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La réponse de qualité à vos questions

La fatique du "tsibour" et la veillée de Chavaout

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max
Messages: 110
Chalom rav,

Dans ma communauté nous prions la tefila du matin de chavouot tout de suite après la veillée.
L'année passée, lors de l'ouverture du "héh'al", le h'azan (de circonstance) a lu la ketouba de Chavouot (écrit il me semble par le Rav Nedjar).
A la fin de l'office j'ai emis quelque doute sur la pertinence de cette lecture par rapport à la "tirh'a" du tsibour, le hazan a argumenté qu'il avait l'habitude de reciter ce texte. La synagogue n'ayant pas de Rav pour le moment,ni d'habitude sur cette lecture, il vous faut trancher.

Je précise que:
-Les gens étaient fatigués (il devait être 5 h du matin)
-Peu de fidèle suivaient.
-La lecture a durée entre 5 et 10 minutes.

Ainsi,
1) Pourrait-on sauter ce passage à cause de la tirh'a du tsibour.

2) De manière général, à partir de quel moment peut on invoquer la "tirh'a du tsibour lors de la tephila
Merci
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6656
Un élément n’est pas très clair , vous écrivez :
Citation:
le hazan a argumenté qu'il avait l'habitude de reciter ce texte

Et aussi :
Citation:
La synagogue n'ayant pas …d'habitude sur cette lecture

S’agît-il du ‘hazan d’une autre synagogue ?
max
Messages: 110
En faite, c'est un fidèle "lambda" qui a fait l'office et pas le hazan attitré (celui-ci ayant fait l'office de 9h).
Merci
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6656
Ok, donc je reprends vos questions :

Citation:
1) Pourrait-on sauter ce passage à cause de la tirh'a du tsibour.


Si la communauté n’a pas l’habitude de dire un texte facultatif, le ‘hazan d’appoint n’a pas le droit de l’imposer au tsibour.


Citation:
2) De manière général, à partir de quel moment peut on invoquer la "tirh'a du tsibour lors de la tephila


Voyez la mishna dans Sota 40b où il est dit que le cohen gadol, à yom kippour, au beth amikdash, lorsqu’il lira la Thora dans le sefer thora, ne devra pas rouler le sefer pour lire la dernière partie (qui se trouve dans parshat Pin’has) mais « lire » ce passage oralement (par cœur).

Et la gmara expliquera (Sota 41a) que c’est un problème de respect du tsibour , ne pas faire attendre le tsibour le temps de rouler le sefer Thora. (voir encore Yoma 70a).

Or, il est interdit de réciter la Thora par cœur (Guitin 60a), il faut impérativement lire du sefer .
Mais cet interdit est repoussé face au problème du kvod tsibour (Tosfot Yeshénim Yoma 70a) (Tosfot Arosh Yoma 68b).

Vous imaginez bien que si pour la kriat athora, du cohen gadol, à yom kippour, et au beth amikdash , on est prêt à faire passer le kvod tsibour avant une ala’ha de ne pas « lire par cœur » la Thora, à plus forte raison que pour la lecture d’un texte qui n’est pas obligatoire, par un ‘hazan d’appoint, à shavouot, dans votre synagogue, et après une nuit blanche, que le kvod tsibour -voire la souffrance du tsibour- passe avant ce minhag qui n’est pas instauré dans votre synagogue.

Comme je suppose que vous ou quelqu’un d’autre me demandera comment se fait-il alors que dans nos synagogues on ne récite pas le maftir de yom tov (ou de shabbat rosh ‘hodesh) par cœur pour le kvod tsibour,
je vous devance en précisant que selon certains rishonim, s’il n’y a qu’un seul sefer thora à la synagogue, on ne devra pas le rouler pour lire le maftir de yom tov, mais on lira ce maftir d’un ‘houmash imprimé. (Tsouvat aRashba citée dans le Beth Yossef §144).

Cependant le Ritva (Yoma 70a et cité par le Beth Yossef) écrit qu’on devra rouler le sefer jusqu’au maftir car il vaut mieux ne pas respecter le principe de kvod tsibour que la takanat ‘ha’hamim.

C’est l’avis retenu par le Shoul’han Arou’h (ora’h ‘haim §144, 3).

Sur quoi le Maguen Avraham (§144, sk.7) s’étonne à partir de la souguia du cohen gadol (Sota 41a et Yoma 70a) où l’on voit bien que le maftir n’est pas lu dans le sefer pour ne pas « enfreindre » kvod tsibour.

Il répond qu’à la synagogue, le tsibour est « mo’hel » sur son kavod afin d’accomplir la takana comme il se doit, mais qu’au beth amikdash il y avait tout Israel qui ne sont pas mo’hlim.

Cette réponse est assez obscure.

Le Netsiv dans son Meromei Sadé (Sota 41a) exprime son étonnement sur deux points :
-d’où vient ce « tout Israel » au beth amikdash à yom kippour ?
il n’y a pas de aliya lareguel à yom kippour !

-Et quand bien même tout Israel y serait réuni , quelle différence entre tout Israel et une petite communauté, pourquoi est-il évident que ces derniers sont mo’hlim si tout Israel ne le serait pas ?

C’est pourquoi le Netsiv répond différemment :
au beth amikdash la lecture du cohen gadol n’était pas une obligation pour le peuple, car chacun amenait son propre sefer pour y lire (Yoma 70a et Sota 41a), ce qui n’est pas le cas à la synagogue.
C’est pourquoi à la synagogue on suppose que le tsibour est mo’hel afin d’accomplir la mitsva convenablement.

Le Raavia (Meguila §586) quant à lui apporte une autre réponse, il n’a été interdit de rouler le sefer en public qu’au milieu d’une lecture, mais entre deux montées (bein gavra legavra) c’est permis.

C’est donc la ala’ha de nos jours, on roule le sefer si on en possède qu’un seul, malgré la tir’ha detsiboura, car le public est mo’hel afin d’accomplir la mitsva convenablement.

(au passage , je m’étonne du Rashba qui indique de lire le maftir dans un ‘houmash si on ne possède pas de deuxième sefer thora, j’en comprends que si on dispose de deux sifrei thora on devra lire le maftir dans le deuxième sefer (qui est déjà à la bonne page) , pourtant le temps de changer de sefer est parfois aussi long que le temps de le rouler à la bonne page !
La svara du Raavia semble donc s’imposer !)
Catman
Messages: 139
Bonjour
Le problème que vous soulevez est en réalité , à mon sens , plus large que la tirha du tsibour.
En effet , soit c'est le minhag de votre choul et dans ce cas il faut lire ce passage ( il ne faut pas sous estimer l'importance des minhagim. J'ai souvenir d'un passage du sefer hassidim , je crois, mettant en garde les personnes qui changent ne serait ce que la manière de chanter certains passages).
Soit ça ne l'est pas , et dans ce cas la , on ne peut ajouter des passages au rite institué.
Le souci est : quel doit être le minhag de la choule?
Est ce le minhag du fondateur de la choul, ou des personnes la fréquentant.
Quoique , j'ai lu un courrier qui date d'une vingtaine d'années , affichée dans la synagogue d'Aix les bains. Il s'agissait d'une lettre écrite par les responsables de la communauté , demandant à des Rabbanim d'Israel , si il fallait faire l'office selon le rite achkenaza ( rite du fondateur , RAV Elyovics) ou, de la nouvelle majorité composant l'office c'est a dire le sefaradim.
La réponse est qu'il faut faire le rite de la majorité , cad séfarade.
Néanmoins , le problème persiste , dans la mesure oû nous sommes a la 2ème génération après l'immigration des juifs d'Afrique du nord et que les enfants ou petits enfants ne savent pas vraiment quel est le rite originel.
De plus,
-une synagogue est souvent fréquentée par les juifs du quartier , cad , un mélange de tunisiens , égyptien ,...
-dans un même pays , le rite change selon les villes ( voir même dans les différentes choul d'une même ville - cf Alei hadass).
Enfin , il n'est pas rare de voir des fidèles importer des rites a leur retour de vacances en Israel ( par exemple , faire bircat cohanim un jour de semaine).
Aussi , il me semble que , pour éviter des tensions inutiles , il serait préférable que les responsables et le RAV de chaque choule fasse un travail en amont pour faire leur choix
Chabat chalom


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Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6656
Je n'ai pas bien compris ce que vous ajoutez à ce que j'avais résumé en une phrase -je me cite:
Citation:
Si la communauté n’a pas l’habitude de dire un texte facultatif, le ‘hazan d’appoint n’a pas le droit de l’imposer au tsibour.

Il n'est donc pas seulement question de tir'ha detsiboura, mais d'imposer un minhag inexistant dans cette synagogue.
Je ne comprends donc pas bien ce que vous voulez dire par:
Citation:
Le problème que vous soulevez est en réalité , à mon sens , plus large que la tirha du tsibour.
et par la suite de ce que vous écrivez.

Et ce que vous ajoutez à la fin que le Rav se doit de fixer clairement les minhaguim, c'est bien vrai, mais la synagogue dont nous parlons n'a pas de Rav.
Catman
Messages: 139
Bonsoir Rav
Je voulais pointer du doigt un problème de plus en plus fréquent ( et ça risque de s'amplifier) dans nos choules.
Mais vous avez effectivement bien résumé le problème.


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max
Messages: 110
Merci Rav Binyamin Wattenberg pour votre réponse.

Pour aller plus loin, imaginons que c'est l'habitude de reciter ce texte dans ma syna, pourquoi ne pas abolir simplement ce minhag la nuit de la veillée?

En effet, tout texte autre que celui prevu par nos sages ne devrait pas être recité lors de cet office car il fatigue le public.
Même si c'est l'habitude de reciter ce texte, je pourrais dire que c'est un mauvais minhag car il va à l'encontre de la loi (fatigue du tsibour).
Merci
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6656
Vous ne devez pas réaliser le nombre de textes récités dans la prière qui ne sont pas instaurés par « nos Sages ».

La prière comporte plusieurs ajouts tardifs, un exemple parmi tant d’autres : la deuxième partie de Aleinou leshabéa’h n’est pas un texte d’origine (=instauré par les Anshei Knesset Agdola ) et pourtant on le dit le matin de Shavouot (enfin, ceux qui sont encore éveillés !).

S’il fallait retirer tous les ajouts ce matin là, je pense que ça serait un « zilzoul » dans nos textes de prières : comme s’ils n’avaient pas leur importance car non-imposés par les Anshei Knesset Agdola !

La petite différence qui subsiste, c’est que ce texte en particulier n’est récité que par une MINORITE des juifs, alors que Aleinou (2nd part), l’est par la majorité.

Quant à votre idée d’invalider le minhag depuis son début pour être contraire à la loi (car fatiguant), c’est impossible, car le minhag a justement été adopté par une communauté qui « pardonne »/est mo’helet sur sa fatigue.

Chez les Ashkenazim aussi il y a les « Akdamot » qui se lisent en début de kriat athora le matin de Shavouot, ceux qui en ont le minhag continuent à les réciter.

De manière générale, il est très malsain de faire sauter un minhag, ça fragilise même le reste.

Donc dans une communauté où l’on dit ce texte, ceux qui en sont dérangés ne peuvent imposer d’en annuler la lecture. Ils peuvent aller prier ailleurs ou boire un bon café avant la prière.

Mais dans votre communauté où il n’y a pas le minhag de le lire, il est interdit au ‘hazan de l’imposer à la communauté, même un autre matin que Shavouot.
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