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L'étude de la Guemara

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elie55
Messages: 36
Chalom rav,

je voulais savoir à quoi sert l'étude de la Guemara ? Je comprend que l'étude de la halaha, du moussar et de la pensée juive nous permette d'évoluer dans la pratique des mitsvot et spirituellement, d'avancer dans la torah, mais la Guemara en quoi nous permet elle de nous rapprocher d'achem.

Si c'est juste pour comprendre comment on en est arrivé à la halaha ça voudrait dire qu'elle n'a aucun impact sur mon quotidien et sur le service de D..(à part pour les dayanim qui eux doivent connaître toutes les logiques pour trancher).

Chavoua tov
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Je cite:
Citation:

je voulais savoir à quoi sert l'étude de la Guemara ? ...Si c'est juste pour comprendre comment on en est arrivé à la halaha ça voudrait dire qu'elle n'a aucun impact sur mon quotidien et sur le service de D...


Excellente question, parfaitement formulée!
et voici l'excellente réponse:
C'est précisément le contraire!
C'est grâce à l'étude de la Gmara et à l'analyse du cheminement qui mène à la halakha, que l'on peut arriver à vivre pleinement les mitsvot.

Il est impossible de pratiquer parfaitement les mitsvot sans connaitre la gmara.
Je ne dis pas que l'on ne puisse pas s'appliquer à une orthopraxie rigoureuse par la simple étude (approfondie et minutieuse) de la halakha, mais je dis que ce qui nous rapproche de D.ieu dans l'accomplissement des mitsvot repose essentiellement sur notre compréhension des origines et des raisons de chaque mitsva.

Celui qui va apprendre parfaitement la halakha et connaîtra le Shoul'han Aroukh par cœur, avec tous les commentateurs qui l'accompagnent, pourra certes "pratiquer les actions mitsvatiques", mais il ne pourra pas encore "vivre les mitsvot" pleinement au point de "comprendre D.ieu" et s'attacher à Lui à travers elles.

Le Maharal va jusqu'à écrire (Netivot Olam Netiv Hatorah, §XV) que D.eiu préfèrera celui qui est "possek" à travers sa connaissance du Shas, plutôt que celui qui se réfère à un livre de Halakha comme le Rambam (ou le Shoul'han Aroukh), même si ce dernier est probablement détenteur d'une conclusion de la souguia plus juste que celui qui a pu établir son propre psak depuis la gmara (car qui irait se mesurer au Rambam?).

(inutile, mais nécessaire tout de même de préciser qu'il ne parle que d'une personne qui s'est donné les moyens d'être possek à travers le shas. Nous ne parlons pas d'un rigolo qui ne l'aurait même pas lu une seule fois et voudrait jouer au possek en herbe et déclarer son désaccord avec le Rambam ou le Shoul'han Aroukh...)

L'idée est que le but n'est pas (seulement) d'arriver à la bonne conclusion du Shas pour "pratiquer" la halakha. Il faut aussi "vivre" cette halakha et ça passe par la connaissance du cheminement qui aboutit à cette halakha.

Voilà déjà une raison pour laquelle le Shas n'a pas été rédigé sous forme de code comme le Shoul'han Aroukh...

Voyez encore ce que j'écris ici:
http://techouvot.com/se_fixer_son_propre_psak_halaha_et_faut_il_croire_a_la_magie-vt17185.html

et là:
http://techouvot.com/ben_adam_lehavero_et_la_nouvelle_religion_alaha-vt16913.html
Maverick
Messages: 32
Cher Rav,

Dans ce cas pourquoi la femme n'est pas astreinte à l'étude de la guemara ?

Si je suis votre raisonnement, qui a priori s'applique aux hommes comme aux femmes, une femme qui n'étudie pas la guemara ne pourra pas "vivre les mitsvot".
C'est fort dommageable pour la transmission spirituelle dont la femme est la garante !

Kol touv
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Bonne remarque !
et voici la bonne réponse : les Sages n’ont pas astreint les femmes à l’étude du Talmud, car elles vivaient et étaient –à cette époque- comme une partie de leur mari, toute leur pratique était liée à leur mari et selon sa compréhension.

En fait, ils ne faisaient qu’un.
Voilà pourquoi, le « développement spirituel indépendant » des femmes n’était pas vraiment un sujet qui les préoccupait.
Certes les femmes étaient moins spirituelles, mais elles étaient beaucoup plus rattachées au spirituel par le vécu.

De toutes façon, à cette époque, les femmes du monde étaient quasiment toutes illettrées, les Sages n’espéraient pas des femmes juives plus que d’êtres fidèles à la tradition et de s’occuper de leurs enfants et du foyer.

De nos jours, où de plus en plus de femmes juives ne s’occupent plus tellement du foyer (parfois ni même vraiment des enfants) et qu’elles sont toutes lettrées et instruites autant que les hommes (du moins en sciences séculières), il est en effet légitime de se demander si cette exemption des Sages aurait été édictée à une époque comme la nôtre.

De manière générale, toutes les exemptions de Mitsvot (Mitsvot positives dépendantes du temps) concernant les femmes, quoi que parfois habillées d’une Drasha, sont comprises par les Rishonim comme étant une résultante de leur rôle chronophage dans la gestion du foyer et de la famille.

C’est afin de rendre les femmes totalement disponibles et opérationnelles pour les tâches ménagères et les responsabilités familiales, que les Sages les ont exemptées de plusieurs Mitsvot (même si parfois, la mitsva étant trop importante pour les en dispenser, les Sages ont fixé une obligation dérogatoire sous justification du style de « Af Hen Hayou Beoto Hanes »).

On pourrait aussi s’interroger sur le bien fondé d’une telle exemption de nos jours, lorsque dans un couple le mari s’occupe autant du foyer que la femme et que les tâches ménagères sont partagées.
Pourquoi la femme serait dispensée des mitsvot dépendantes du temps, si son temps n’est pas plus réservé que celui de son mari pour les besoins des enfants ?
Devrait-on dispenser un mari des mitsvot lorsque c’est la femme qui travaille et que le mari est homme au foyer ?

Sur le plan halakhique, non.
Ces obligations ont été fixées et les Sages n’ont pas établi de distinctions pour ces cas.
Et même si le mari au foyer et la femme qui travaille 14h par jour n’enfreignent pas nécessairement un péché en cela, les obligations religieuses restent les mêmes au niveau de la « halakha ».

Toutefois, au niveau de la « hashkafa », il ne faut pas perdre de vue la raison d’être de l’exemption.

Ainsi, on ne s’étonnera pas de voir des rabbins dès le XXème siècle se montrer beaucoup plus permissifs concernant l’étude des femmes (comme le Rabbi de Loubavitsh et beaucoup d’autres) .
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