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...je suis très curieux de voir et de comprendre comment par la force d'un livre un homme (Hitler) a réussi à convaincre des populations entières à une telle barbarie, où est la conscience de l'homme? et comment peut-on faire ça en masse... sans que personne ne remette en question son prochain? Il est évident que le "secret" est caché dans son oeuvre, Mein Kampf.
Cette curiosité me pousse à ouvrir ce livre et de lire son contenu.
D'un autre coté je me dit que si ce livre à convaincu une génération à la barbarie, il risque de me convaincre aussi, au moins un petit peu...
Qu'en pensez-vous?
(je reprécise, ce sujet m'intéresse vraiment, pour moi c'est de la magie ce qu'il a fait, ou plutôt de la sorcellerie...)
Tout d’abord, je ne pense pas qu’il ait convaincu tout son peuple que ces barbaries étaient nécessaires, peuple qui ignorait pas mal l’ampleur des cruautés infligées aux « ennemis du Reich ».
Ils se doutaient que ce n’était pas le Club Med, mais peu d’allemands « du peuple » auraient pu assister à une journée à l’intérieur d’un camp d’extermination en restant inflexibles.
Le bras séculier qui se chargeait de la basse besogne était essentiellement recruté dans les prisons, des repris de justice, des criminels, des assassins.
Pour les dirigeants (qui eux, étaient mieux renseignés), certains étaient en effet convaincus par ce livre ou part les discours de son auteur, mais il y a des criminels et des cinglés partout, même en dehors des prisons.
Il y avait aussi la situation de crise, l’humiliation du peuple suite à la défaite de la Grande Guerre, le chômage, etc., etc.
En période de crise, lorsque rien ne va, le peuple a tendance à élire des psychopathes pour le diriger, car ces gens-là savent se montrer convaincants et ne reculent devant rien.
Ils créent une émulation et une sorte d’effervescence avec leurs discours enflammés, ce qui fait que les moins futés (et moins riches) tombent souvent dans le panneau -et comme ces derniers constituent généralement la majorité du suffrage, c’est quasi-gagné.
[Je souligne au passage que les discours grand public et électrisants de ces psychopathes ont un point commun: ils parlent toujours en hurlant, ils ne savent pas parler calmement et présenter des idées sagement.
C'est parce qu'ils s'adressent à la partie animale de l'homme et non à son intellect.
C'est un élément qui mérite d'être souligné, car il n'est hélas plus rare de nos jours d'entendre des discours prononcés sur ce ton au lieu d'être présentés avec intelligence et discernement, même parmi les cours de Torah. Je ne les mettrais pas tous dans le même sac, mais parfois ces vociférations sont fort désagréables et incommodantes.]
Il faut aussi mettre en évidence qu’il y avait des allemands opposés au régime nazi, ceux qui l’ont fait savoir ont dû fuir, ou ont été déportés avec les juifs et les tziganes, certains sont restés plus discrets sur leurs convictions, tout en essayant de résister moralement.
Mais votre question devrait avant tout être posée à un historien ou un sociologue, pas à un rabbin.
J’ignore beaucoup de choses sur tout ça, comment vous répondre avec clarté et assurance ?
Je ne peux que vous donner un ressenti, il est cependant possible qu’il me manque tout un pan ou un aspect de l’histoire qui remettrait les choses en perspective. Mais comme ce n’est pas halakhique, je me lance quand même, et si un historien trouve que je dis des âneries, qu’il veuille bien nous en faire part, je lui en serai reconnaissant.
Voici donc mon ressenti : l’homme peut dégringoler très bas (moralement parlant) tant que la chute se fait par étapes. Un peu dans l’esprit de
Aveira Goréret Aveira.
Si du jour au lendemain on demande à quelqu’un de tuer son voisin, ou d’accepter qu’on le tue, il n’y arrivera pas (à part pour les détraqués et autres tarés, je parle d’un type normal).
Mais si on commence à accuser ce voisin de tous les maux du pays, puis on diffuse des pamphlets démontrant que c’est l’ennemi de tous, puis on applique des mesures discriminatoires à son encontre, puis on les étend, puis on les augmente, puis on les aggrave, puis on s’en prend à ses biens, puis etc…, à la fin, au bout d’un moment, notre citoyen normal (ni trop sage ni trop méchant) pourra fermer les yeux pendant qu’on trucide son voisin.
Voilà comment la lecture d’un livre peut participer à égarer les « honnêtes gens ».
Imaginez à présent le même travail dans le sens inverse, vers la Kdousha et la Tsidkout, vers la bonté et le ‘Hessed !
Demander à un « citoyen normal » d’exceller en Kdousha, en mitsvot, en ‘hessed, etc., mais de le faire du jour au lendemain, ça lui paraîtra impossible (d’atteindre un tel niveau).
Mais si ce citoyen normal utilise la même méthode dirigée vers le positif et l’altruisme, en s’habituant à penser du BIEN de son voisin, à l’aider et le bénir à chaque occasion, dire du bien de lui, tout en faisant la bonté sienne par la lecture quotidienne d’ouvrages de Moussar, au bout d’un moment, ce qui lui paraissait hors de portée lui sera possible et facile d’accès.
(ce que j’écris concernant le ‘hessed peut se transposer sur d’autres mitsvot aussi).
(Par manque de force je ne me relis pas, entschuldigung für die fehler.)