Citation:
Doit-on rendre le smartphone non filtré perdu de son ami ?
J’ai déjà entendu des gens dire que des rabanim indiquent de ne PAS le rendre, mais plutôt de le casser, de le détruire, de l’anéantir et de le brûler
(et de disperser les cendres dans le désert ou à la Mer morte), le tout en récitant le Leshem Yi’houd approprié.
Je ne comprends pas du tout cette position.
Il y a une Mitsva Min Hatorah de Hashavat Aveida, le fait qu’il soit possible de transgresser un Issour avec l’objet restitué n’est pas de nature à annuler la Mitsva.
Celui qui trouve un stylo devrait-il craindre qu’en le restituant à son propriétaire cela lui permettrait d’écrire à Shabbat ?
Vous me direz : «
oui, mais avec le stylo, on peut aussi en faire un usage autorisé (=en semaine) », je vous répondrais qu’avec un smartphone on peut aussi (parait-il) passer simplement un coup de fil.
Si on trouve un couteau, faut-il craindre que son propriétaire aille assassiner son voisin avec ?
Qu’on me dise qu’en restituant l’objet, il faille faire une remontrance au propriétaire, lui indiquer qu’il conviendrait d’y mettre un filtre, ou similaire, ça irait encore. Mais ne pas le rendre ? Le détruire ?! C’est agir comme un vandale.
Et de quel droit le détruire ?
Si la motivation était vraiment
(-quoi qu’erronée-) Leshem Shamayim, il aurait fallu le vendre à un non-juif et donner la somme au juif qui l’a perdu.
CQFD et Ka Mashma Lan réunis.
(Je sais qu’ils répondront que dans la mesure où il n’y a pas de Mitsva de Hashava, il n’est pas non plus nécessaire de lui restituer la somme correspondante. Ça se discute, mais j’ai mieux à dire : ils devraient quand même le vendre au non-juif et empocher la somme, sans quoi, en le détruisant, il y a un issour de Bal Tash’hit 😊.)
Je devine que ces rabbins se basent sur la Gmara
Baba Kama (80b) où Rav interdit de posséder un chat dangereux
(suite à un drame où un tel chat avait arraché les mains d’un bébé non surveillé) et qu’il n’est pas concerné par la Mitsva de Hashavat Aveida et qu’au contraire, il convient de le tuer et ça n’est pas du vol.
Cette Halakha se retrouve dans le
Rambam (Hil. Gzeila VeAveida §XVI, 15) et dans le
Shoul’han Aroukh (H’’M §266, 4) qui dit qu’il ne faut pas rendre un chat dangereux qui attaque les enfants, car c’est Assour de le posséder/garder chez soi, mais qu’il convient de le tuer pour éviter qu’il fasse d’autres victimes. חתול רע שמזיק לקטנים אין צריך להשיבו לבעלים אלא כל המוצאו הורגו וזוכה בעורו
Ces Rabanim en déduisent donc qu’il en va de même pour le smartphone qu’il est interdit de posséder, on le détruira sans pitié -
Oubiarta Hara Mikirbekha.
J’en suis étonné et je n’arrive pas à leur donner raison ; il y a une distinction énorme : le chat dangereux
(met d’autres gens en danger, et il) opère par sa propre volonté (=même si son propriétaire lui interdit de manger des enfants, il ne se gênera pas pour continuer).
Alors que le smartphone
(ne met en danger spirituel que son propriétaire et) peut parfaitement être dirigé par son propriétaire.
S’il décide d’y installer un filtre (ou ne l’utiliser que pour téléphoner), il le peut.
En d’autres termes, le smartphone n’est pas un danger «
malgré l’homme », il ne l’est que si la personne qui le possède souhaite l’utiliser négativement
(et donc c’est un peu comme le couteau qui peut assassiner et le stylo qui peut écrire à Shabbat. Le fait qu’il y ait généralement plus de Yetser Hara d’utiliser négativement le smartphone que le stylo n’est pas en mesure d’annuler la Mitsva de Hashavat Aveida).
[Il y a aussi le cas de celui qui trouve un Shtar ‘Hov avec Ribit, qu’on ne rendra pas, mais il faudra le déchirer. C’est dans la
Tossefta (Baba Metsia V, 23) et dans le
Rama (Y’’D §161, 11).
Là aussi, même si ça dépendra de la volonté de l’homme
(le propriétaire peut ne pas réclamer l’argent etc.), il a déjà fait son choix, cette volonté semble déjà toute indiquée, car il n’y a pas vraiment d’utilisation Ksheira à un tel Shtar, lorsqu’il l’a établi, il a fermement décidé de commettre un péché. Par contre, un smartphone peut être utilisé sans commettre aucun péché.]
Pour essayer d’expliquer ces « rabanim interdisant de rendre le smartphone »
(qui semblent s’être trompés comme des enfants), je dirais qu’ils doivent considérer qu’il y a comme une sorte de Takana de tous les Rabanim de la génération interdisant la simple possession d’un smartphone non filtré, et par conséquent, même si la personne ne commet aucun péché avec, il est tout de même en infraction.
C’est peut-être ce qui les amène à comparer ça au cas du chat féroce.
Je dirais donc, afin de ne pas empiéter sur les plates-bandes des rabanim israéliens
(comment le pourrais-je ? d’ailleurs), que ce qu’ils disent est peut-être « vrai » en Israël
(bien qu’il ne manque pas de rabanim, en Israël aussi, qui imposent de rendre le smartphone trouvé).
Mais en France, ne pas rendre un smartphone ne me semble pas du tout un accomplissement de la volonté de D.ieu, mais, au contraire, un éloignement du bon sens et par conséquent un véritable ‘Hiloul Hashem.
Voilà, il y a peut-être de éléments qui m’échappent, des arguments qui imposent de détruire le smartphone
(mais si c’est ainsi, pourquoi ne pas aller le détruire chez son voisin, sans attendre qu’il le perde ?), dans ce cas, qu’on me les indique.
J’ai répondu en fonction de ce que je comprends, sans aucune prétention vis-à-vis des rabbins israéliens qui prônent la destruction des ces appareils, que ceux qui se reconnaissent en leur enseignement les suivent, de mon côté, je dis ce qui me semble vrai et juste, même si c’est impopulaire dans les milieux religieux où la Kanaout fait gagner ses lettres de noblesse aux rabbins s’en parant.
[PS : comme je subodore que certains Kanaïm vont se dire que je suis tolérant par Neguiot, je précise que je n’utilise pas de smartphone, j’ai un téléphone sans internet. Néanmoins, si je trouve un smartphone, je le rends à son propriétaire.]