Citation:
Pensez-vous qu'il est juste qu'un ba'hour accepte de l'argent à des occasions type yeshiva ben hazmanim?
Il y a plusieurs aspects.
Si c’est un Ba’hour qui n’a pas de revenus, qui n’est pas ou pas assez soutenu financièrement par ses parents, c’est très bien qu’il accepte. Sans quoi, du temps potentiellement consacré au Limoud devra être consacré au travail et c’est dommage, ceux qui sponsorisent la Yeshivat Bein Hazmanim le font pour permettre un maximum de Limoud, justement.
Si le Ba’hour est nourri/logé/vêtu/etc. aux frais de ses parents et n’a, en réalité, pas besoin de plus d’argent, on pourrait se demander à quel titre devrait-il recevoir cette somme… Néanmoins, dans les faits, c’est une sorte d’encouragement « engageant » pour fixer des temps de Limoud même pendant les vacances.
Le concept est relativement nouveau, à mon époque, aucun Ba’hour n’était payé pour étudier durant Bein Hazmanim, on venait étudier « gratuitement ».
D’un côté ça indiquait plus de « Lishma », mais d’un autre côté, je me souviens de quelques « Bein Hazmanim » pascaux, lorsque j’étais Avrekh, où j’étais financièrement contraint de travailler
(notamment au rabbinat de Rav Rottenberg, mais pas seulement) alors que j’aurais mille fois préféré pouvoir étudier dans une structure de Yeshivat Bein Hazmanim
(kal va’homer étant Avrekh et père de famille) et toucher une petite bourse.
C’était un grand Bitoul Torah, hélas, mais il était indispensable.
Il faut savoir qu’il y a aussi, de nos jours, des « kollelim » qui paient les Ba’hourim (à tout moment de l'année) pour venir étudier dans leur Beit Hamidrash, du coup, durant les vacances, aucune chance de les attirer sans paie.
Celui qui organise un tel kollel cherche à « remplir » son Beit Hamidrash, que ce soit pour créer une ambiance de Limoud pour sa Kehila, ou pour impressionner des donateurs potentiels ou des amis devant qui il est fier de montrer son Beit Hamidrash très visité… c’est un « service » qu’il achète.
Il faut donc distinguer différents problèmes :
a)
Le problème Halakhique : il n’y en a pas. Le Ba’hour a halakhiquement le droit de prendre cet argent.
b)
Le problème de Hashkafa : Si tu étudies la Torah pour « gagner » de l’argent, quel type de Torah espères-tu apprendre ?
C’est en contradiction flagrante avec la
Mishna (Avot IV,5) qui interdit de faire de la Torah une « pioche pour creuser » et de « tirer profit » (matériel) de la Torah :
רבי צדוק אומר אל תעשם עטרה להתגדל בהם, ולא קרדום לחפור בהם. וכך היה הלל אומר, ודאשתמש בתגא, חלף. הא למדת כל הנהנה מדברי תורה נוטל חייו מן העולם
Néanmoins, il est possible d’accepter cette somme dans l’esprit d’une bourse pour permettre encore plus de Limoud.
Soit afin de s’acheter des Sfarim, ou même si c’est pour s’acheter un costume ou des friandises ou autre chose qui participera au fait que ledit Ba’hour sera content et étudiera avec entrain, ça va aussi.
L’idée étant que de toute façon il étudierait la Torah, et que cette « bourse » vient l’aider un peu financièrement.
Mais celui qui ne veut pas étudier lorsque ce n’est pas rémunéré, est assurément dans l’erreur sur le plan Hashkafique.