Citation:
Dans la Guemara Makot 20b est ramené un enseignement à propos de celui qui enlève des poils pendant Chabbath, Le Rivan sur olace précise qu'il faut dire Tana et non pas Tania :
Quelle est la différence entre les 2 ?
Il faut distinguer entre Tnan, Tania, Tanou Rabanan et Tana.
TNAN, c’est une Mishna.
[Il y a des exceptions, parfois on trouve Tnan sur une Brayta, voir
Baba Metsia (38b),
Horayot (5a),
‘Houlin (138a),
Bekhorot (38a),
Erouvin (10b),
Yoma (55a),
Mena’hot (70a),
Tosfot ‘Houlin (87b) ,
Tosfot Kidoushin (40a),
Tosfot Baba Metsia (119a),
Ramban Kidoushin (17b),
Rashba ‘Houlin (14a),
Rash sur Taharot (III, 2),
Ritva Souka (23b) et Yoma (61b) et Kidoushin (17b),
Yi’houssei Tanaïm VeAmoraïm (p.275),
Otsar Yad Ha’haim (§585),
Yad Malakhi (§97),
Yaabets Nedarim (50b -mais Cf.
Mishna Maasrot II, 8),
Rashash sur Baba Metsia (24a) et Shabbat (61a) et (83b),
Mitspé Eitan sur Kitsour Klalei Hamishna (fin de Brakhot) (sv. Ashka’han) et Mitspé Eitan sur Mena’hot (70a),
Massoret Hashas Nida (17a) et Horayot (5a) et ‘Houlin (87a),
Megadim ‘Hadashim sur Yoré Déa (Kountras Klalei Hashas, §IV, 13),
Kehilat Yaakov (Lashon ‘Hakhamim §522),
ainsi que
Klalei Hagmara Hanossafim du Rav Yossef Karo (§614) qui indique encore un
Ran dans
Baba Metsia.
(Voir encore
Klalei Hagmara Hanossafim (§496) où l’argument du
Tosfot est repoussé).
Pour expliquer le phénomène, on peut soutenir qu’une Brayta très connue ait été introduite par Tnan.
Voir encore le
‘Hida dans
Ayin Zokher (Beit §12 et §50 et Tav §23).
(voir cependant le
Kountras Hahashlama du Klaklei HaTalmoud de Rav Betsalel Ashkenazi (§2, 26, et 46) qui indique qu’une Brayta connue de tous est introduite par Tanou Rabanan -et non par Tnan).
Ou encore, une Brayta qui aurait une source dans une Mishna, pourrait elle aussi être introduite par un Tnan, voir
Mitspé Eitan sur Yoma (50a) et (55b).
En tout cas, on trouve que le Talmud appelle une Brayta « Mishna », cf.
Shabbat (123b),
‘Houlin (49b et 101b),
Rashi Shabbat (140b sv. idi),
tous cités dans et
Assaf Hamazkir (Mishna §3),
voir encore
Nida (25b),
Shabbat (123b),
Baba Metsia (33b),
Horayot (13b),
Baba Kama (94b),
Bekhorot (30b),
Shvouot (20a)
et Shita Mekoubetset Baba Kama (75b)
ainsi que
Tosfot Harosh Baba Kama (75b) et Shvouot (19b),
et Goufei Halakhot (§75)
(mais
Tosfot Shvouot 19b semble ignorer cette règle),
voir aussi
Rashbam Baba Batra (138a sv. Yorshin),
Rashash Shabbat (83b),
Rashash ‘Houlin (6a)
et Rashash sur Kohelet Raba (I, 37),
Klalei Hagmara Hanossafim (§688) au nom du
Sefer Hatsava (Mida 2),
Melekhet Yom Tov sur Mena’hot (9b),
Hagahot Rav Matityahou Shtrashun sur Baba Batra (6a) qui indique aussi
Rashi sur Yirmiya (L, 15), Daniel (VI, 9), Iyov (II, 8), Shir Hashirim (I, 17), Dvarim (XXXII, 5).]
TANIA, c’est une Brayta.
[Mais voir
Ayin Zokher (Beit §12) qui souligne qu’on trouve aussi Tania pour une Mishna.
Voir
Tosfot Souka (21a).
Voir
‘Houlin 104b où un Vehatania renvoie à une Mishna dans
Edouyot (V, 2) et
Rav Yeshaya Pik Berlin corrige en Vehatnan.
Plus encore, il arrive que le Talmud appelle une Mishna « Brayta » car elle est d’une autre Massekhet, cf.
Shita Mekoubetset Baba Kama (75b)
et Assaf Hamazkir (Brayta §3),
voir aussi
Rashash Nedarim (26a) et Ktouvot (6a),
Kitsour Klalei Hamishna (43b sv. Ashke’han),
Rashi Sanhedrin (48a sv. Azmenei),
Rashi Ktouvot (27a sv. Veha-ika),
Yessod Hamishna Vearikhata (Birourim XVI, note 4)]
(voir encore le
Shout Harivash §375 qui écrit que l’expression « Tanei » peut s’appliquer aux dires d’un Amora qui détenait une Brayta en ce sens.
Plus encore, on trouve Tania sur un Passouk ! cf.
Maharats ‘Hayes et Tsla’h sur Brakhot (7a).)
TANOU RABANAN, c’est une Brayta enseignée par plusieurs rabbins.
(Cf.
Shout du Rema de Fano (§25),
Guilyon Maharsha (début de Brakhot),
Kountras Hahashlama du Klaklei HaTalmoud de Rav Betsalel Ashkenazi §2, 26, et 46),
et Goufei Halakhot (§87).
Cependant, cette règle semble souffrir quelques exceptions, d’une part car une Brayta énoncée par un simple Tania pouvait aussi être connue de tous selon ce qui est indiqué dans le
Tosfot Mena’hot (6b), et d’autre part car même présentée par un Tanou Rabanan, il se peut qu’elle ne soit pas acceptée comme on le voit dans
Guitin (73a) ainsi que souligné par le
Yad Malakhi (§658), j’ajouterais aussi
Erouvin (19a) et Guitin (45a) où une Brayta introduite par un Tanou Rabanan n’était pas connue par tous les Amoraïm.
[J’indique au passage que ce qui est écrit dans le
Sefer Hakritout (‘helek 5 -Lashon Limoudim-, Shaar 3, §74) selon qui tout Tanou Rabanan ou Tania serait une Brayta tirée du Torat Cohanim (כל ת"ר או תניא ממנה אתה למד שהוא בתו"כ), est fort surprenant, car on trouve dans le Talmud des tas de contre-exemples.
Le
Yad Malakhi (§315) s’en est lui aussi étonné et il cite le
Rema de Fano qui nous a devancé en cela dans ses
Tshouvot (§25).
Le
Shla aussi cite le
Maharik au nom du
Kritout en rapportant cette déclaration insolite, et le
‘Havot Yaïr (Mar Kashisha fin de p.227) s’en étonne puisque les Braytot à propos des Dinei Mamonot et Ora’h ‘Haim et Yoré Déa ne trouvent pas toutes leur origine dans Vayikra
(le Mar Kashisha ne souligne pas avoir été devancé pour cet étonnement par le Rema (§25) alors qu’il cite ce responsum juste avant).
J’ai néanmoins vu que le
Rav Yossef Karo (Klalei Hagmara -Varsovie 1883, daf 3b sv. Ouma Shekatav) rapporte cette phrase avec une version différente : כל ת"ר או תניא ממנה אתה למד שהיא ברייתא .
Ce qui ne poserait plus problème, car il ne s’agirait plus d’en indiquer la source exclusivement dans le Torat Cohanim.
Cependant, dans la nouvelle édition du
Halikhot Olam (p.4 note 31) il est rapporté que la première édition du Klalei Hagmara du rav Karo portait la même version que ce que nous trouvons dans le
Sefer Hakritout, pointant le Torat Cohanim.
Il ne s’agirait donc que d’une correction ultérieure, mais le
Rav Karo lui-même n’aurait pas été choqué outre-mesure par les dires du
Sefer Hakritout tels qu’ils nous ont été retranscrits.
C’est bizarre.
Il faut aussi souligner que la phrase du
Sefer Hakritout elle-même semble indiquer qu’il y ait eu erreur de copie à un moment, le terme ממנה au singulier semble inapproprié et la tournure est étrange.
De plus, j’ai vu dans le
Seder Tanaïm VeAmoraïm (§66 -daf 59c dans le Shem Hagdolim II) une phrase trop ressemblante pour ne pas y voir une origine commune : וכל ברייתא שאינה בלשון ת"ר אלא בל' תניא ממנה אתה למד שהיא בת"כ.
Là, le mot ממנה au singulier est plus compréhensible et la tournure générale plus sensée.
Mais à la différence du
Kritout, il dit que seul Tania trouverait son origine dans Torat Cohanim, et non Tanou Rabanan.
Cela rend la chose un peu moins étonnante, bien que cela reste problématique en cela que nous trouvons aussi dans le Talmud l’expression Tania qui ne soit pas une Brayta du Torat Cohanim, le
‘Hida dans ses annotations (§14) le fait remarquer.]
Et enfin
TANA, c’est une Tossefta qui vient « ajouter à la Mishna ».
Cf.
Sefer Hakritout (‘helek 5 -Lashon Limoudim-, Shaar 3, §73),
Seder Tanaïm VeAmoraïm (§65),
Klalei Shmouel (§413)
et Halikhot Olam (Shaar 2, §22).
[Cependant, voir
Arim Nissi sur Yevamot (2b Tosfot sv. Veï Ata) qui écrit que Tana Debei R. Yishmael peut signifier une Meimra, un enseignement d’un Amora, au nom de R. Yishmael.
Voir encore
Or Torah (Tevet 5742, p.254) et Kountras Haklalim (Arim Nissi Yevamot p. 331, §41).]
Le
Yavin Shmoua (ad loc) indique que nous trouvons tout de même (dans
Yoma 79a) l’expression « Vetané Ala » sans qu’il ne s’agisse d’une Tossefta, mais simplement d’un raisonnement de la Gmara rapporté d’ailleurs.
Cependant, il se peut que ce soit une erreur de copiste, le texte initial ne comportait peut-être pas ces mots.
D’ailleurs, comme l’indique le
Rav Yeshaya Pik Berlin, le
Tosfot n’a pas ces mots dans sa Guirsa.
Toutefois, le
Maharshal (Makot 20b) n’a pas l’air d’accord avec cette explication du terme Tana, pour lui, la distinction entre Tana et Tania est que Tania signifie une Brayta qui se rapporte à ce qui précède, alors qu’on réserverait le vocable Tana pour introduire un nouvel enseignement.
Ledit enseignement (dans
Makot, sur lequel le
Rivan indique qu’il faut lire Tana) peut effectivement correspondre à une
Tossefta (Shabbat §10), mais ça ne serait pas ce qui justifierait l’utilisation du terme Tana.
Quoi qu’il en soit, il y a plusieurs fois la mention d’une Tossefta dans le Talmud et elle est introduite par un Tania.
[Nous trouvons même qu’elle le soit par un Tnan, cf.
Kidoushin (66b),
‘Houlin (87b),
Nida (17a),
Yi’houssei Tanaïm VeAmoraïm (p.275),
Rash sur Makhshirin (VI, 7),
Yad Malakhi (§97). ]
Voilà, j'ai été un peu long et n'ai pas la force de me relire, veuillez excuser les fautes.