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Suite à une discussion cette semaine avec un ami au sujet des lanières qui sont noires des 2 cotés, cette personne m a dit que si l avis du Rambam n avait pas été suivi à l époque, c était peut etre dû au coût que cela pouvait représenter que d avoir des lanières noires des 2 cotés vs noires juste à l extérieur. Je suis un peu sceptique mais peut être avez vous cet argument dans la littérature rabbinique.
Le
Rambam (hil. Tfilin III,14) écrit que c’est plus joli si le côté intérieur des lanières est aussi peint en noir. Mais il reconnait que la Halakha ne l’impose pas. C’est ce qui fait que le Minhag a toujours été de ne noircir qu’un côté, car le
Beit Yossef et le
Darkhei Moshé n'ont pas tenu compte de cette opinion du
Rambam.
Le
Arizal (Shaar Hakavanot cité dans Kol Yaakov §33,13) aussi était partisan des lanières noires des deux côtés.
Il y aura peut-être une différence entre le
Rambam et le
Arizal (si ce dernier ne se base pas exclusivement sur le Rambam), c’est que ceux qui veulent peindre leurs lanières des deux côtés afin de s’acquitter de la position du
Rambam, devraient peut-être aussi peindre le dessous des batim ! (cf.
Méir Oz II, §33, p.461).
Certains
(Kesset Hassofer §23,2) veulent dire que l’épaisseur des lanières devrait elle aussi être noire.
Selon cette idée, cette habitude de noircir le dessous de la lanière peut avoir un avantage supplémentaire à l’idée du Rambam, car ça permettrait d’assurer la noirceur de l’épaisseur.
Je ne sais pas d’où sortirait cette nécessité concernant l’épaisseur des Retsouot. Même sur « l’épaisseur » de la Ktsitsa ça n’est pas évident. Un ami djerbien m’a certifié qu’en Tunisie, encore dans les années 50, les côtés des Batim (de la Titoura) n’étaient pas peints, seuls le dessus et le cube l’étaient.
Il y a aussi des textes desquels on pourrait comprendre qu'il est nécessaire de peindre les retsouot des deux côtés, voir
Shibolei Haleket (Inian Tfilin daf 192b) et
Or Zaroua (§564), mais le
Talmud (Mena’hot 35a) dit clairement que ce n’est pas nécessaire. Et les Tsadikim des générations passées ne semblaient pas se soucier de suivre ce
Arizal. Cf.
Tshouvot Vehanhagot (II, §22) et
Ot ‘Haim Veshalom (§33, sk.2).
Je ne connais pas cette justification liée au coût que vous mentionnez, elle a certainement pu exister puisqu’il n’y a aucune sorte d’obligation de noircir le dessous des lanières
(mais si ça avait été pris en compte dans la halakha, ne serait-ce qu'en tant que Hidour, on ne se serait pas arrêté à ce point pour des raisons pécuniaires).
La position du
Rav Wozner (Shevet Halévi IX, §16) est qu’après que le
Shoul’han Aroukh et le
Rama ne mentionnent pas un Hidour à noircir la lanière des deux côtés, la halakha ne tient pas compte de cette idée du
Rambam qui ne pourra aucunement faire l’objet d’une Horaa (indication halakhique à suivre).
Celui qui veut avoir des lanières noires des deux côtés le peut mais ce n’est pas à indiquer halakhiquement.
Rav Kanievsky ainsi que le
‘Hazon Ish y étaient opposés, pour eux, il ne faut pas peindre l’intérieur des lanières (cf.
Méir Oz II, §33, p.461), car le minhag indique que c’est le Din.
[Néanmoins, Rav Steinman y voyait l’avantage technique de la peinture plus résistante (je crois que c’est parce que ces lanières sont trempées dans la peinture et pas seulement recouvertes de peinture, ce qui fait que lorsque la peinture craquelle, dans les lanières classiques, ce n’est plus parfaitement noir, mais dans ces lanières si).]
Certains kabbalistes y tiennent malgré tout, et bien que le
Ben Ish ‘Haï (I, ‘Hayei Sarah §4) écrive, après avoir cité le
Shaar Hakavanot qui indique de noircir les deux côtés, que tel n’est pas le Minhag.