A Mars :
Vous me posez là plusieurs questions dont les réponses sont très longues.
Je ne sais pas exactement de combien de temps vous disposez, quel est votre niveau, où avez-vous étudié jusque-là, que connaissez-vous, etc… etc…
Je crois comprendre à peu près votre préoccupation concernant l’importance du limoud, son agencement, les choix entre bekiout et iyoun, etc…
Aussi je vous conseillerais de lire quelques livres sur ce sujet (le dere’h alimoud) afin d’affiner vos questions auxquelles je répondrai –alors- avec plaisir, si je le peux.
Je vous propose en premières lectures :
- Kerem Yeoshoua (Cohen)
- Igueret leben Thora (Rav Its’hak Yossef) (plutôt les §12 à 21)
- kountras talmoud thora (‘hafets ‘haim)
- Binian Olam (Avrami)
- Netiv Athora du Netivot Olam (maaral)
- kountras ayediot (baal shem de Michelstadt)
- kountras dere’h alimoud (rav Sha’h)
- torat ashem temima (o’hana)
- kountras daat mevinim (Edelstein)
Vous pouvez aussi picorer un peu dans le
Yisma’h Yehouda (Jacobovics) et beaucoup dans le fameux
Neora Deorayta et la
Adra’ha leben yeshiva/mi’htavim oumaamarim (rav Sha’h).
Je vous passe la multitude de kountrassim sur le sujet qui sont imprimés à l’intérieur de différents sfarim, qui sont pourtant parfois intéressants (par exemple le
kountras torat alimoud de l’excellent
rav Braun, dans le
Shearim ametsouyanim baala’ha et tant d’autres…)
Pour ce qui est du programme de la mishna dans Avot, il y a de quoi écrire un kountras entier uniquement de références aux sfarim qui en parlent, on ne s’en sortirait plus !
Hormis une centaine de sfarim « sur Avot » qui traitent de ce sujet (en traitant de la masse’het), nous trouvons aussi une multitude de maamarim dissimulés par-ci par-là (dans des sfarim) sur ce point.
Voyez par exemple
Rabbi Yaakov Kamenetsky dans le
Sefer Ayovel (des 25 ans) du Talmud Thora Ets ‘Haim de Toronto (imprimé dans
Emet leyaakov p.52) «
Shitaténou belimoud athora ».
Ou encore le
Minhag Israel Thora sur
Yoré déa Siman 245 qui cite beaucoup de mefarshim sur ce point…
Mais à part ça, il faut aussi savoir que certaines écoles en Israël suivent ce plan !
Enfin, concernant
Rav Guedalia Nadel, son seder alimoud ne différait pas excessivement de celui de sa yeshiva dans sa jeunesse (si ce n’est qu’il s’intéressait aussi en parallèle aux études dites profanes), mais il faut savoir que le dere’h alimoud actuel des yeshivot est une invention assez récente qui n’a que quelques années (et qui n’a pas du tout l’approbation des rabanim !).
La cadence de limoud (nécessairement liée à l’approfondissement) a commencé à ralentir terriblement depuis une cinquantaine d’années seulement !
C’est-à- dire que ce qui se passe dans les yeshivot actuellement (au niveau dere'h alimoud) n’a rien à voir avec les yeshivot d’avant-guerre ou même celles d’après la guerre en Israel (et ailleurs) -jusqu’aux années 60-70.
Mais tout ceci est extraordinairement long à raconter et expliquer –surtout à l’écrit !
Pour ce qui est de son seder limoud « une fois âgé », même si l’on peut distinguer deux périodes différentes (avant et après le décès de sa femme), il étudiait le
Talmud sans tenir compte des rishonim afin de pouvoir comparer ses conclusions à celles des commentateurs, mais –entre nous- c’était un géant du
Talmud, qui pouvait calculer tout le shas autour d’une sougya.
Mais tout ça aussi est extrêmement long à raconter et à expliquer –surtout à l’écrit !
Vous m’auriez posé la même question sur d’autres des rabanim que j’ai connu, comme
Rav Sha’h, il eût été bien plus simple de vous répondre, malgré que –là aussi- la réponse ne soit pas courte.
En bref, je vous recommande les petites lectures mentionnées plus haut, histoire d’être à la page, après quoi nous pourrons reprendre cette discussion.
A Reb manes :
que je cite:
Citation:
Bi-me'hilat kevodo, il me semble que les paroles citées de Rabbi Shim'on bar Yo'haï expriment sa crainte de révéler des secrets ... plutôt que celle de formuler un 'hidoush.
Je ne vois pas ce qui vous fait penser ça, si ce n’est si vous n’avez jamais lu cette citation du
Zohar dans son contexte.
Je pense qu’en lisant ce qui précède dans le
Zohar, il vous paraitra plus probable d’expliquer cette phrase comme je l’ai fait.
Reprenez depuis «
Pata’h veamar », vous trouverez plusieurs exclamations visant à faire l’éloge de la Thora qui est gigantesque, profonde, insondable… puis :
Orayta, orayta ! … Man yizkei leyanka mina’h kedeka yeout ? orayta, orayta ! Shaashouim demara’h, man ya’hil legal’a oulemeimar satrin ougnizin dila’h?
Des termes «
kedeka yeout » (convenablement), il me semble que la problématique ici est d’émettre des « ‘hidoushim convenables », et pas simplement de savoir s’il est permis d’émettre/de diffuser de[ véritable]s ‘hidoushim.
(le mot «
leyanka » aussi est assez clair)
La même expression se retrouve aussi dans le
Zohar (Akdama I, 5a) en parlant de la gravité de l’émission d’un « faux ‘hidoush »: «
Aou…ve’hidesh milin dela yada al bouryeon kedeka yeout, a-i mila salka venafik… veavid ba rekia deshav… Man garim da ? talmid ‘ha’ham dela matei leoraa oumoré… Amar Rabbi Shimon le’havraya: bemetouta minay’hou dela tafkoun mipoumay’hou mila deorayta dela yedatoun… kedeka yeout, beguin dela teavoun garmin leaou ‘hataa liktala…»
(voir à ce sujet le
Shevet Moussar §41 tome II page 85a dans l’édition de Lublin 1881)
Voir encore
Zohar (II, 87a), (III, 95a) et
(III, 185b) où, plusieurs fois, ce thème revient, l’importance d’un « ‘hidoush de vérité ».
Si toutefois vous vous doutiez encore en disant que
Rabbi Shimon fait là état de deux problèmes distincts, celui d’émettre un « faux ‘hidoush » (
Man yizkei leyanka mina’h kedeka yeout), PUIS celui même d’émettre/de dévoiler un ‘hidoush (
man ya’hil legal’a oulemeimar satrin ougnizin dila’h), au lieu de polémiquer, je vous indiquerai que dans la mesure où vous êtes d’accord avec moi que
Rabbi Shimon s’inquiète (entre autres inquiétudes) de l’éventuelle émission de « faux ‘hidoushim », nous sommes d’accord, car c’est tout ce que je souhaitais pointer.