Le message de Clémentine ayant apparemment intéressé beaucoup de monde, je me permets d’ajouter mon petit grain de sel, et même si elle-même (Michèle) ne lira peut-être pas ce que j’écris ici, cela servira toujours aux autres internautes.
Le point que je vais tâcher de mettre au clair est en quoi et pourquoi la démarche de Clémentine pourtant polie et respectueuse, au moins à ses débuts, dérange dès son début. Ou en d’autres mots, en quoi consiste, à mon avis, « l’erreur de Clémentine » qui à rendu aux yeux de tant, ses propos déplacés.
Clémentine avoue après plusieurs messages être agnostique, et ne pas savoir si D… existe ou pas. Sa démarche initiale de recherche comparative entre les religions, était donc mue non pas par une recherche de la vérité, mais par une sorte de but qu’elle s’était fixé : démonter que toutes les religions se valent, et donc, surtout, bien qu’elle ne le dise pas franchement, démontrer que toutes les religions ne valent pas grand-chose.
Pourquoi est-ce que je considère ses propos comme une affirmation que les religions ne valent pas grand-chose ? D’abord, simplement parce que parler de religion, sans être convaincu même de l’existence de D… signifie que l’on prend la religion comme une simple idée, comme quelque chose qui s’apparenterait plus à de la poésie qu’à la réalité.
D… n’est qu’une hypothèse, mais en on parle quand même. Pourquoi ? Parce que cela nous plait. Parce que c’est joli, comme la poésie. C’est tout. Il n’y aurait donc dans la religion rien de réellement consistant.
Pour Clémentine, ce qui apparait, c’est que le principal c’est d’être gentil, rien d’autre. Alors les religions doivent inciter à cela. Et nous sommes d’accord avec elle sur ce point. Mais aussi, elle pense en fait qu’en dehors de la gentillesse il n’y a rien à chercher de roboratif dans la religion.
Cette façon de chercher à rabaisser la religion aux seules valeurs humaines, à en minimiser la portée, à en modérer les exigences, à en réduire le contenu aux seules choses que nous avons le cœur d’entendre, à en atténuer la portée, et à en amoindrir l’importance, à l’évider pour n’y laisser que ce que nous nous étions fixé au départ, n’est pas nouvelle.
Je me permets de reprendre le passage du talmud cité plus haut par un internaute, pour mieux mettre en valeur certains points : Un non juif vint voir Chamaï, et lui dit « Je désire me convertir au judaïsme, mais à condition que l’on m’enseigne toute la Tora le temps que je tienne sur un pied. » Chamaï le fit chasser. Le non juif se rendit alors chez Hilel et lui tint le même discours, Hilel lui répondit « Ce que tu déteste ne le fait pas à autrui. Voilà toute la Tora, quand au reste c’est l’explication de ce précepte, vas donc l’étudier. »
Ce passage est trop souvent lu de façon trop simplette. Si Hilel avait raison, alors pourquoi Chamaï a-t-il chassé le candidat à la conversion ? Et que signifie « le reste est l’explication de ce principe » ? Le Chabbat, la circoncision et tant de préceptes de la Tora sont vraiment l’explication de « ne pas faire aux autres ce que l’on aime pas soi même » ?
En fait il est impossible de réduire la Tora à une unique recommandation, ne soyons pas bête. Chamaï à donc réagit logiquement. Hilel lui a été malin. Tu désires apprendre toute la Tora d’un coup, en une phrase ? Et bien en voilà une phrase issue de la Tora, et qui de surplus va te plaire, mais sache que si cette phrase te semble toute simple, la Tora elle ne se résume pas qu’à ta compréhension de cette phrase, il y a tout le reste, qu’il te faudra apprendre. Hilel en utilisant un principe d’après lequel il est possible de redévelopper toute la Tora en partant de l’un de ses préceptes, a habillement fait comprendre à son interlocuteur qu’il n’est pas possible de s’attacher à une partie de la Tora au détriment du reste. La Tora c’est un tout, comme l’avait exprimé Chamaï, à sa façon.
Ensuite, Clémentine affirme qu’il ne peut y avoir de religion qui soit plus vraie que les autres. Sinon dit-elle, cela signifierait que tout le monde se trompe, ce qu’elle considère impensable. Pour un argument considéré en philosophie comme fallacieux (pour reprendre ses propres propos) en voilà un beau. Et de plus au contraire, il ne peut y avoir qu’une seule religion qui ait raison, puisque toutes se contredisent sur bien des points fondamentaux.
Mais en fait, ici aussi Clémentine fait preuve de son agnosticisme. Puisque pour elle D… n’existe pas « sérieusement », alors il est ridicule de parler de suprématie en matière de religion. Existe-t-il une poésie meilleure que toutes les autres ?
Par contre, pour nous, la Tora est la vérité. Il nous est donc de loin plus agréable de nous lancer dans un débat philosophique cherchant à déterminer, face aux autres croyants, quelle est la véritable religion, que dans une étude comparative sur les occurrences de telle ou telle idée à travers les religions. Pourquoi ? Parce que la première démarche sous entends qu’il existe une vérité ; nous sommes prêts à la chercher. La seconde affirmant que les religions sont comparables, sous entends que toutes les religions se valent, et affirme donc en fait qu’en valeur absolue aucune ne vaut rien. Puisque toutes se contredisent quelque part, le fait même de vouloir les comparer, de chercher à les voir se « réconcilier » est une façon de dire que les contradictions en ce qui concerne la religion ce n’est rien de grave, et ce simplement parce que la religion elle-même ce n’est pas si sérieux que ça…
Voilà Clémentine, et voilà ce qui dérange dans sa démarche.
Je n’ose pas le dire, mais la pensée m’effleure tout de même. Si Clémentine a eu droit à un accueil favorable sur les sites d’autres religions, c’est peut-être parce que pour les adeptes de ces religions, leur propre croyance ne dépasse pas celle de l’agnostique moyen, comme pour Clémentine, œcuméniste, adepte du Bouddhisme Zen, mais inévitablement au fond d’elle, agnostique.