Techouvot.com

La réponse de qualité à vos questions

Tout est pour le bien !

Voir le sujet suivant Voir le sujet précédent
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet
Pseudo
Messages: 44
Bonsoir,

Cette expression est bien connue dans notre tradition, mais je me demandais s'il s'agit de réconforter une personne d'un évènement qui aurait pu lui arriver, ou si au contraire il ne s'agit pas d'un simple réconfort moral, mais bien d'une réalité : il n'y a pas de choses dans ce monde qui arrivent sans que leurs finalités soient autre chose que le bien.
(Léavdil, comme Aristote disait, que dans ce monde tout a une finalité, que la nature ne fait rien en vain, et que le monde est finalisé par le bien).
Mais cette interprétation poserait des problèmes de compréhension. Comment en effet penser que la finalité de la soufrance dans le monde n'est en réalité rien d'autre que le bien. Cela reviendrait à dire qu'il est bien que des gens meurent de faim en Afrique, que des femmes se fassent battre par leurs maris, que des juifs aient été exterminés, que des personnes soient atteints de maladies graves et incurables, que des enfants soient orphelins, que des pauvres n'aient pas de domicile, que des juifs transgressent de graves interdits, etc.

Je vous serais gré de m'éclaircir un peu...




______________________________
Message envoyé via AlloRav sur iPhone.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6666
Citation:
Cela reviendrait à dire qu'il est bien que des gens meurent de faim en Afrique, que des femmes se fassent battre par leurs maris, que des juifs aient été exterminés ... que des pauvres n'aient pas de domicile, que des juifs transgressent de graves interdits, etc.


Pour tout ce qui dépend d'une volonté humaine, généralement, D.ieu n'intervient pas. C'est la grande règle du libre arbitre.

Une femme qui se fait battre par son mari, c'est la Ba'hira du mari, pas de D.ieu!

Pareil quand un voleur vole, etc.

Ce n'est pas que D.ieu le souhaite, mais la règle est que le choix de chacun puisse être appliqué (sinon, le monde n'a plus de sens).

Des gens qui meurent de faim en Afrique, de nos jours, c'est souvent dû au libre arbitre de leurs dirigeants et politiciens corrompus qui détournent 90% des aides venant des pays civilisés. (je sais, il y a aussi la sécheresse, etc, etc., mais une partie de leurs malheurs vient des bandits qui y sévissent)

Etc.

Par contre, pour ce qui est des maladies (non entrainées par volonté humaine) ou des catastrophes naturelles (et certains y incluent les guerres en vertu du verset dans Mishlei XXI, 1), c'est voulu par D.ieu et lorsqu'on dit que c'est pour le bien, ça ne veut pas dire que C'EST bien.
C'est MAL, mais un mal qui s'inscrit dans un vaste plan positif.

Une opération est une chose positive, mais constituée de tas de choses négatives (car se faire découper au scalpel est MAL). Pourtant, c'est nécessaire pour le bien plus global.
Pareil quand on va chez le dentiste, etc.

A la différence que, considérant l'humanité comme un tout, les plans divins ne se limitent pas toujours à l'individu et ses intérêts directs.
Gabriel2301
Messages: 12
D’après ce que vous dites : si l’on dit que dans ce qui dépend de la volonté humaine, D. n’intervient pas, alors le mal que les autres nous infligent, les coups, les insultes, les gens qui font hontes à d’autres, sont des choses que nous subissons peut être de manière injuste et en réalité on ne mérite ce traitement/honte/douleur.. Or D. incarne la justice par essence même et, comme le dit le hovot halevavot dans le chaar abitahon : personne ne peut me faire du mal si D. ne le veux pas pour moi ! Alors comment comprendre que D. n’intervient pas ?

Deuxièmement par exemple, c’est une chose que j’ai lu dans le mesilat yecharim, celui qui s’énerve est considérer comme si il avait fait avoda zara car ce que l’autre lui a infligé a été décider par D. , n’est ce pas contradictoire avec ce que vous avez dit ?

Je comprend que dans l’idée de la behira ce que vous dites est totalement logique et plein de bon sens, mais j’ai l’impressions que cela est contredit par d’autres notions nous obligeant à dire que D. gère malgré tout cette partie.

Merci pour vos éclaircissements
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6666
Citation:
D’après ce que vous dites : si l’on dit que dans ce qui dépend de la volonté humaine, D. n’intervient pas, alors le mal que les autres nous infligent, les coups, les insultes, les gens qui font hontes à d’autres, sont des choses que nous subissons peut être de manière injuste et en réalité on ne mérite ce traitement/honte/douleur.. Or D. incarne la justice par essence même


Ce n’est pas incompatible, l’injustice est et sera compensée d’une autre manière.
Il faut comprendre qu’il est impossible d’obtenir à la fois ce que vous dites et à la fois le maintien de la Be’hira.
Ce dernier étant clairement établi et faisant partie des fondements du judaïsme, c’est avec le souci d’injustice qu’il faudra « s’arranger ».

Et il s’arrange dans la mesure où la vie ne se termine pas ici-bas, ce n’est qu’un passage. Il est clair que D.ieu ne saurait s’accommoder avec l’injustice, nous sommes donc confiants et savons que toute injustice sera compensée/justifiée/expliquée ; soit par ce qui a précédé (péchés etc.) soit par ce qui suivra (dans ce monde ou le prochain).

Je fais appel à votre bon sens : lorsque les nazis ont martyrisé des MILLIONS de gens, pensez-vous sérieusement qu’en fait, chacun, à titre individuel, « méritait » ces sévices ?
Comme par hasard il y aurait eu une génération où des millions de personnes méritaient cela, alors que nous, aujourd’hui, nous serions tous de petits anges face à eux ?
C’est ridicule (et limite blasphématoire).

Il y a des évènements d’envergure qui ne sauraient s’accorder avec la précision d’une juste rétribution immédiate des actes de toutes les victimes.
Cela n’empêche pas de dire qu’il y avait une « Gzeira » sur chaque victime, mais je veux dire que cette Gzeira s’inscrivait dans un cadre plus général que le simple individu (et je n’ai pas l’insolence de me penser plus méritant que tous ces gens).
Une Gzeira de ce type peut, ensuite, s’appliquer à chaque victime nommément, car il n’y a aucune difficulté pour D.ieu de ne rien laisser « au hasard », mais il ne faut pas se dire que chaque victime de la Shoah « méritait bien » sa peine en raison de ses péchés, c’est absurde et assurément faux.

Des tas de Tsadikim sont partis en fumée, des millions d’innocents.
C’est vrai que depuis quasiment un siècle avant, la Yirat Shamayim de la majorité du peuple (en terre ashkenaze) était en chute libre, mais d’une part cela n’indiquait pas individuellement le niveau de Tsidkout de chacun (=c’était un phénomène de société, il y a une minorité de Reshaïm qui ont massacré la Yirat Shamayim de la majorité du peuple), et d’autre part il y a aussi eu d’indiscutables Tsadikim qui ont souffert des affres de cette guerre.

Nous sommes donc obligés d’admettre qu’il y a une notion de « réajustement », c-à-d qu’il reste possible, parfois, qu’une personne souffre alors qu’elle ne le méritait pas (ou, pour reprendre votre exemple, qu’une personne puisse faire honte à une autre alors qu’elle ne le méritait pas), et D.ieu se charge dans ce cas de réajuster les choses pour maintenir la justice, mais Il n’empêchera pas forcément/systématiquement l’acte.

Et à partir de là, puisque D.ieu veut maintenir le libre arbitre des hommes (sans quoi le monde n’a pas trop d’intérêt), lorsque ce libre arbitre va aller à l’encontre de la justice, D.ieu se chargera de compenser et réajuster, afin de préserver la justice.

Citation:
et, comme le dit le hovot halevavot dans le chaar abitahon : personne ne peut me faire du mal si D. ne le veux pas pour moi ! Alors comment comprendre que D. n’intervient pas ?

Il faut comprendre qu’il y a DEUX niveaux de volonté :
D.ieu veut que chacun puisse agir selon son propre choix (par exemple : faire honte à quelqu’un), et D.ieu veut aussi qu’on ne reste pas sur une injustice. Or, c’est contradictoire. Donc il faudra qu’Il ait recours au réajustement dont nous parlions.

Ce qui fait que si je vous demande : Lorsque A décide de tuer B ou de faire honte à B qui ne le mérite pas du tout, si vous dites que D.ieu l’en empêchera systématiquement, cela revient à dire que D.ieu bloque le choix humain, il n’y a plus de libre arbitre.
Si vous dites que D.ieu laisse faire, c’est injuste.
Que faire ? Eh bien il y aura des cas où D.ieu laissera faire et se souciera de compenser/rétablir la justice par la suite.
(Et il y aura aussi des cas où D.ieu interviendra et empêchera le crime, si la suppression de ce Tsadik entrainerait de trop grands chamboulements.)

Donc, dans les cas où D.ieu laissera faire, je vous pose la question : D.ieu veut-Il OUI ou NON que B décède /ait honte ?
La réponse est oui ET non, ça dépend du niveau de volonté dont on parle.
De prime abord, NON, D.ieu ne veut pas sa mort ni sa honte puisqu’il est totalement innocent. Mais étant donné que D.ieu VEUT qu’il y ait possibilité de libre arbitre, donc Il VEUT aussi qu’il y ait parfois possibilité de victime innocente.
Donc D.ieu ne veut pas que B meure (/ait honte), mais Il le veut !

A un premier niveau de volonté, par rapport à l’individu lui-même, D.ieu ne le veut pas, mais en considérant le plan global qui impose de maintenir le libre arbitre, D.ieu VEUT que B puisse mourir (être humilié) par la volonté de A.

Donc, oui, on peut encore dire : « personne ne peut me faire du mal si D.ieu ne le souhaite pas », mais la question est de savoir de quel niveau/étage de volonté nous parlons.
D.ieu peut ne pas le vouloir vis-à-vis de l’individu qui est Tsadik, mais le vouloir vis-à-vis du plan global.

Citation:
Deuxièmement par exemple, c’est une chose que j’ai lu dans le mesilat yecharim, celui qui s’énerve est considérer comme si il avait fait avoda zara car ce que l’autre lui a infligé a été décider par D. , n’est ce pas contradictoire avec ce que vous avez dit ?

Selon ce que je viens de détailler, non.
Car ce qui lui a été infligé relève bien de la décision de D.ieu, car lorsque D.ieu a décidé que le monde suive le libre arbitre des hommes, Il a, par voie de conséquence, décidé que cette personne puisse subir tel sévice.

Citation:
Je comprend que dans l’idée de la behira ce que vous dites est totalement logique et plein de bon sens, mais j’ai l’impressions que cela est contredit par d’autres notions nous obligeant à dire que D. gère malgré tout cette partie.

Si on dit que D.ieu « gère cette partie », c-à-d qu’il gère la Be’hira des hommes, cela va à l’encontre de la croyance juive en la Be’hira (ça revient au Mektoub).
Dès lors, cela contrevient au Ikar de Skhar Veonesh qui constitue la pierre angulaire de la Avodat Hashem.
Même les Rishonim qui réduisent la liste des Ikarim s’accordent à maintenir celui du Skhar Veonesh, sans lequel on irait à l’encontre de la Torah.


J’insiste sur la nécessité de prendre du recul par rapport à tout ce que j’ai écrit ici, il s’agit de notions subtiles et il est difficile de les concevoir clairement dès leur découverte.

Que le lecteur ne se sente pas l’obligation de « prendre parti », ni de se positionner de manière catégorique.
Il faut avancer lentement sur ces sujets, car dans ce domaine, aucune phrase ne saurait empêcher l’erreur d’interprétation.

Ne serait-ce que l’idée des deux niveaux de ce qu’on appelle la volonté, qui permet déjà de comprendre qu’il faut avoir du recul sur ces sujets et y réfléchir par moment, sans se mettre la pression.

Je ne peux pas vous garantir que ce que j’ai écrit soit la pensée de la totalité des A’haronim, chacun a compris les choses comme il l’a pu, c’est aussi ce que j’essaie de faire.
C’est pourquoi, je ne peux pas vous garantir non plus que j’aie raison et que ce soit la seule façon ksheira de concevoir la Hanhaga de D.ieu et de résoudre la contradiction entre la Be’hira et la justice.

Il ne faut pas mettre un point final à cette réflexion, au stade où elle est. Il faut continuer d’y réfléchir, sans vouloir forcément accorder tous les textes de tous les Me’habrim. Notre travail n’est pas de justifier le Messilat Yesharim ou autre, mais de comprendre ce que l’on peut comprendre de la Hanhaga divine.

Souvent le Messilat Yesharim et d'autres nous aideront à y voir clair, mais si ce n’est pas le cas, ce n’est qu’un second travail que d’arriver à les comprendre.
La bonne humeur
Messages: 62
@ Gabriel2031

Vous écrivez : "c’est une chose que j’ai lu dans le mesilat yecharim, celui qui s’énerve est considérer comme si il avait fait avoda zara car ce que l’autre lui a infligé a été décider par D."
Où avez vous donc lu cela dans le Messilat Yécharim ?
De mémoire, il ne le dit pas comme ça. Peut être n'est-ce qu'une explication de ses paroles que vous auriez lu ? Si vous avez la référence, merci.

Quoi qu'il en soit, l'idée se trouve bien, mais très longtemps avant le Ram'hal, chez David Hamelkh dans Samuel II 16, 10.

Bonne soirée.
Raphaelk
Messages: 17
Cher Rav Wattenberg,

Je tiens à répondre à votre message précédent concernant l'incompatibilité entre la Justice et le Libre arbitre, avec un profond respect. Dans votre raisonnement, j'ai l'impression que ce qui "bloquerait" D.ieu dans le fait de laisser le libre arbitre absolu à une personne tout en appliquant la justice à chaque instant est une notion humaine. Lorsque nous réfléchissons à une situation donnée, telle que A tuant B, nous l'envisageons dans un cadre spatio-temporel spécifique. Le libre arbitre de A de tuer B est indissociable du moment et de l'espace de leur rencontre. Selon cette perspective humaine, il semble en effet impossible d'appliquer la justice à cet instant précis pour B, à moins que D.ieu n'ait utilisé A comme une marionnette pour amener A à tuer B à cet endroit précis, car B devait mourir d'un assassinat.

Cependant, si nous acceptons que D.ieu est au-dessus du temps et de l'espace, qu'Il n'y est pas soumis comme nous, que ceux-ci ne sont pour Lui que des composantes annexe de l'action, modulables à souhait et complètement indépendantes de la notion de libre arbitre, alors nous pouvons imaginer que le choix fait par A de tuer B est un élément indépendant et clair devant D.ieu. En effet, pour Lui, tout est présent, du début du monde jusqu'à sa fin, et D.ieu peut donc orchestrer le décor (l'espace et le temps) de manière à ce que B (qui doit, selon la justice divine, être tué) soit présent devant A au moment du choix de A.

Par ailleurs, concernant votre exemple de la Shoah, où les Juifs ne méritaient certainement pas cela et où nous ne sommes pas plus méritants qu'eux, je pense que cela est un cas particulier qui ne peut être comparé à la vie courante. Comme le dit la Guemara Baba Kama 60A : "Quand D.ieu donne la permission au destructeur, Il ne différencie pas le juste de l'impie, Il commence même par les justes." Je pense que le cas de A qui tue (ou fait honte) à B ne relève pas de ce cas spécifique, et nous pouvons donc estimer que la stricte justice s'applique.

J'espère avoir pu exprimer clairement mes réflexions sur ce sujet. Je vous remercie encore pour votre message et j'attends avec impatience votre réponse.

Moadim Lessimha
Gabriel2301
Messages: 12
Bonjour Rav

Je trouve votre réflexion tres intéressante (comme toujours). Il est rare d'entendre ce type de réflexion dans les chiourims de darchanim classique sur la emouna et le bitahon et ça permet d'ouvrir l'esprit a une recherche du Emet sur la hanhaga divine tout en restant attaché au Ikarim de Emouna. Et donc encore une fois : MERCI ! :)

Pour élargir la réflexion, j'aurais encore quelques questions/remarques :

1) Pour commencer vous dites que : « Il faut continuer d’y réfléchir, sans vouloir forcément accorder tous les textes de tous les Me’habrim. Notre travail n’est pas de justifier le Messilat Yesharim ou autre, mais de comprendre ce que l’on peut comprendre de la Hanhaga divine ». Mais comment arriver au émet sans utiliser les textes de beaucoup de richonim et de aharonim qui ont l’air de dire des choses qui ne s’accordent pas ? On ne peut pas réfléchir sans la base d’une massoret qui nous rapproche du sinai (c’est d’ailleurs ce que vous arrivez à faire brillamment sur beaucoup de sujet grâce à votre bekiout pour atteindre le émet).

2) Si l'on suit l'idée que D. n'intervient pas volontairement malgré l'injustice apparente car il veut laisser la behira. Y'a-t-il une dimension "apaisante" et "tranquillisante" du bitahon (comme le développe le Hovot Halevavot dans son introduction au Shaar bitahon, essentielle au service divin ) ? En effet comment ne plus avoir peur de ce qui peut arriver, si au final avec la behira, tout peut arriver ?

3) Selon cette idée la fameuse segoula de Rav Haim de Volozhin de : "Ein od milevado" (Nefesh Hahaim 3,12) a-t-elle encore raison d'etre ?

4) Dans le meme esprit, beaucoup de psoukim, de tehilim notamment, on l’air de vouloir exprimer cette idée d’un bitahon protecteur, de Hachem qui protège tous ceux qui ont confiance en lui : Tehilim : 9.11 ; 22.5 ; 32.5 ; 37.3 ; 37.5 … et j’en passe. Comment avoir confiance en D. sur ce tout ce qu’il va m’arriver si la behira peut aller à contre sens ?

Je me rend compte que ces 3 dernières questions sont finalement liées mais elles soulèvent chacune un élément à développer donc je me permet de les laisser diviser.

Merci beaucoup
Et cetera
Messages: 94
[quote="Rav Binyamin Wattenberg"]Je fais appel à votre bon sens : lorsque les nazis ont martyrisé des MILLIONS de gens, pensez-vous sérieusement qu’en fait, chacun, à titre individuel, « méritait » ces sévices ?
Comme par hasard il y aurait eu une génération où des millions de personnes méritaient cela, alors que nous, aujourd’hui, nous serions tous de petits anges face à eux ?
C’est ridicule (et limite blasphématoire). [/quote]

Pourquoi blasphématoire ?

Dans Baba Kama 38a Oula dit qu'il est blasphématoire de dire à un endeuillé מאי אפשר למעבד (que peut on y faire). Oula préférait consoler en disant à un père qui a perdu sa fille que si vraiment elle était Ksheira et apte à avoir une bonne descendance c'est sûr qu'elle ne serait pas morte !
Ce que dit Oula m'est très étrange , tous les juifs et juives morts avant leur heure dans l'histoire ne méritaient pas de continuer à vivre ? Et Oula considère forcément que ce n'est pas blasphématoire de parler comme ça (puisqu'il critique le מאי אפשר למעבד)
joelb
Messages: 46
Chalom Rav,

Na'houm Ish Gam Zou disait "Gam zou leTova": ceci aussi est pour le bien, alors que son élève, Rabbi Akiva, disait "Kol Aved Ra'hamana - leTav": tout ce que Dieu fait c'est pour le bien.
On voit une évolution dans ce que dit Rabbi Akiva par rapport à son maître, peut on considérer qu'il ne s'inscrivait pas complètement dans les traces de son maître? D'ailleurs, j'ai l'impression que cette différence apparait dans votre réponse.

Merci pour le tout que vous nous consacrez.
Joël
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6666
Il y a eu 5 messages depuis mon dernier passage sur ce fil, je tente de répondre à chacun en 5 messages.

Voici mon premier :

A Joelb :

Citation:
Na'houm Ish Gam Zou disait "Gam zou leTova": ceci aussi est pour le bien, alors que son élève, Rabbi Akiva, disait "Kol Aved Ra'hamana - leTav": tout ce que Dieu fait c'est pour le bien.
On voit une évolution dans ce que dit Rabbi Akiva par rapport à son maître, peut on considérer qu'il ne s'inscrivait pas complètement dans les traces de son maître? D'ailleurs, j'ai l'impression que cette différence apparait dans votre réponse.



Pourriez-vous préciser votre pensée ? On m’a rapporté, il y a un peu plus de trente ans, que le Maharsha considère qu’il n’y aurait pas vraiment de différence entre ces deux expressions, mais que Rav Goldwasser soulignait au contraire qu’il y voyait 8 différences.
L’une d’elle (la seule qu’on m’a rapportée) était que que R. Akiva disait en araméen ce que Na’houm avait dit en hébreu, langue de la clarté.
C-à-d que R. Akiva ne ressentait pas la chose avec autant de clarté que Na’houm, mais il l’acceptait comme une vérité.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6666
Mon second message :

A La bonne humeur :
Citation:

@ Gabriel2031
Vous écrivez : "c’est une chose que j’ai lu dans le mesilat yecharim, celui qui s’énerve est considérer comme si il avait fait avoda zara car ce que l’autre lui a infligé a été décider par D."
Où avez vous donc lu cela dans le Messilat Yécharim ?
De mémoire, il ne le dit pas comme ça. Peut être n'est-ce qu'une explication de ses paroles que vous auriez lu ? Si vous avez la référence, merci.
Quoi qu'il en soit, l'idée se trouve bien, mais très longtemps avant le Ram'hal, chez David Hamelkh dans Samuel II 16, 10.


Votre message ne m’est pas adressé, donc je ne m’en mêle pas et je laisse Gabriel2031 vous répondre.
Je me permets juste d’indiquer qu’il est possible qu’il y ait eu un petit « mélange » car je crois que bien que le Messilat Yesharim (§11) après avoir parlé de la colère, parle de la jalousie et souligne que si l’on comprend que « l’homme ne peut pas toucher à ce qui doit revenir à un autre » (c-à-d que si x vole y, y doit comprendre que si cet argent lui revient, D.ieu le lui rendra autrement, et x ne pourra pas changer la somme que y doit posséder), il n’y a plus de quoi jalouser qui que ce soit.

Ainsi, Gabriel2031 aurait peut-être mêlé dans ses souvenirs les deux idées (celle-ci avec celle qui précédait, indiquant que celui qui s’énerve est « comparable à un idolâtre ») lues dans le 11ème chapitre du Messilat Yesharim.

Mais comme dit, je le laisse vous répondre.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6666
A présent voici mon troisième message :

A Raphaelk :
Citation:

Je tiens à répondre à votre message précédent concernant l'incompatibilité entre la Justice et le Libre arbitre, avec un profond respect. Dans votre raisonnement, j'ai l'impression que ce qui "bloquerait" D.ieu dans le fait de laisser le libre arbitre absolu à une personne tout en appliquant la justice à chaque instant est une notion humaine. Lorsque nous réfléchissons à une situation donnée, telle que A tuant B, nous l'envisageons dans un cadre spatio-temporel spécifique. Le libre arbitre de A de tuer B est indissociable du moment et de l'espace de leur rencontre. Selon cette perspective humaine, il semble en effet impossible d'appliquer la justice à cet instant précis pour B, à moins que D.ieu n'ait utilisé A comme une marionnette pour amener A à tuer B à cet endroit précis, car B devait mourir d'un assassinat.

Cependant, si nous acceptons que D.ieu est au-dessus du temps et de l'espace, qu'Il n'y est pas soumis comme nous, que ceux-ci ne sont pour Lui que des composantes annexe de l'action, modulables à souhait et complètement indépendantes de la notion de libre arbitre, alors nous pouvons imaginer que le choix fait par A de tuer B est un élément indépendant et clair devant D.ieu. En effet, pour Lui, tout est présent, du début du monde jusqu'à sa fin, et D.ieu peut donc orchestrer le décor (l'espace et le temps) de manière à ce que B (qui doit, selon la justice divine, être tué) soit présent devant A au moment du choix de A.

Par ailleurs, concernant votre exemple de la Shoah, où les Juifs ne méritaient certainement pas cela et où nous ne sommes pas plus méritants qu'eux, je pense que cela est un cas particulier qui ne peut être comparé à la vie courante. Comme le dit la Guemara Baba Kama 60A : "Quand D.ieu donne la permission au destructeur, Il ne différencie pas le juste de l'impie, Il commence même par les justes." Je pense que le cas de A qui tue (ou fait honte) à B ne relève pas de ce cas spécifique, et nous pouvons donc estimer que la stricte justice s'applique.
J'espère avoir pu exprimer clairement mes réflexions sur ce sujet. Je vous remercie encore pour votre message et j'attends avec impatience votre réponse.



Merci pour votre contribution.

Dès qu’on parle de D.ieu « de Son point de vue », on s’aventure sur un terrain hasardeux et compliqué à cerner.

Ce qui me semble difficile dans votre exposé, c’est que vous considérez le choix humain comme établi par avance aux yeux de D.ieu puisqu’Il ne s’inscrit pas dans le temps. Ce que l’homme VA choisir est déjà choisi (ou « en train d’être choisi ») devant D.ieu.
C’est vrai, mais ça ne l’est que dans la mesure où l’homme choisira finalement en toute liberté et sans suggestion ni incitation divines.
C-à-d que D.ieu ne connait pas le futur par une connaissance du futur, mais par une connaissance du présent qui, du point de vue de D.ieu regroupe « passé, présent et futur ». Donc Sa connaissance reste dépendante de la future réalité qui devra s’accomplir ici-bas selon les règles de l’art.

Dit autrement, si on se place du côté de l’homme qui choisit, il faut qu’il puisse choisir de manière totalement libre, sans suggestion etc.

Vous écrivez :
Citation:

nous pouvons imaginer que le choix fait par A de tuer B est un élément indépendant et clair devant D.ieu. En effet, pour Lui, tout est présent, du début du monde jusqu'à sa fin, et D.ieu peut donc orchestrer le décor (l'espace et le temps) de manière à ce que B (qui doit, selon la justice divine, être tué) soit présent devant A au moment du choix de A.


Cela ne répond pas au problème suivant : comment faire si B doit mourir assassiné alors que ni A ni personne sur terre ne fait le choix d’être un assassin ?
C’est donc que -dans ce cas (si personne sur terre n’est à ce point Rasha)- D.ieu ne peut pas décider que B meure assassiné.
Donc D.ieu ne décide pas qu’une personne doive mourir assassiné (puisqu’il ne décide pas des choix humains).
Il peut décider qu’une personne doive mourir, de maladie, accident ou autre, mais pas qu’un Baal Be’hira choisisse de la tuer.

[Je souligne au passage que le point de bascule n’est pas si celui qui exécute l’acte est un Baal Be’hira, mais plutôt s’il l’a fait suite à une be’hira (ce qui exclut le Baal Be’hira qui agit sans intention), et une be’hira vis-à-vis de cette personne (ce qui exclut le Baal Be’hira qui agit avec intention non-ciblée. Par exemple un terroriste qui souhaite tuer des gens pour semer la terreur, il tue la personne qui se présente à lui, et le fait qu’elle ait été à cet endroit est choisi et voulu par D.ieu).]
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6666
Maintenant mon quatrième message :

A Gabriel2301 :
Citation:

Je trouve votre réflexion tres intéressante (comme toujours). Il est rare d'entendre ce type de réflexion dans les chiourims de darchanim classique sur la emouna et le bitahon et ça permet d'ouvrir l'esprit a une recherche du Emet sur la hanhaga divine tout en restant attaché au Ikarim de Emouna. Et donc encore une fois : MERCI ! :)

Pour élargir la réflexion, j'aurais encore quelques questions/remarques :

1) Pour commencer vous dites que : « Il faut continuer d’y réfléchir, sans vouloir forcément accorder tous les textes de tous les Me’habrim. Notre travail n’est pas de justifier le Messilat Yesharim ou autre, mais de comprendre ce que l’on peut comprendre de la Hanhaga divine ». Mais comment arriver au émet sans utiliser les textes de beaucoup de richonim et de aharonim qui ont l’air de dire des choses qui ne s’accordent pas ? On ne peut pas réfléchir sans la base d’une massoret qui nous rapproche du sinai (c’est d’ailleurs ce que vous arrivez à faire brillamment sur beaucoup de sujet grâce à votre bekiout pour atteindre le émet).


Je ne vous dis pas qu’il faille laisser les livres de côté et réfléchir tout seul, je dis juste qu’il ne faut pas chercher à tout prix à faire coïncider les textes des Rishonim ou A’haronim qui semblent contradictoires, car rien ne nous garantit qu’ils ne le soient pas effectivement.

En matière de Hashkafa (comme en Halakha), il n’est pas rare que des auteurs ne soient pas accordés.
Notre travail est, en premier lieu, de tenter de comprendre les voies de D.ieu sur terre, c’est ce que ces auteurs ont fait, chacun à sa manière.
S’ils ont abouti à des conclusions parfois différentes, à chacun de nous de s’aventurer dans ces réflexions (en s’en donnant les moyens) et voir avec quels auteurs on se retrouve.

Citation:

2) Si l'on suit l'idée que D. n'intervient pas volontairement malgré l'injustice apparente car il veut laisser la behira. Y'a-t-il une dimension "apaisante" et "tranquillisante" du bitahon (comme le développe le Hovot Halevavot dans son introduction au Shaar bitahon, essentielle au service divin ) ? En effet comment ne plus avoir peur de ce qui peut arriver, si au final avec la behira, tout peut arriver ?


Si la réalité est moins bon enfant que ce que l’on nous a vendu, ça ne l’invalide pas pour autant. C’est à nous de nous arranger avec la réalité, pas l’inverse.
Néanmoins, le Bita’hon garantit la supervision de D.ieu, tout est analysé et ajusté, rien ne restera injuste.
Tout ce qui peut nous arriver « sans le choix ciblé d’un Baal Be’hira » est de toute façon voulu par D.ieu, que cela nous paraisse positif ou négatif.
Quant à ce qui relève du choix humain de nous nuire, la volonté de D.ieu est que ce soit possible sur terre, Il devra donc compenser cela dans l’autre monde.
Mais effectivement, on ne peut pas dire qu’il y ait un Bita’hon qui nous garantisse que tout se passera « comme on l’espère ».
Dans les faits, il s’est passé beaucoup de choses négatives sur terre suite à des décisions humaines de nuire à autrui et D.ieu ne les a pas (toujours) empêchées.


Citation:
3) Selon cette idée la fameuse segoula de Rav Haim de Volozhin de : "Ein od milevado" (Nefesh Hahaim 3,12) a-t-elle encore raison d'etre ?

Il y a une vaste ma’hloket de fond sur la perception de l’idée du Bita’hon, on présente ça comme un désaccord entre le ‘Hazon Ish et d’autres maîtres lituaniens.
Le ‘Hazon Ish (Emouna Ouvita’hon §2) pense qu’une erreur de Hashkafa tenace s’est infiltrée dans le klal Israel, consistant à considérer que le Bita’hon nous assure que dans toute situation que l’on rencontre, c’est la bonne issue qui l’emportera.
Il explique que le Bita’hon n’est rien d’autre que de savoir que rien n’est laissé au hasard dans le monde.

Si l’intention du Nefesh Ha’haïm (§3,12) (en parlant de cette « segoula » pour l’annulation de toutes les forces capables de nuire) se borne aux « forces du mal » (Ko’hot Hatouma) dont il parlait plus haut, tout va bien, ça n’est pas lié à notre sujet.
Mais s’il veut aussi y inclure les forces humaines mues par une Be’hira (ciblée), alors effectivement, le Nefesh Ha’haïm ne s’accorderait pas avec le Or Ha’haïm.

Citation:
4) Dans le meme esprit, beaucoup de psoukim, de tehilim notamment, on l’air de vouloir exprimer cette idée d’un bitahon protecteur, de Hachem qui protège tous ceux qui ont confiance en lui : Tehilim : 9.11 ; 22.5 ; 32.5 ; 37.3 ; 37.5 … et j’en passe. Comment avoir confiance en D. sur ce tout ce qu’il va m’arriver si la behira peut aller à contre sens ?


La même Ma’hloket existera dans l’interprétation de ces versets ; d’après le ‘Hazon ish (et à plus forte raison le Or Ha’haïm et le Zohar), ce Bita’hon consiste à se dire que de toute manière rien n’est abandonné au hasard.
Ce qui est déjà très rassurant, puisque tous les déboires qui ne dépendent pas de la be’hira négative (et ciblée) d’autrui, ne peuvent nous nuire que sur décret divin.
Et ceux qui dépendent de la Be’hira sont assez rares (je parle bien de ceux qui relève de la Be’hira négative d’autrui et non de ceux qui relèvent de l’acte d’autrui. On peut subir un dommage par les actions d’autrui SANS qu’une Be’hira négative en soit à l’origine. Dans ce cas, c’est comme un dommage subi par des intempéries ou un animal, c’est programmé par D.ieu).

D’après d’autres (qui se trompent selon le ‘Hazon Ish), il s’agirait d’être convaincu que seul le bien arrivera. (Il existe une interprétation différente du texte du ‘Hazon Ish pour tenter de le rapprocher idéologiquement de l’autre Shita, mais elle ne m’a pas convaincu. Il y a aussi ceux qui veulent dire que le Zohar ne penserait pas comme le Or Ha’haïm…)
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6666
Et enfin mon cinquième et dernier message pour aujourd’hui sur ce fil :

A Et cetera :
Citation:

Rav Binyamin Wattenberg a écrit:
Je fais appel à votre bon sens : lorsque les nazis ont martyrisé des MILLIONS de gens, pensez-vous sérieusement qu’en fait, chacun, à titre individuel, « méritait » ces sévices ?
Comme par hasard il y aurait eu une génération où des millions de personnes méritaient cela, alors que nous, aujourd’hui, nous serions tous de petits anges face à eux ?
C’est ridicule (et limite blasphématoire).


Pourquoi blasphématoire ?


Car cela revient à dire que tous ces Tsadikim le méritaient plus que nous. C’est insultant pour ces Tsadikim.

Citation:

Dans Baba Kama 38a Oula dit qu'il est blasphématoire de dire à un endeuillé מאי אפשר למעבד (que peut on y faire). Oula préférait consoler en disant à un père qui a perdu sa fille que si vraiment elle était Ksheira et apte à avoir une bonne descendance c'est sûr qu'elle ne serait pas morte !
Ce que dit Oula m'est très étrange , tous les juifs et juives morts avant leur heure dans l'histoire ne méritaient pas de continuer à vivre ? Et Oula considère forcément que ce n'est pas blasphématoire de parler comme ça (puisqu'il critique le מאי אפשר למעבד)


Vous êtes plutôt d’accord avec moi du coup, si je comprends bien.
Vous voulez seulement une explication de Oula, mais vous êtes d’accord avec mon appréciation.
Donc tentons de comprendre Oula.

Tout d’abord, il faut noter que si Oula considérait que dire « Qu’y peut-on » sous-entendait que si on le pouvait on aurait agi contre D.ieu, n’est pas une analyse unanime, puisque les autres sages (les « Rabanan » cités et plus largement tous les Amoraïm de Bavel) disaient מאי אפשר למיעבד.

Ensuite, même si le Ramban (Torat Haadam, Shaar Haével) retient cette idée de Oula et que le Rama (Y’’D §376,2) la rapporte, ce n’est pas le cas du Rif ni du Rambam, ni du Rosh, ce qui amena le Yam Shel Shlomo (Baba Kama IV, §10) à repousser la position de Oula, la considérant comme erronée ; il ne faut pas voir un blasphème dans « Qu’y peut-on », cela ne signifie pas que l’on aille à l’encontre de la volonté divine, pas plus que lorsqu’on prie avant le décès du malade pour son rétablissement (où là aussi on pourrait, en suivant la logique de Oula, se dire que si la personne est assez méritante ou qu’il sortira d’elle quelque chose ou quelqu’un de positif, D.ieu la guérira).
Il prouve aussi de l’expression de David sans Shmouel (II, 12,23) que ce n’est pas à considérer comme un blasphème.

Des A’haronim (Taz, Pit’hei Tshoua et Baer Heitev Y’’D §376, sk.1) viennent défendre le Rama et repousser le Yam Shel Shlomo.

Cependant, il semble que tout dépende de l’intention que l’on donne à la phrase « Qu’y peut-on ». Dans le cas où l’intention est de dire qu’on ne peut plus rien pour le sauver car s'il est déjà mort, c’est que c’est la volonté de D.ieu et qu’il faut donc accepter le décret divin, il n’y a aucun problème.

Par contre, bien entendu, si « Qu’y peut-on » sous-entend l’inverse, qu’on dit qu’on ne peut rien faire pour contrer la volonté divine, c’est condamnable.

Ce qui fait que cette ma’hloket qu’il y avait entre Oula et les Rabanan de Bavel, c’est que ces derniers ne voyaient pas de sous-entendu blasphématoire au fait de dire « Qu’y peut-on ».

Voilà, je pense, pourquoi le Rif et le Rambam n’ont pas rapporté de halakha sur ce point, tout simplement car il n’y a pas de halakha fixe sur l’interprétation à donner aux mots « Qu’y peut-on ». Il faut les juger en fonction du contexte, de la langue et de l’époque, et bien entendu, s’ils sont blasphématoires, il faudra les bannir.

Il y a dans les Likoutei Maharil (§68) une remarque du Maharil interdisant de dire, à propos d’un juif, même kasher et grand Talmid ‘Hakham, « j’ai de la peine qu’il soit mort » (צר לי על מיתתו), car cela semble s’opposer à la décision de D.ieu qu’il faut accepter.

Je trouve cela très étonnant.
D’abord, quelle différence avec toute la notion de deuil, les Hespédim etc. ? Va-t-on interdire à un endeuillé d’être triste ?
Et quelle différence avec ce qu’a dit David (Shmouel II, 1,26) צר לי עליך אחי יהונתן ?
Le Yaabets dans ses remarques sur le Maharil écrit que le Maharil a oublié ce passouk !

Tout ceci est bien étrange, et je suppose qu’il faut savoir remettre les choses dans leur contexte respectif. La même phrase peut changer de sens en fonction des mentalités, du langage, des habitudes.


Quant à la formulation de Oula revenant à dire « ton enfant était un rasha duquel rien de bon n’allait sortir », elle parait cruelle et totalement contraire à l’esprit du Ni’houm Aveilim. C’est d’ailleurs ce que souligne le Yam Shel Shlomo (op cit).

Cette question pourrait se résoudre en fonction de ce qu’expliquent les commentateurs, voyez le Iyoun Yaakov.

On pourrait aussi imaginer que la fille de Rav Shmouel Bar Yehouda (dont il est question dans ce texte de Baba Kama 38a) était très jeune et que Oula lui disait donc qu’on ne sait pas ce qui adviendra d’un bébé et il faut avoir confiance en D.ieu que s’il devait sortir quelque-chose ou quelqu’un de positif de cette enfant, D.ieu aurait prolongé sa vie.
En l’imaginant encore bébé, on fait l’économie d’un jugement négatif découlant des propos de Oula. Dire la même chose sur un enfant plus âgé signifie critiquer le Niftar, alors que si c’est encore un bébé, cela allège un peu l’aspect Zilzoul.


PS: je ne me relis pas sur ces cinq derniers messages, veuillez excuser les fautes, merci.
Montrer les messages depuis:
Voir le sujet suivant Voir le sujet précédent
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum