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Yom Kipour et Tisha Beav en chaussettes

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frank
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La majorité des poskim autorisent les chaussures en tissu synthétique pour Yom Kipour et Tisha Beav, certaines insistent pour qu'on ressente un gêne et donc privilégient des chaussures inconfortables (kara ali moed 8:7)

Cependant le 'Hazon ish était ma'hmir (ibid note 35) d'être en chaussettes et insistait pour que ce soit l'usage dans son bet hamidrash (o'hot rabbeinu vol 2 page 138). C'était également le minhag de Rav 'Haim Kanievsky ztl (Ela dalet amot 53:4)

Je me rappelle un échange avec vous lors duquel vous m'aviez précisé qu'être en chaussettes n'est pas "bien". J'aurais voulu des détails sur cette précision, est-ce en raison du danger de se blesser dans la rue (certains mettent plusieurs chaussettes les unes sur les autres pour cela, et si on habite proche de la shule ca limite le problème), ou le regard des non juifs, ou autre ?
Rav Binyamin Wattenberg
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La majorité des poskim autorisent les chaussures en tissu synthétique à yom kippour et tisha beav, certaines insistent pour qu'on ressente un gêne et donc privilégient des chaussures inconfortables (kara ali moed 8:7)
Cependant le 'Hazon ish était ma'hmir (ibid note 35) d'être en chaussettes et insistait pour que ce soit l'usage dans son bet hamidrash (o'hot rabbeinu vol 2 page 138). C'était également le minhag de Rav 'Haim Kanievsky ztl (Ela dalet amot 53:4)
Je me rappelle un échange avec vous lors duquel vous m'aviez précisé qu'être en chaussettes n'était pas "bien". J'aurais voulu des détails sur cette précision, est-ce en raison du danger de se blesser dans la rue (certains mettent plusieurs chaussettes les unes sur les autres pour cela, et si on habite proche de la shule ca limite le problème) ou le regard des non juifs ou autre ?



[remarque : je ne connais pas ce livre « kara ali moed » mais son titre devrait probablement être kara alay moed, selon le verset dans Eikha (1,15).]

Le Shoul’han Aroukh (§614,2) autorise les chaussures qui ne sont pas en cuir (même si elles sont confortables) et le Mishna Broura (sk.5) explique que lorsqu’elles ne sont pas en cuir, elles ne sont pas considérées par cette Halakha comme étant des chaussures, mais un autre habit.
C’est pourquoi, certains autorisent totalement toutes les chaussures n’étant pas en cuir, même si elles sont très confortables (Maharshag II, §110).

Malgré tout, certains A’haronim sont ma’hmirim (cf. MB ad loc) et interdisent autre chose que les chaussettes.

Les problèmes que je vois dans le port des simples chaussettes sont qu’il ne convient pas de prier sans chaussures (bien entendu, pour le 9 av il y a dérogation (voir Tosfot Shabbat 10a sv. Rami), mais elle me semble moins évidente de nos jours), qu’on peut se blesser dans la rue ou marcher sur des saletés, et enfin que cela constitue un grave ‘Hiloul Hashem (quand on voit un juif se balader en chaussettes dans la rue).

Il y a un siècle et plus, lorsque que (et là où) les juifs vivaient entre eux, et aussi à une époque où il y avait malheureusement beaucoup plus de gens qui marchaient de toute façon tous les jours dans la rue sans chaussures (surtout les enfants) par pauvreté, on ne pouvait pas craindre le ‘Hiloul Hashem, mais si vous marchez aujourd’hui à Paris en chaussettes dans la rue, on ne peut pas éluder l’aspect ‘Hiloul Hashem qui me semble inéluctable.

Si Rav Kanievsky, à Bnei Brak, a maintenu cette ‘Houmra mentionnée dans le Mishna Broura (§614, sk.5), c’est parce qu’il était à Bnei Brak, il ne l’aurait pas fait (ou aurait eu tort de le faire) à Paris.

C’est pourquoi certains, voulant suivre cette pratique surérogatoire, mettent des ballerines ou espadrilles plus ou moins présentables pour sortir dans la rue, mais à la synagogue et à la maison, ils restent en chaussettes.
C’était ce que faisaient de nombreux Tsadikim, dont le Munkaczer Rebbe (Darkhei ‘Haim Veshalom §754, p.277).


Je ne sais pas si cette ‘Houmra (de marcher en chaussettes) est nécessaire et souhaitable de nos jours ; car à partir du moment où l’on porte des chaussures qui ne se portent pas en temps normal (et dans lesquelles on n’est pas absolument à l’aise), on est strictement dans la règle.
Voyez Moadim Ouzmanim (VI, §28) et Piskei Tshouvot (§614,4 note 9) [qui explique que l’interdit des chaussures concerne le type de chaussures qui se portent normalement, mais des chaussures inhabituelles (pas en cuir) seraient autorisées].

Cependant, il faudra éviter les chaussures en synthétique qui ressemblent à des chaussures en cuir (et qui sont tout autant confortables).
Mais les baskets restent autorisées surtout à ceux qui ne les portent pas habituellement (dans ces circonstances, pour venir à la synagogue).

Quoi qu’il en soit, la ‘houmra de marcher en chaussettes dans la rue ne me semble pas conseillée de nos jours, d’autant qu’il m’apparait évident que la majorité des gens seraient à considérer comme « délicats » vis-à-vis de ce point et le Gaon de Vilna qui interdisait les chaussures les autorisait aux personnes délicates (Istenis) cf. Maassé Rav Ha’hadash (§25, p.229).

Et la règle étant que l’on suit l’opinion permissive en matière de Aveilout (הלכה כדברי המיקל באבל), je ne vois pas d’un bon œil l’adoption de cette ‘houmra qui n’est plus ce qu’elle était [car on est beaucoup plus délicat de nos jours puisqu’on n’est plus du tout habitué à marcher sans chaussures dans la rue] et qui risque en plus de créer un ‘Hiloul Hashem qui est infiniment plus grave.

Il faut comprendre qu’à l’époque du ‘Hazon Ish et avant, depuis des siècles, il y avait des gens qui marchaient sans chaussures même en dehors de Tisha Beav et YK.
Marcher sans chaussures n’était pas un signe de débilité, mais de pauvreté et de souffrance.
Voilà en quoi ne pas porter de chaussures le 9 Av et à YK avait un sens.

Mais de nos jours, ce n’est plus tellement une marque de pauvreté (très rares sont les pauvres qui n’ont pas de chaussures, la richesse de nos pays fait que les gens jettent des chaussures encore en état d’utilisation, donc on peut se chausser même sans argent…), c’est plutôt un signe de débilité (dans la rue, mais à l’intérieur ça se fait. Donc à la synagogue ou à la maison, oui. Mais dans la rue, non. A moins d’habiter un quartier religieux où tout le monde comprend que c’est par religion et on évite ainsi le ‘Hiloul Hashem). [Voilà aussi pourquoi j'émets quelques doutes sur la validité de la dérogation d'antan (citée plus haut) pour prier en chaussettes. A l'époque ou marcher en chaussettes (=sans chaussures) était signe de souffrance et de pauvreté, on pouvait admettre qu'à Tisha Beav on soit autorisé à prier sans chaussures puisqu'on se présente devant le roi en mode Aveilout. Mais de nos jours ça ne correspond plus tellement à la pauvreté et la tristesse, ça correspond plutôt à autre chose...]

[Note au passage : Le Piskei Tshouvot (§614, note 17) dit que le Gaon de Vilna restait en chaussettes à la synagogue et mettait des chaussures (pas en cuir) pour le chemin dans la rue.
Il indique sa source du Moadim Ouzmanim (VIII, remarques sur le tome VI §28).
Mais cela semble être une erreur, car cette source indique que le Gaon interdisait les chaussures et ne les tolérait qu’en cas de grand besoin, pour éviter de se salir (lorsqu’on marche dans la boue par exemple). Cf. Maassé Rav Ha’hadash (§25, p.229).]
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