Il est étrange de constater que le verset : « Et au jour des prémices, quand vous offrirez une oblation nouvelle à Hachem, dans vos semaines, il y aura pour vous une convocation de sainteté, aucun travail de service ne ferez » Bamidbar 28, 26), par lequel commence l’énoncé des sacrifices à offrir lors de la fête de Chavou‘oth, n’en fixe pas la date, contrairement à toutes les autres fêtes de notre calendrier (Pessa‘h : le quatorzième jour du premier mois [Bamidbar 28, 14] – Roch hachana : le premier jour du septième mois [29, 1] – Yom kippour : le dix du même mois [29, 7] – Soukoth : le quinzième jour du septième mois [29, 12]).
La Tora se contente ici de désigner la fête de Chavou‘oth comme le « jour des prémices », sans aucune indication quant à sa position dans le calendrier.
Nous savons, il est vrai, que « les enfants d’Israël sont arrivés au désert de Sinaï pendant le troisième mois de leur sortie d’Egypte » (Chemoth 19, 1), de sorte que l’on peut affirmer, sans risque d’erreur, que le don de la Tora a eu lieu au mois de siwan.
Cependant, le texte ne nous fournit aucune précision sur le jour du mois où a eu lieu cette arrivée. D’autre part, la Guemara (Chabbath 86b) n’indique pas de manière irréfutable si le don de la Tora a eu lieu le 6 ou le 7 siwan.
En outre, comme le fait observer un Midrach (Yalqout Chim‘oni Chemoth 18) rapporté par Rachi (ad Chemoth 19, 1), « le verset aurait dû porter : « ce jour-“là” » (hahou) ! Pourquoi : « ce jour-“ci” » (hazè) ? Pour que les paroles de la Tora te soient toujours aussi neuves que si elles t’avaient été données aujourd’hui même » (Chabbath 86b).
On peut donc dire que la dénomination de la fête de Chavou‘oth, telle qu’elle est inscrite dans notre paracha, a voulu nous signifier que le don de la Tora, et donc la fête qui en constitue la commémoration, se situent hors du temps mesurable. Cette fête ne nous convie pas à célébrer un événement passé définitivement révolu, comme cela fut le cas, par exemple, pour la sortie d’Egypte, mais c’est aujourd’hui même et chaque jour, comme l’indique Devarim 5, 3, que nous devons nous considérer comme ayant bénéficié de ce don.