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différence entre Bor et Beèr

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bohbot
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kavod harav,
y a t'il une différence entre le puit dans la parachat vayechev écri "bor" (avec un vav ) et celui de yaacov "béer" (avec un hé)
Rav Binyamin Wattenberg
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Citation:
y a t'il une différence entre le puit dans la parachat vayechev écri "bor" (avec un vav ) et celui de yaacov "béer" (avec un hé)


Vous vouliez dire Beèr avec un ALEF (pas un Hé).

Vous demandez quelle différence entre Beèr et Bor si les deux veulent dire puits.
C’est une bonne question.

Il faut souligner que le Bor de Vayeshev dont vous parlez, c’est celui de Yossef, et il ne contenait pas d’eau.
La différence parait donc simple, le Bor c’est un trou dans la terre et le Beèr c’est un puits.

Cependant, nous trouvons aussi le terme de Bor pour parler d’un puits, il faut donc trouver une autre distinction, plus fine, entre les deux vocables.

Et nous l’avons ! voyez Erouvin (18a) et Rashi (sv. Bor et sv. Beèr) : Bor signifie une citerne, un trou dans lequel de l’eau est regroupée. Tandis que Beèr signifie un puits naturellement alimenté d’eau (par une nappe phréatique), « Beèr Mayim ‘Hayim ».

Voyez encore (en ce sens) Avoda Zara (19a), Zohar (I, 60a) et (I, 235a), Mishlei (5,15) et Rashi, Ibn Ezra, Metsoudat Tsion et Malbim (ad Mishlei). Voyez aussi le Malbim sur Shmini (§144) et dans son Yaïr Or (Beit §1).

Ainsi, dans le monde des Remazim, le « Beèr » est positif, il indique le renouveau (l’eau qui se renouvelle en lui), et donc la Tshouva (cf. ‘Homat Anakh Toldot §10 -daf 16d) ou encore le Guer (qui se renouvelle) (cf. Rabénou Be’hayei Toldot 26,15) [Guer et Beèr se rejoignant aussi par l’isopséphie], ainsi que la sainteté et le Beit Hamikdash (cf. Rabénou Be’hayei Vayetsé 29,2). Tandis que « Bor » est négatif et est plutôt utilisé comme Rémez pour la Sitra A’hra (Zohar I, 6b).

Voyez encore ‘Hotam Tokhnit (‘helek 2, shaar 1 -Amsterdam 1865, p.72), Goufei Halakhot (§84), Erkhei Hakinouyim (Halpern) (daf 12a col.2) et Roua’h Neéman (8b) qui suivent ce distinguo.
[Et voyez le Radak dans ses Shorashim.]

C’est pourquoi certains linguistes rattachent Beèr à Baer/Biour (explication), car celui qui apporte l’explication est comparé au puits qui abreuve les champs.
Mais R.I.B. Levinzohn (alias Ribal 1788-1860) (Shorshei Levanon, sv. Bir -Vilna 1841, p24, note) n’est pas d’accord et voit le Alef de Baer באר comme un Alef se substituant à la consonne doublée (selon une règle grammaticale) et le mot serait donc Barer ברר ce qui signifie clarifier, distinguer.

Il devait l’ignorer, mais il a été devancé par R. Shlomo Papenheim dans son ‘Heshek Shlomo (Breslau 1802 daf 34a col.2) [seules les lettres Alef et Beit ont été imprimées du vivant de l’auteur en 1802 (il est décédé en 1814), mais notre regretté Rabbi Moshé Tsuriel-Weiss a publié le sefer dans son intégralité, à partir du manuscrit de l’auteur, en 2018 (notre passage s’y trouve p.106)].

Toutefois, le ‘Heshek Shlomo, par la suite (p.107), écrit que Biour(/Baer) aussi vient de la même racine, de ברר.
C-à-d que de la racine BRR nous avons Beèr tout comme Baer ; le puits est lié à BRR car il faut trier et séparer la terre de l’eau (qui sont mélangés avant que l’on creuse le puits), et l’explication est liée à BRR car c’est aussi un tri entre l’erreur et le vrai.

J’indique au passage que Rav Papenheim explique quant à lui la différence entre Beèr et Bor en disant que ce dernier est une réalisation non professionnelle, alors que le Beèr est creusé et conçu de manière professionnelle.
Dans un autre de ses livres, Yeriot Shlomo (‘Helek 3, ‘Hovéret 11, Yeria 54 -éd. de Rav Tsuriel, Mossad Harav Kook, Jér.2018, p.863-864) il explique un peu plus, que le Bor ne doit pas nécessairement être rempli d’eau, on peut y stocker des céréales etc. Aussi, l’eau du Bor y arrive par le haut, alors que le Beèr se remplit de par la terre. Ce qui reprend le distinguo mentionné plus haut.

Il y a aussi dans Hatorah Vahatalmoud (I, p.89) (R. David Golomb) cette distinction : le Bor contient de l’eau vaseuse et mélangée à la terre, alors que le Beèr contient de l’eau limpide et claire.


J’ajouterais encore à propos de la Mishna de Avot (3,1) de Akavia ben Mahalalel :
עקביא בן מהללאל אומר, הסתכל בשלשה דברים ואי אתה בא לידי עברה. דע מאין באת, ולאן אתה הולך, ולפני מי אתה עתיד לתן דין וחשבון. מאין באת, מטפה סרוחה, ולאן אתה הולך, למקום עפר רמה ותולעה. ולפני מי אתה עתיד לתן דין וחשבון, לפני מלך מלכי המלכים הקדוש ברוך הוא
que nous trouvons dans le Midrash Vayikra Raba (18,1) et dans le Yeroushalmi Sotah (II,2) un rappel de ces trois points par une lecture détournée du Passouk de Kohélet (12,1) וזכור את בוראך que l’on peut lire de 3 manières :
Beèrkha (ton Beèr, ta source),
Borekha (ton Bor, ta tombe),
Borakha (ton Créateur),
qui rappellent les 3 points de la Mishna.

Nous voyons donc de nouveau que Beèr est une notion de source alors que Bor indique le creux dans le sol comme une tombe.

PS: ne pouvant pas me relire, je demande la clémence des lecteurs pour les fautes.
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