (Shémot Baarets p.51 et Derekh Si’ha 1, p.34)] s’opposent à ce genre de nouvelles contraintes qu’il ne convient PAS d’adopter et conseillent et encouragent les prénoms comme Ra’hel.


Dernière édition par Rav Binyamin Wattenberg le Sam 28 Mai 2016, 23:06; édité 1 fois
DanouCohen
Messages: 354
Je m'appelle Dan.

Je confirme: un "Rav pseudo Kabbaliste" m'a un jour recommandé de changer de prénom.

Lorsque j'ai interrogé mon Rav, alors que j'étais assez troublé par cette nouvelle, celui ci m'a tout de suite rassuré !


______________________________
Message envoyé via AlloRav sur iPhone.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
Merci pour ce témoignage.

Si on suit ces kabbalistes, il n'y aura bientôt plus de prénom "kasher"...

Il y a des kabbalistes qui s'appellent Dan , comme le rav Dan Segal (dit : Don Segal).
Et il y en a aussi qui s'appellent Its'hak, comme le Rav Kadouri!

Bref, tout cela n'est que futilités, on peut nommer son enfant Dan ou Its'hak sans souci.
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