Citation:
J'ai entendu une anecdote d'un Rav très sérieux (que je connais) qui avait raconté sur lui-même qu'il était parti voir un Talmid 'Hakham en Israël. Ce Talmid 'Hakham lui avait demandé s'il connaît bien le Talmud (ou alors quel traité il connaît bien, je ne me rappelle pas exactement des détails). Ce Rav lui a dit qu'il connaissait bien la Massékhet Baba Kama. Alors, le Talmid 'Hakham lui a montré une ligne d'une page de la Massékhet Baba Kama en lui demandant : « À quel Daf appartient cette ligne là ? », ce à quoi le Rav n'a pas su quoi répondre. Le Talmid 'Hakham lui a alors répondu : « Alors tu ne connais pas Baba Kama ».
Je n'ai pas osé en parler avec le Rav en question, mais je voudrais vous demander ce que vous pensez de cela.
Je ne vous cache pas que quand j'ai entendu cette histoire, j'ai été mécontent et déçu (et même un peu fâché).
J’ai lu votre et question, ainsi que la suivante (le PS).
Je pense que vous avez raison, mais il n’a pas tort pour autant 😊.
Comme vous le devinez, lorsqu’il lui dit qu’il ne connait pas Baba Kama, c’est dans l’esprit de dire que celui qui aurait révisé suffisamment ce traité serait capable d’indiquer où se trouve telle ligne.
Bien entendu, il n’y a pas un but d’arriver à la connaissance des dapim et des lignes, le but est de connaitre le contenu de la massekhet, j’imagine que ce que ce rav voulait, c’était encourager celui qui l’a consulté à étudier encore plus, lui faire ressentir qu’il ne connait pas encore parfaitement son traité.
Le
Gaon de Vilna avait fait pire avec un élève venu lui dire qu’il connaissait très bien le traité Souka.
Tel que raconté par
R. Israel de Shklov (Hakdama du Peat Hashoul’han), le
Gaon lui a demandé combien de ma’hloktot il y a dans la Massekhet, combien entre R. Méir et R. Yehouda, combien entre R. Akiva et R. Yishmael (autre version : R. Tarfon), combien entre Raba et R. Yossef, entre Abayé et Rava, entre R. Papa et R. Houna Brei derav Yehoshoua ?
il n’a pas su répondre.
Alors le
Gaon commença à les énumérer une à une, puis à souligner combien de fois la halakha est comme untel contre untel et combien de fois l’inverse, etc. et il termina par dire qu’il y avait en tout 176 cas de soukot différentes dans tout le Talmud Bavli et Yeroushalmi et Tossefta, dont 85 s’avèrent être Psoulot et 91 Ksheirot, et 85 est la Guematria du mot Souka en mode ‘Hasser (סכה) et 91 correspond à la Guematria du mot Souka en mode Malé (סוכה).
D’un certain point de vue, c’est plus sensé que de pouvoir indiquer à quelle page appartient telle ligne, car savoir le nombre de discussions qu’il y a dans le traité revient à une connaissance du traité (plus que de pouvoir indiquer les pages), mais dans les faits, on arrive plus facilement à pouvoir indiquer à quelle page appartient telle ligne qu’à une connaissance synthétique comme celle requise par le
Gaon de Vilna.
Pouvoir indiquer à quelle page appartient une ligne n’est pas très dur lorsqu’on a révisé plusieurs fois le traité et qu’on le connait bien.
Il y a même un jeu de Yeshiva qui consiste à pointer d’une aiguille un endroit sur la page de garde et devoir indiquer de mémoire quels mots ont été transpercés par l’aiguille à chaque page
(ça limite aux premiers dapim, à moins de disposer d’une longue aiguille ou d’une perceuse).
Ça n’est pas si dur que ce que ça en a l’air. Etant jeune, je l’avais testé
(sans trouer ma gmara, on n’est pas des barbares) et j’avais été étonné de voir que je trouvais les bonnes réponses.
Par contre, reprendre de tête toutes les discussions et pouvoir les compter et trier en fonction des protagonistes, c’est une vraie connaissance de la massekhet.