Les « Gdolim » ne sont virulents que lorsqu’ils considèrent (à tort ou à raison) qu’il y a un danger de perversion du judaïsme.
Dans la Ma’hloket entre ‘Hassidim et Mitnagdim, ce sont ces derniers qui ont déclenché les hostilités car ils voyaient en ce nouveau mouvement une grande similitude avec le sabbataïsme qui avait tant coûté au judaïsme.
Les ‘Hassidim ont eux aussi malheureusement contribué à la bagarre, mais uniquement après avoir eu le sentiment d’être attaqués injustement et malmenés sans raison.
Mais ils n’ont pas commencé d’eux-mêmes les attaques car ils ne voyaient pas un danger pour le judaïsme dans le mouvement mitnaged, puisque tout mitnaged serait éventuellement amené à se « convertir » au ‘hassidisme.
De toute manière, les mitnagdim se comportaient comme tous les juifs depuis assez longtemps, ce sont les ‘hassidim qui ont apporté un changement par rapport à la tradition.
Pour le XXème siècle (et le XXIème), c’est pareil.
Les paroles virulentes n’étaient proférées que lorsque le rabbin virulent pensait qu’il y avait un danger spirituel extrêmement grave.
Vous me direz que chez les sfaradim on ne trouve pas cette véhémence, si des rabanim sfarades ont parfois levé un peu le ton, on est encore très loin de la fougue de la causticité ashkenaze.
C’est vrai, néanmoins c’est aussi peut-être pour cela que la Haskala –même à petite dose- a pu décimer les rangs des juifs pratiquants qui peuplaient encore majoritairement le Maghreb jusqu’à la fin du XIXème siècle.
Certes, ils ont (presque) tous gardé la foi (-tant qu’ils étaient encore au Maghreb, du moins), mais la pratique et l’étude se sont considérablement affaiblis.
Parallèlement, en contrées ashkenazes, les rabbins hurlaient et le peuple s’est partagé entre croyants et sceptiques –voire non-croyants, mais ceux qui respectaient la halakha l’acceptaient totalement, pas de « demi-mesure ».
Rav Méir Mazouz en fait l’éloge des sfaradim, mais on peut voir les choses d’un autre point de vue.
Rav Mazouz écrit dans son
Shout Mekor Nééman (I, §958) à tous ceux qui pensent que le système d’éducation et les yeshivot Ashkenazes serait meilleur que le système Sfarade, qu’ils réfléchissent au fait que sur les 2000 dernières années on ne trouve pas un seul sfarade anti-religieux qui haïrait la Torah, que la quasi-totalité des sfaradim est religieuse et traditionnaliste [
,que la Shoah a pratiquement épargné tous les sfaradim…(sans commentaire)] et qu’on ne trouve pas toute cette haine entre ‘hassidim, mitnagdim et non religieux dans les milieux sfarades.
[Ce n’est pas le sujet, mais le
Rav Mazouz semble ignorer que les ashkenazim israéliens ont contaminés leurs concitoyens sfaradim depuis pas mal d’années.
Nous trouvons malheureusement même chez des sfaradim -en Israël- la haine du religieux, le mépris de la Torah ou l’intolérance vis-à-vis des ‘hassidim etc.
Il y a malheureusement aussi des sfaradim athées.
Il est vrai que c’est assez nouveau chez eux, c’est pourquoi il y en a bien moins que chez les ashkenazim, mais dire qu’on n’en trouve « pas un seul » ne saurait être vrai -si ce n’est en voulant dire qu’on n’en trouve «
pas qu’un seul ».
Je ne reprends pas l’argument de la Shoah, on en a déjà parlé sur un autre post. Je reviens plutôt sur le point essentiel de ses dires :
]
Il est vrai que dans la haine Sfarade-Ashkenaze qui existe en Israël, ce sont les sfaradim les victimes et les ashkenazim les coupables, mais je ne saurais rattacher cela purement et uniquement à un système éducatif.
C’est la faiblesse du fort que d’être tenté de mépriser le faible ; des sfaradim, sans éducation séculière et souvent sans moyens financiers, sont arrivés en Israël (dans les années 50) après les ashkenazim et ces derniers les ont méprisés dès leur arrivée, en suivant l’exemple donné par
Golda Meyer qui a laissé une terrible phrase dans les annales de l’histoire de l’Etat d’Israël…
Il est fort probable que si c’eut été l’inverse, si les sfaradim étaient arrivés les premiers, s’ils avaient « créé » l’Etat d’Israël et que de pauvres et minoritaires ashkenazim les avaient par la suite rejoints, ils auraient subi le même sort de la part de leurs frères sfarades.
En fait, c’est même plus que « probable », c’est attesté :
Il y a 300 ans, le Yishouv à Jérusalem était composé d’une majorité sfarade. Les juifs israéliens (ou « palestiniens ») vivaient aux dépens des communautés européennes qui leur envoyaient des dons qu’ils se partageaient (la ‘halouka) selon les communautés.
La communauté ashkenaze , n’étant pas très nombreuse, se suffisait de ces dons reçus d’Europe par leurs pays d’origine, mais la communauté sfarade manquait d’argent.
Comme la totalité des dirigeants juifs de Jérusalem était sfarades, ils décidèrent d’imposer aux ashkenazim un impôt nettement plus élevé que celui des sfaradim.
Les ashkenazes ne pouvaient pas s’acquitter de cet impôt excessif et devaient donc emprunter de l’argent aux non-juifs à un taux de 20%, sommes qu’ils avaient un mal fou à rembourser… jusqu’à ce que la dette atteigne une somme colossale…
(voir
Toldot Hayehoudim Beerets Israel –Rabinovicz- Yaffo 1921, p.114)
Il est vrai que les ashkenazes israéliens sont féroces avec leurs voisins sfarades, mais je ne crois pas que les ashkenazim aient imposé de telles redevances aux sfarades au XXème siècle !
Où était « l’éducation sfarade » dont parle
rav Mazouz, supposée incompatible avec de telles perversions ?
De plus, le fait est qu’aujourd’hui, la majorité des grands Talmidei ‘Hakhamim ont été formés par des yeshivot ashkenazes…
C’est même l’avis du
Rav Ovadia Yossef, tel que me l’a confié son fils
Rav David Yossef, voilà pourquoi
ROY a tenu à envoyer ses enfants dans des yeshivot ashkenazes.
Le
Rav David Yossef (auteur du
Halakha Broura) m’a dit qu’il a fait toute sa scolarité et ses études dans des mosdot (établissements) ashkenazes, il n’a pas été formé dans une yeshiva sfarade.
Bref, je crois que l’observateur objectif dirait qu’il y a des points forts et des points faibles des deux côtés, voilà pourquoi je ne suis pas
Rav Mazouz sur cette critique du monde ashkenaze.
J’ajouterais encore ceci : La communauté d’Amsterdam a longtemps été constituée d’une kehila sfarade et d’une kehila ashkenaze.
Les sfarades étaient en fait (essentiellement) des portugais, souvent riches, alors que les ashkenazes n’étaient que de pauvres hères fuyant les persécutions et ayant abandonné toute fortune.
Ces pauvres réfugiés étaient rarement admis à résider à Amsterdam, car les juifs portugais tenaient à leur réputation et se voyaient mal cohabiter avec ces ashkenazes pauvres, incultes et superstitieux.
La caisse de charité pour les pauvres ashkenazes était donc utilisée pour leur donner une somme contre leur départ de la ville (une partie donnée sur place et l’autre à la destination fixée) !
On serait tenté de critiquer cette attitude sans pour autant y voir de la discrimination, car les pauvres sfarades étaient eux aussi repoussés, cependant, il faut noter que la somme offerte au pauvre sfarade pour rejoindre une autre contrée était de 70 florins, alors qu’un ashkenaze ne recevait que 4 florins ! (soit une somme 17 fois inférieure)
(Être juif à Amsterdam au temps de Spinoza p.60 –par Henry Méchoulan)
En 1642, le cimetière est interdit aux ashkenazes, ces derniers devront donc –malgré leur pauvreté- acheter un terrain pour enterrer leurs morts qui ne méritaient pas le voisinnage éternel de leurs coreligionnaires sfarades…
(Être juif à Amsterdam p.62)
Its’hak de Pinto, juif portugais, adressa des réflexions critiques à
Voltaire en 1762, dans lesquelles il lui reprochait d’associer [dans son dictionnaire philosophique] les juifs portugais à ceux qu’il (Voltaire) connaissait (=les ashkenazim)
(Autrement dit, il admettait implicitement tout le mal que dit Voltaire des juifs, tant qu’il ne parle que des juifs ashkenazes).
Dans cette missive, il mentionne qu’un juif portugais qui épouserait une ashkenaze, perdrait ses droits communautaires !
(Être juif à Amsterdam p.59)
C’est dire à quel point les sfarades ont su faire preuve de racisme eux aussi.
N’en déplaise à
Rabbi Méir Mazouz, je ne crois pas que les ashkenazes israéliens qu’il critique aient jamais interdit aux sfarades l’accès au cimetière.
(Sur les problèmes autour de l’intégration des sfaradim dans le milieu ashkenaze en Israël, voir les Kovtsim Shevet Vaam – « Kobets lebayot Mizoug Galouyot ». Le premier volume est paru en 1954.)
J’en reviens aux discordes rabbiniques entre ashkenazim.
Vous me direz, mais pourquoi donc ces rabanim ashkenazes se sentent-ils investis du saint devoir de dénoncer avec tant de fougue les rabbins qui leur déplaisent ?
Mais je vous retournerai la question : et que serait-il arrivé si les rabanim n’avaient pas été aussi virulents à l’encontre de
Shabtaï Tsvi ?
S’ils s’étaient contentés de considérer dans leur coin qu’ils n’adhèrent pas personnellement aux actions et aux thèses de ce « messie », sans le crier sur tous les toits, tout en imaginant avec délicatesse qu’il convient de laisser chacun mener sa Avodat Hashem comme il le sent et en se demandant avec humilité « au fond, qui suis-je pour le juger ? »…
Eh bien il se serait passé que nous serions aujourd’hui peut-être tous musulmans –ou autre chose.
Lorsque
Shabtaï Tsvi s’est converti à l’islam (en 1656), si les rabanim n’avaient pas assez « hurlé » leur désaccord au préalable, il aurait été évident aux yeux de tous que c’est le messie et si ce dernier commande au peuple de se convertir (ne serait-ce que par son propre choix), que serait-il advenu de la masse des juifs ?
Il est possible que si les rabanim l’avaient suivi, il ne se serait jamais converti à l’islam, on peut partir en conjectures sans fin, mais ce qui est clair c’est que finalement, tous les rabanim partisans du « vas-y molo » (qui considéraient ce pseudo-messie comme un juste ou au moins qui doutaient de la nécessité de lui mener la guerre) ont reconnu leur erreur d’avoir cru en
Shabtaï Tsvi.
Au départ, la majorité des rabanim le suivaient joyeusement, car il faut savoir qu’il était vraiment érudit, intelligent, perspicace, diplomate et capable d’enflammer les foules par ses discours.
Il est incontesté que
Shabtaï Tsvi a fait du ‘Hizouk et a fait faire Tshouva à beaucoup de juifs avec ses discours et sermons.
Ce n’est pas pour rien que tous ces rabanim lui faisaient confiance et que certains attaquaient férocement les rabanim opposants qui osaient proférer des critiques à l’encontre de «
Morénou Verabénou Hagaon Hatsadik He’hassid vekadosh Melekh Hamashia’h rabbi Shabtaï Tsvi » comme ils l’appelaient.
Comment ces opposants au Mashia’h peuvent-ils avoir les yeux bandés à ce point ?
Comment ne voient-ils pas la tsidkout du Melekh Ha-Mashia’h ?
Ne savent-ils pas qu’il fait revenir les juifs par myriades vers leur Père céleste, vers un meilleur accomplissement des mitsvot ?
(à l’époque, il n’y avait pas vraiment de juifs non-pratiquants dans les communautés, on ne pouvait pas parler de Tshouva totale, mais de renforcement vers un meilleur accomplissement des mistvot, plus zélé et sincère.)
Qu’il est entièrement dévoué à la bonne cause et totalement Paroush ?
Qu’il connait parfaitement le Talmud et le Zohar ?...
Nous devons notre salut et notre Torah aux Rabanim clairvoyants qui, à l’époque, ont vu avant tous les autres que ce « Rav Shabtaï Tsvi » n’était pas « Kasher ».
Et d’ailleurs il y avait des sfaradim dans cette guerre et parmi les pionniers de la critique anti-Tsvi, le
Rav Yaakov Sasportas et le
Rav Moshé ‘Haguiz par exemple.
Ce dernier a aussi mené une guerre musclée contre le
Ram’hal…
Bref, il y a eu dans le passé des sfaradim tels que
rav Mazouz n’ose les imaginer.
Voyez aussi ce que dit
R. Yaakov Edelstein (ce rav est décédé le jeudi 23 février 2017, à l’âge de 92 ans, son grand frère est le fameux R. Guershon Edelstein, actuel Rosh Yeshivat Ponovez qui fût mon maître et qui est considéré depuis peu comme « The » Gadol, depuis le décès de Rav Steinman), il écrit (il y a 56 ans, dans un article sur les relations entre religieux et non-religieux en Israël, dans
Shana Beshana 1962, p.249 et 250) que les sfaradim prétendent souvent être plus patients avec les non-religieux que les ashkenazim qui s’illustrent bruyamment lors des manifestations pour le shabbat ainsi que lors du débat autour de la question de la nature de l’identité juive en Israël.
Rav Edelstein présente les choses autrement, selon lui, l’éducation sfarade est plus traditionnelle que Halakhique ; on aura du mal un trouver un sfarade qui se déclare officiellement non-religieux, mais leur sentiment religieux ne les pousse pas à agir sur le « territoire public ».
Toutefois, précise-t-il, cela ne concerne qu’une partie des sfaradim, l’autre partie rassemble des sfaradim qui considèrent qu’ils se doivent d’être actifs pour le maintien de la religion dans le pays et nous avons bien constaté que des organismes comme le « Brit Hakanaïm », composé de sfaradim religieux formés par les yeshivot sfarades, ne reculent devant rien.
Le Brit Hakanaïm est même allé jusqu’à brûler des taxis qui travaillent le shabbat ( !) et mettre le feu aux boucheries qui vendent de la viande Treifa…
(A cette époque, Rav Mazouz n’était pas encore arrivé en Israël. Il n’a quitté la Tunisie que vers 1973.)
J’en conclus que
Rabbi Méir Mazouz qui assure que - grâce à leur éducation, les sfaradim, toujours calmes et pacifistes, ne commettent jamais des excès de cet ordre, se trompe bien.
Durant la seconde moitié du XXème siècle, les rabanim virulents envers d’autres sont surtout le
Rabbi de Satmar qui attaquait très férocement le
Rabbi de Loubavitch, puis le
Rav Shakh qui attaquait lui aussi le même
Rabbi de Loubavitch.
Les "petites" tensions entre différents groupes ‘hassidiques n’étaient pas aussi dramatiques.
Somme toute, presque tous les groupes ‘hassidiques acceptent de marier entre eux leurs enfants, c’est signe que les dissensions ne sont pas si sérieuses.
Les (véritables) Loubavitch eux, ne se marient généralement pas avec d’autres juifs, même ‘hassidiques, ils se marient entre ‘habad seulement. Je crois qu’il en va de même pour les Satmar qui ne se marient qu’entre eux aussi.
Les rabanim qui n’ont rien dit contre ‘habad mais qui n’en pensaient pas moins tout en s’en dédouanant car
Rav Shakh et le
rabbi de Satmar s’en chargeaient, sont nombreux.
Voir le sefer
Al Hagueoula Veal Hatmoura (p.105 et suivantes) où sont cités plusieurs rabanim plus ou moins opposés au mouvement ‘Habad actuel ou au dernier
rabbi de Loubavitch, qui auraient laissé échapper quelques phrases en ce sens.
Parmi eux :
Le Brisker Rov,
Le ‘Hazon Ish,
Rav Elyashiv,
Rav Nissim Karélits,
Rav S.Z. Auerbach (qui regretta la lettre de bons souhaits d’anniversaire qu’il avait envoyée au Rabbi suite aux demandes de ‘hassidim de ‘habad)
R. Yaakov Landau,
Le Rabbi de Bobov,
R. Aharon Kotler,
R. Its’hak Hutner,
R. Ye’hezkel Avramsky,
Rav Kanievsky (le Steipler),
R. ‘Haim Shmoulevitz,
Le Rabbi de Ozrov,
Le Rabbi de Strikov,
Le rabbi de Gour (le Beit Israel),
R. Kamenetsky,
Et bien sûr le
Rabbi de Satmar (R. Yoel Teitelbaum) et le
Rav Shakh.
On pourrait allonger cette liste considérablement, mais ce n’est pas nécessaire.
Et puisqu’il faut mentionner des sfaradim dans cette histoire, j’ai aussi entendu
Rav Ovadia Yossef critiquer gravement le
Rabbi de Loubavitch (même s’il a aussi dit l’inverse ( !) à une délégation de ‘Hassidei Loubavitch, à laquelle il a vanté les points positifs du Rabbi).
Ce dossier est particulièrement sensible et surtout mal compris.
Je ne pense pas pouvoir expliquer convenablement et clairement pour tous la position des rabanim opposés au
rabbi de Loubavitch, ni celle du
Rabbi de Loubavitch.
Ça serait long et laborieux et de mon expérience sur
Techouvot, ça éveille des passions chez des internautes tout autant incapables de garder leur sang froid que de lire convenablement un post.
Il est néanmoins nécessaire et positif de ne pas étouffer la vérité, il faut savoir qu’il y a eu des Ma’hlokot dans le klal Israël et il est malhonnête et malsain de vouloir les dissimuler.
Pour conclure :
Les Gdolei Israel ne cherchent pas à multiplier les Ma’hlokot, mais à pointer les dangers spirituels. Ils n’ont d’autre choix que de se fier à leur estimation de ce qui peut représenter un danger (après consultation et concertation avec d’autres collègues bien entendu).
On ne peut malheureusement pas dire qu’ils aient tous toujours été d’accord sur tout, mais les violentes dissensions sont rares, celle à l’encontre du 7ème
Rabbi de Loubavitch est la plus connue des dernières décennies, dans la seconde moitié du XXème siècle.
Une autre Ma’hloket terrible a cours actuellement en Israël, elle devrait bientôt prendre fin –nous l’espérons- car l’un des protagonistes (
Rav Shmouel Auerbach) est Niftar récemment (il était opposé à
Rav Steinman, Rav Edelstein, Rav ‘Haim Kanievsky et beaucoup d’autres).
Nous ne connaissons pas encore la suite, mais cette Ma’hloket a déjà fait pas mal de dégâts et pourrait un jour –je crois- se voir décerner la palme de la Ma’hloket la plus stupide de l’histoire du Klal Israël tant les enjeux revêtaient un caractère ridicule.
Heureusement, cette discorde n’a pas dépassé les frontières d’Erets Israël.
Les grands Rabanim des USA ont envoyé une lettre aux grands Rabanim d’Israël, dans laquelle ils leur ont demandé de tout mettre en œuvre pour faire cesser cette Ma’holket dévastatrice de Rou’hniout et génératrice de ‘Hilloul Hashem. (voir ici :
https://mobile.kikar.co.il/abroad/article/146821 )
Ça n’a rien donné.
Il semblerait (-à ce qu’on m’a dit) que les Rabanim d’Israël se soient formalisés et qu’ils aient mal pris cette prétentieuse requête.
L’ambiance générale de mépris vis-à-vis des Rabanim américains qui règne en Israël y est peut-être pour quelque chose…
Quand on pense que tous les Rabanim américains ne sont que de petits étudiants, il est difficile de ne pas se sentir agacé par leur intrusion dans « la cours des grands ».
Il y a aussi eu une grande ma’hloket autour de
rav Kook, mais c’était dans la première moitié du XXème siècle.
[Avant cela aussi, il y en a eu, comme au XVIIIème siècle celle du
Yaabets contre
rav Eibeschütz, ou encore le
Gaon de Vilna et le
Baal Hatanya, ainsi que plusieurs rabanim contre le
Ram’hal...
Au XVIIème siècle, les partisans de
Shabtaï Tsvi contre ses opposants.
Au XVIème s. la ma’hloket contre
R. Yaakov Pollack,
au XIIIème s. contre le
Rambam…].
On ne peut pas éviter ces désaccords et ils sont parfois indispensables au maintien du judaïsme
(notamment dans l’opposition à Shabtaï Tsvi par une MINORITE des rabanim au départ… Sans eux, il n’y aurait probablement plus de judaïsme aujourd’hui.)
La sagesse consiste à savoir RESTER A SA PLACE et ne pas se sentir constamment investi d’un ordre divin de clamer tout haut ce que certains pensent, afin de faire régner le « emet ».
Lorsque deux rabanim sont en désaccord, avant de vouloir s’en mêler, il conviendrait de tenter de se hisser (au moins) au niveau de leurs chevilles.
Bien après la ma’hloket entre
Rav Eibeschütz et le
Yaabets, on a considéré qu’ils furent tous deux des tsadikim.
Un élève demanda alors à son rav : « comment est-il possible qu’il y ait eu tous ces dégâts sans que personne n’atterrisse au Guehinom ? ».
Le rav répondit que chacun des deux tsadikim est au Gan Eden, mais que leurs adeptes virulents (sous prétexte « Leshem Shamayim ») –eux, sont au Guehinom !
Le fait de défendre une bonne cause ne suffit pas à justifier toute prise de position (active) dans une Ma'hloket.
Encore faut-il que cette démarche soit motivée réellement par de bonnes midot…
Le
Rav Yossef de Posen, gendre du
Noda Biyehouda, à la fin de son testament
(Tsavaa imprimée en 1882 au début de son Responsa Zikhron Sheérit Yossef http://www.hebrewbooks.org/pdfpager.aspx?req=6700&st=&pgnum=8 ) demande instamment à ses enfants de ne participer à aucune ma’hloket, de ne donner raison à aucun côté, de ne se lier à aucun côté (plus que l’autre), mais de rechercher la paix et D.ieu vous enverra ses bienfaits pour une longue vie heureuse et en paix.
(De nombreux autres Rabanim demandent à leurs enfants dans le cadre de leur Tsavaa
(testament) de ne pas se mêler à une Ma’hloket, citons par exemple le
Shla –cf. Otsar Israel IX, p.16.)
Conclusion (plus courte cette fois) :
Il faut savoir critiquer le mal et l’erreur, mais il faut rechercher la paix et laisser aux rabanim le soin d’écarter ce qui nécessite de l’être.
PS: ce post est très long et j'ai été interrompu à de multiples reprises dans sa rédaction
(-interruptions qui demandaient d'y plonger la tête et l'esprit), j'espère que cela ne casse pas trop le fil conducteur et que le lecteur s'y retrouvera, je n'ai pas la possibilité de me relire, je crains les fautes de frappe et d'orthographe et je crains aussi qu'il y ait des phrases obscures ou des liens énigmatiques entre deux idées.
Bref, je demande la clémence du public.